PLANCHE 28.
THESEE ET LE CENTAUBE,
PAR A. I. BARYE.
C'BST un beau groupe en bronze, oxyde d'une maniere tres-artistique, d'environ trois pieds
de long a la base, representant le beros Thesee attaquant le centaure Bienor; episode de la
celebre bataille entre les Lapitbes et les Oentaures, que Parrbasius a peint et qui a ete sculpte
sur la grande frise du temple du Jupiter Olympien et de celui d'Apollon a Bassa, ainsi que
pour les metopes du Parthenon a Atbenes par Pbidias. Ce groupe se fait remarquer par un
cacbet parfaitement bien rendu de l'antique. Tbesee s'etant precipite sur le centaure, a reussi
a monter sur le dos du monstre; d'une main il tire en arriere la tete de Bienor, et de 1'autre
il se prepare a, lui donner un coup mortel avec une courte massue. Le cbancellement du monstre,
le craquement des branches du sapin, l'anatomie et 1'expression des deux figures,—tout est
rendu avec force et avec vigueur. Le groupe original appartient au musee du departement do
la Loire.
Antoine Louis Barye, officier de la Legion d'Honneur, est ne a Paris en 1796. La liste
suivante de ses principales oeuvres montre la grande fecondite de son genie. II tient la plus
baute place parmi les sculpteurs qui ont specialement consacre leur talent a la reproduction des
animaux; nous avons de lui: les deux lions du jardin des Tuileries; les aigles du pont de Jena;
les lions et les oiseaux de la colonne de Juillet; le jaguar devorant un lievre, au palais du
Luxembourg; et le tigre tuant une gazelle, au ministere de l'interieur; les figures emblematiques de
Sainte Olotilde, a l'eglise de la Madeleine; les quatre groupes qui decorent le pavilion Denon au
Louvre, representant la Force, l'Ordre, la Paix et la Guerre; et, enfin, les figures allegoriques des
Arts et des Sciences, sur le fronton du pavilion de l'Horloge, au centre de la facade des Tuileries.
Outre ces sculptures qui servent a orner les edifices publics, M. Barye est l'auteur d'environ
150 modeles en bronze, embrassant toute espece de sujets, depuis le genre classique jusqu'aux
ornements les plus ordinaires, — et toutes ces ceuvres portent le cacbet d'un talent de premier
ordre. IJn critique francais moderne, M. J. J. Arnoux, en parlant du groupe de Tbesee et du
centaure, rend ainsi bomage au genie de Barye: — " Dans cette derniere oeuvre, qui surpasse d'une
maniere si remarquable tout ce qu'il a produit depuis ces derniers vingt ans, Barye a mis en
requisition toutes les ricbesses de son genie, et a prouve au plus incredule qu'il connait la forme
bumaine aussi parfaitement que celle du lion ou du taureau. II a eu a bitter contre un souvenir
embarrassant: les metopes qui ornent le Musee Britannique; il s'est tire de cette difficulte en
envisageant le sujet sous un nouveau point de vue. Son groupe n'a rien de commun avec les
fragments apportcs a Londres par lord Elgin. Le centaure de M. Barye, dans ses mouvements
et dans sa forme, differe entierement de la tradition grecque, sans, cependant, y etre oppose en
principe. L'auteur a pris ses inspirations de la nature et s'est applique a reprocluire tous les
details qu'il avait observes. II a compris qu'il ne pouvait, sans s'exposer au reproche de temerite,
cbercber a reproduire en rond les bauts reliefs sculptes par Pbidias, qui, dans leur perfection,
ne permettent pas meme a nos premiers sculpteurs d'en approcber. G'est par le mouvement
energique des figures, exprime avec la plus grande bardiesse, que M. Barye excite notre interet; la
nouveaute de son oeuvre, dont le dessin est habilement concu et courageusement execute, merite
l'approbation des connaisseurs. La tete du centaure, pressee par la main puissante de Tbesee,
baletant convulsivement et menacee de la massue prete a, descendre, est un traitement entierement
nouveau du sujet, et qui merite les plus grands eloges. Ce n'est qu'un sculpteur de premier
ordre qui pouvait concevoir un tel groupe et l'executer avec une si grande vigueur. Oeux qui,
jusqu'a, present, ont refuse de reconnaitre a M. Barye un autre talent que celui d'un sculpteur
de genre, seront maintenant certainement obliges de renoncer a leur opinion, et d'admettre que
le sculpteur d'un tel groupe peut, quand il le veut, reussir dans les sujets les plus difficiles.
Combien y a-t-il parmi nos professeurs qui seraient capables de produire une oeuvre digne d'etre
comparee a celle de Tbesee et du centaure Bienor ? "
THESEE ET LE CENTAUBE,
PAR A. I. BARYE.
C'BST un beau groupe en bronze, oxyde d'une maniere tres-artistique, d'environ trois pieds
de long a la base, representant le beros Thesee attaquant le centaure Bienor; episode de la
celebre bataille entre les Lapitbes et les Oentaures, que Parrbasius a peint et qui a ete sculpte
sur la grande frise du temple du Jupiter Olympien et de celui d'Apollon a Bassa, ainsi que
pour les metopes du Parthenon a Atbenes par Pbidias. Ce groupe se fait remarquer par un
cacbet parfaitement bien rendu de l'antique. Tbesee s'etant precipite sur le centaure, a reussi
a monter sur le dos du monstre; d'une main il tire en arriere la tete de Bienor, et de 1'autre
il se prepare a, lui donner un coup mortel avec une courte massue. Le cbancellement du monstre,
le craquement des branches du sapin, l'anatomie et 1'expression des deux figures,—tout est
rendu avec force et avec vigueur. Le groupe original appartient au musee du departement do
la Loire.
Antoine Louis Barye, officier de la Legion d'Honneur, est ne a Paris en 1796. La liste
suivante de ses principales oeuvres montre la grande fecondite de son genie. II tient la plus
baute place parmi les sculpteurs qui ont specialement consacre leur talent a la reproduction des
animaux; nous avons de lui: les deux lions du jardin des Tuileries; les aigles du pont de Jena;
les lions et les oiseaux de la colonne de Juillet; le jaguar devorant un lievre, au palais du
Luxembourg; et le tigre tuant une gazelle, au ministere de l'interieur; les figures emblematiques de
Sainte Olotilde, a l'eglise de la Madeleine; les quatre groupes qui decorent le pavilion Denon au
Louvre, representant la Force, l'Ordre, la Paix et la Guerre; et, enfin, les figures allegoriques des
Arts et des Sciences, sur le fronton du pavilion de l'Horloge, au centre de la facade des Tuileries.
Outre ces sculptures qui servent a orner les edifices publics, M. Barye est l'auteur d'environ
150 modeles en bronze, embrassant toute espece de sujets, depuis le genre classique jusqu'aux
ornements les plus ordinaires, — et toutes ces ceuvres portent le cacbet d'un talent de premier
ordre. IJn critique francais moderne, M. J. J. Arnoux, en parlant du groupe de Tbesee et du
centaure, rend ainsi bomage au genie de Barye: — " Dans cette derniere oeuvre, qui surpasse d'une
maniere si remarquable tout ce qu'il a produit depuis ces derniers vingt ans, Barye a mis en
requisition toutes les ricbesses de son genie, et a prouve au plus incredule qu'il connait la forme
bumaine aussi parfaitement que celle du lion ou du taureau. II a eu a bitter contre un souvenir
embarrassant: les metopes qui ornent le Musee Britannique; il s'est tire de cette difficulte en
envisageant le sujet sous un nouveau point de vue. Son groupe n'a rien de commun avec les
fragments apportcs a Londres par lord Elgin. Le centaure de M. Barye, dans ses mouvements
et dans sa forme, differe entierement de la tradition grecque, sans, cependant, y etre oppose en
principe. L'auteur a pris ses inspirations de la nature et s'est applique a reprocluire tous les
details qu'il avait observes. II a compris qu'il ne pouvait, sans s'exposer au reproche de temerite,
cbercber a reproduire en rond les bauts reliefs sculptes par Pbidias, qui, dans leur perfection,
ne permettent pas meme a nos premiers sculpteurs d'en approcber. G'est par le mouvement
energique des figures, exprime avec la plus grande bardiesse, que M. Barye excite notre interet; la
nouveaute de son oeuvre, dont le dessin est habilement concu et courageusement execute, merite
l'approbation des connaisseurs. La tete du centaure, pressee par la main puissante de Tbesee,
baletant convulsivement et menacee de la massue prete a, descendre, est un traitement entierement
nouveau du sujet, et qui merite les plus grands eloges. Ce n'est qu'un sculpteur de premier
ordre qui pouvait concevoir un tel groupe et l'executer avec une si grande vigueur. Oeux qui,
jusqu'a, present, ont refuse de reconnaitre a M. Barye un autre talent que celui d'un sculpteur
de genre, seront maintenant certainement obliges de renoncer a leur opinion, et d'admettre que
le sculpteur d'un tel groupe peut, quand il le veut, reussir dans les sujets les plus difficiles.
Combien y a-t-il parmi nos professeurs qui seraient capables de produire une oeuvre digne d'etre
comparee a celle de Tbesee et du centaure Bienor ? "