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https://doi.org/10.11588/diglit.1397#0111
PLANCHE 29.
OEFEYRERIE DANOISE.
A coupe de come, la premiere des pieces illustrees dans la planche ci-contre, a ete executee
-*~^ par J. G. Schwartz & fils, de Copenliague, sur les dessins de M. C. Peters, sculpteur. Elle
est faite de corne de taureau, admirablernent montee en ivoire sculpte, et incrustee d'nn dessin
delicat en filigrane d'or. Les quatre bassi-relievi representent des passages de l'histoire de Sigurth
Fafnersbane et de Brynhild, tires des anciennes sagas, ou traditions islandaises, savoir: Sigurth
tuant Fafnir le dragon; Sigurth jurant fidelity a Brynhild; Sigurth traversant les flammes pour
arriver a Brynhild; la vengeance de Brynhild; et la mort de Sigurth. O'est le prince Napoleon
qui s'est rendu acquereur de cette oeuvre remarquable et reellement artistique, au prix de £80.
Le poignard, long d'environ quinze pouces, a ete fait pour le roi de Danemark, par Julius
Didrichsen, orfevre de Copenhague. Les lions du Danemark en formaient la garde, au-dessous de
laquelle on voyait, de chaque cote, un medallion contenant le monogramme du roi et un camee.
Le bouton de la poignee etait egalement orne d'un beau camee. Le fourreau, en velours vert,
etait enrichi de charmantes arabesques d'or.
Le beau plateau en argent galvanoplastique a ete envoye par M. Caspar Moller, fabricant
a, Copenhague. On y voyait la Tentation d'Eve, Cain et Abel, des sujets de la vie de Jesus-Christ,
les emblemes des evangelistes, et, au centre, se trouvait le Bapteme du Christ. Les differentes
figures etaient en bas-relief et blanchies sur un fond brim.
Tous ces objets sont excellents; mais la coupe en corne possede, outre sa valeur artistique,
le merite d'une originalite frappante, grace au dessinateur, qui a su mettre a profit, clans les
ornements, les ressources des legendes nationales. Nous applaudissons de tout cceur a ce choix
judicieux, et nous felicitons Messieurs Peters & Schwartz d'avoir produit un des plus beaux
exemples de l'art decoratif qu'il y eut a l'Exposition.
" Le Danemark brille comme un astre au milieu de l'industrie du Nord," dit le rapporteur,
classe 33, 1862. " II a reproduit fidelement les types superbes des joyaux runiques qui se trouvent
parmi les tremors de ses musees; et ses ceuvres constatent que le bon gout et le dessin sont
cultiv^s et encourages a Copenhague."
Les cornes des animaux ont ete employees comme coupes a boire depuis les temps les plus
recules. lis etaient en usage parmi les Grrecs et les Bornains; et on en voit des reproductions
dans les dessins du Virgile au Vatican, qui datent du 4Sme siecle, et dans les manuscrits de
Prudentius, qui se trouvent au Musee Britannique et remontent au 9cme siecle, ainsi que dans un
calendrier anglo-saxon du 9Sme siecle, qui fait partie de la collection cotonienne. • II en est fait
mention dans un couplet chante, au 8™e siecle, par le roi Bagnar Lodbrok le Danois, oil il y a
ce passage: "Assis dans l'habitation somptueuse des dieux, nous boirons de la biere dans des
cornes courbees."
On conserve d'ailleurs, dans plusieurs musees, un grand nombre de cornes de morse et autres.
Ainsi, on peut voir, au musee de Toulouse, une corne remarquable, appelee la corne de Poland;
plusieurs cornes semblables, aux musees de la societe des Antiquaires, d'Edimbourg; la corne
d'Ulphus a York; la corne du clan Clephane, appartenant au marquis de Northampton; les cornes
conservees dans les musees nationaux de Paris, de Berlin, de Vienne, de Dresde, de Munich, etc.;
et ajoutons meme, qu'il n'y a guere de collection en Europe qui ne contienne un exemple de ces
pieces remarquables. Ces specimens sont tous sculptes en bas-relief, representant des sujets de
chasse ou de guerre, entremeles de griffons, de sphinx, de feuillages et d'ornements entrelaces, et
trahissent une origine commune et une source semi-orientale.
Nous ne saurions, cependant, affirmer que les cornes enumerees ci-dessus eussent servi de
coupes a boire. II est meme plus probable qu'elles ne servaient que de cors de chasse ou de
gages de tenure de chasse. Mais on conserve, dans differents endroits, bon nombre de veritables
cornes a boire. Ce sont generalement des cornes de boeuf, et consequemment courbees; elles sont
montees sur un piedestal fait d'argent ou de quelque autre metal, et pourvues d'un couvercle.
Telles sont, la belle corne de Queen's College, Oxford; les cornes de la collection Ambras a Vienne;
et la grande corne, montee en argent cisele, de la corporation d'Amsterdam. Une corne semblable,
mais dans le style gothique, se voit sur une peinture de l'ecole de Wohlgemuth, dans la galerie
de la chapelle du chateau de Nuremberg. La corne de notre illustration appartient au meme
genre. O'est tout un art que de boire dans une de ces cornes courbees; et le novice inexperimente"
court le risque de s'eclabousser la figure, a moins d'etre initie au secret de manier ces sortes de
coupes.
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