PLANCIIE 95.
PISTOLETS BEIGES ET ANGLAIS.
TpN regardant notre illustration, on verra, au premier coup-d'oeil, toute la difference qu'il y a
-*-^ entre l'ouvrage beige et l'ouvrage anglais, au point de vue artistique; cependant, les pistolets
anglais que nous avons choisis, etaient bien les meilleurs que nous pussions trouver! Nos
armuriers ne feraient pas mal de profiter des lecons de leurs voisins du continent, et d'apprendre
a combiner un style de decoration plus eleve avec la perfection de leur travail, dont la superiorite
est incontestable. Quand on considere l'importance de la fabrication des armes-a-feu dans ce
pays, il parait etonnant qu'on n'y mette pas plus de soin a l'egard de la decoration. Nous
voulons admettre que leurs armes-a-feu sont de la meilleure trempe, parfaitement balancees,
justes, soigneusement executees dans tous les details, et excellentes pour l'usage; mais toutes ces
qualites ne suffisent pas,—il en faut encore une autre, sans laquelle le public de nos jours ne
sera pas satisfait, et cette autre qualite — c'est le bon gout: quelques ornements, appliques
judicieusement, sont souvent d'un effet merveilleux, sans qu'il soit necessaire d'encombrer un
pistolet d'une profusion de sculptures et de ciselures. En resume, nos fabricants ne sauraient
mettre en avant grande pretension quant aux armes de luxe, et dans les armes pour service, ils
trouveront, de la part des armuriers beiges, une concurrence serieuse.
, Les armes-a-feu de M. Jansen, de Bruxelles, surtout, nous out frappes par leur excellence et
leur beaute. Le pistolet qu'il a fait pour le due de Brabant, et destine a un cadeau pour feu le
vice-roi d'Egypte, etait un des pistolets les mieux dessines que nous ayons vus: e'etait un
revolver se cliargeant par la culasse, avec une crosse droite en argent, ornee d'arabesques d'or
et garnie de bijoux. Du reste, il n'y avait a l'Exposition que tres-peu de pays qui ne nous
aient eclipses pour les armes de luxe. L'Bspagne avait une collection riclie d'armes de toute
sorte, damasquinees et ciselees. Quant a, la France, nous n'avons qu'a nommer les Devisme,
Eenette, Lepage-Moutier pour prouver qu'elle regnait supreme pour les armes de luxe. La
Russie avait envoye une collection d'armes du Oaucase, uniques dans leur genre. L'ltalie etait
bien representee par quelques pieces de Milan et de Naples, parfaitement decorees. La Turquie
a expose quelques specimens richement damasquines. Les armes indiennes etaient des modeles
de bon gout; en un mot, tous les pays etaient represented dans la classe 11, par des objets plus
ou moins remarquables pour leur valeur artistique.
Nous trouvons dans la " Pallas armata " de Sir James Turner, que le pistolet a ete invente
a Pistoia, en Toscane, par Oamillo Vitelli; tandis que Prenzel, dans son excellent " Guide pour le
Musee liistorique, Dresde," nous informe, que c'est a Perugia qu'on a invente le pistolet, et qu'a Pistoia
on n'a fait que le perfectionner. M. de la Noue, qui a ecrit du temps de Henri VIII d'Angleterre,
dit que " les Betters ont, les premiers, mis en usage le .pistolet, arme fort dangereuse quand elle
est bien maniee." Ces Betters etaient des cavaliers allemands, qui avaient adopte les pistolets a la
place de la vieille pique. La premiere ordonnance de Henri II, au sujet des pistolets, est datee
de 1549. Le Pere Daniel, dans sa " Milice francaise," nous apprend que du temps de Henri II
(1547-59) on appelait les cavabers armes de pistolets, Pistoliers, terme qui passa ensuite en
Angleterre, ou, cependant, le mot dragon etait plus familier pour exprimer un cavalier arme d'un
mousquet court, appele dragon, parce que le canon se terminait en tete de dragon a. la bouche
beante; ce terme de dragon fut ensuite adopte en France, vers 1600. Pendant le 166me siecle, les
pistolets de Lazzarino Cominazzi et de Lazero Lazzarini, de Milan, jouissaient en Europe d'une
grande reputation. Le pistolet se distinguait de la dague en ce qu'il avait un bouton au bout
du mancbe ou de la monture; tandis que la dague formait une ligne continue et oblique, forme
tres-gracieuse, qui s'est conservee, jusqu'a ce jour, parmi les Orientaux. II y avait des dagues de
toute grandeur: des dagues longues, des dagues courtes et des dagues de poche; et nous sommes
disposes a, croire que le terme dague vient de ce que cette arme avait frequemment un couteau
joint au canon. Nous trouvons dans l'inventaire des munitions de l'arsenal, 1547, " une dague
ayant deux pieces dans la meme monture," " deux dagues a l'instar d'un poignard," " deux
dagues emmanchees comme un couteau." Cette combinaison, du reste, d'armes-a-feu et d'epees
etait assez commune, et il en existe quelques specimens remarquables dans nos musees : on peut
voir, a la Tour de Londres, une piece curieuse consistant en une targe, du centre de laquelle
sort un pistolet qu'on pouvait tirer pendant qu'on s'abritait derriere le bouclier. Constatons, en
passant, que le principe du revolver, perfectionne par le colonel Colt, a eu son origine, au 17ilme siecle,
en Italie; et on peut en voir des specimens dans tous les grands musees.
PISTOLETS BEIGES ET ANGLAIS.
TpN regardant notre illustration, on verra, au premier coup-d'oeil, toute la difference qu'il y a
-*-^ entre l'ouvrage beige et l'ouvrage anglais, au point de vue artistique; cependant, les pistolets
anglais que nous avons choisis, etaient bien les meilleurs que nous pussions trouver! Nos
armuriers ne feraient pas mal de profiter des lecons de leurs voisins du continent, et d'apprendre
a combiner un style de decoration plus eleve avec la perfection de leur travail, dont la superiorite
est incontestable. Quand on considere l'importance de la fabrication des armes-a-feu dans ce
pays, il parait etonnant qu'on n'y mette pas plus de soin a l'egard de la decoration. Nous
voulons admettre que leurs armes-a-feu sont de la meilleure trempe, parfaitement balancees,
justes, soigneusement executees dans tous les details, et excellentes pour l'usage; mais toutes ces
qualites ne suffisent pas,—il en faut encore une autre, sans laquelle le public de nos jours ne
sera pas satisfait, et cette autre qualite — c'est le bon gout: quelques ornements, appliques
judicieusement, sont souvent d'un effet merveilleux, sans qu'il soit necessaire d'encombrer un
pistolet d'une profusion de sculptures et de ciselures. En resume, nos fabricants ne sauraient
mettre en avant grande pretension quant aux armes de luxe, et dans les armes pour service, ils
trouveront, de la part des armuriers beiges, une concurrence serieuse.
, Les armes-a-feu de M. Jansen, de Bruxelles, surtout, nous out frappes par leur excellence et
leur beaute. Le pistolet qu'il a fait pour le due de Brabant, et destine a un cadeau pour feu le
vice-roi d'Egypte, etait un des pistolets les mieux dessines que nous ayons vus: e'etait un
revolver se cliargeant par la culasse, avec une crosse droite en argent, ornee d'arabesques d'or
et garnie de bijoux. Du reste, il n'y avait a l'Exposition que tres-peu de pays qui ne nous
aient eclipses pour les armes de luxe. L'Bspagne avait une collection riclie d'armes de toute
sorte, damasquinees et ciselees. Quant a, la France, nous n'avons qu'a nommer les Devisme,
Eenette, Lepage-Moutier pour prouver qu'elle regnait supreme pour les armes de luxe. La
Russie avait envoye une collection d'armes du Oaucase, uniques dans leur genre. L'ltalie etait
bien representee par quelques pieces de Milan et de Naples, parfaitement decorees. La Turquie
a expose quelques specimens richement damasquines. Les armes indiennes etaient des modeles
de bon gout; en un mot, tous les pays etaient represented dans la classe 11, par des objets plus
ou moins remarquables pour leur valeur artistique.
Nous trouvons dans la " Pallas armata " de Sir James Turner, que le pistolet a ete invente
a Pistoia, en Toscane, par Oamillo Vitelli; tandis que Prenzel, dans son excellent " Guide pour le
Musee liistorique, Dresde," nous informe, que c'est a Perugia qu'on a invente le pistolet, et qu'a Pistoia
on n'a fait que le perfectionner. M. de la Noue, qui a ecrit du temps de Henri VIII d'Angleterre,
dit que " les Betters ont, les premiers, mis en usage le .pistolet, arme fort dangereuse quand elle
est bien maniee." Ces Betters etaient des cavaliers allemands, qui avaient adopte les pistolets a la
place de la vieille pique. La premiere ordonnance de Henri II, au sujet des pistolets, est datee
de 1549. Le Pere Daniel, dans sa " Milice francaise," nous apprend que du temps de Henri II
(1547-59) on appelait les cavabers armes de pistolets, Pistoliers, terme qui passa ensuite en
Angleterre, ou, cependant, le mot dragon etait plus familier pour exprimer un cavalier arme d'un
mousquet court, appele dragon, parce que le canon se terminait en tete de dragon a. la bouche
beante; ce terme de dragon fut ensuite adopte en France, vers 1600. Pendant le 166me siecle, les
pistolets de Lazzarino Cominazzi et de Lazero Lazzarini, de Milan, jouissaient en Europe d'une
grande reputation. Le pistolet se distinguait de la dague en ce qu'il avait un bouton au bout
du mancbe ou de la monture; tandis que la dague formait une ligne continue et oblique, forme
tres-gracieuse, qui s'est conservee, jusqu'a ce jour, parmi les Orientaux. II y avait des dagues de
toute grandeur: des dagues longues, des dagues courtes et des dagues de poche; et nous sommes
disposes a, croire que le terme dague vient de ce que cette arme avait frequemment un couteau
joint au canon. Nous trouvons dans l'inventaire des munitions de l'arsenal, 1547, " une dague
ayant deux pieces dans la meme monture," " deux dagues a l'instar d'un poignard," " deux
dagues emmanchees comme un couteau." Cette combinaison, du reste, d'armes-a-feu et d'epees
etait assez commune, et il en existe quelques specimens remarquables dans nos musees : on peut
voir, a la Tour de Londres, une piece curieuse consistant en une targe, du centre de laquelle
sort un pistolet qu'on pouvait tirer pendant qu'on s'abritait derriere le bouclier. Constatons, en
passant, que le principe du revolver, perfectionne par le colonel Colt, a eu son origine, au 17ilme siecle,
en Italie; et on peut en voir des specimens dans tous les grands musees.