PLANCHE 41.
FAIENCES INDIEMES ET TURQUES.
r I ^OUT le raonde admire 1'eclat et le bon gout qui distinguent les tissus et les ouvrages en
-■- metaux precieux venant des Indes ; mais tout en appreciant ces deux branches attrayantes
de l'industrie indienne, le public s'est peu occupe, jusqu'a. present, de la faience indigene, qui merite
cependant a etre etudiee tant pour la forme que pour le genre des decorations.
Les objets de faience doree et travaille"e a jour qui font partie de notre illustration ci-contre,
viennent d'Allahabad. La substance en est tres-mince, fragile, noiratre, finement decoree et
doree. Les specimens numerote's 1, 2, 3, et 4 viennent de Turquie. Les pieces d'une couleur
claire, decorees de dessins graves et dores, se fabriquent a Phillipopoli, et les objets garnis de
feuillage d'argent viennent de Roustchouk et de Widin. Toutes ces faiences sont faites d'une
matiere fine, serree, et bien coloree.
Parmi les autres objets contenus dans la collection indienne, nous avons remarque de belles
faiences colorees et dorees venant d'Amroha et de Lahore; de la faience commune noire,
incrustee d'ornements d'argent,' faite a Patna; un tres-beau vase noir envoye par le Shaik Fakeer
Hossain; quelques pieces de Lahore du meme style que les objets de laque de ce district;
quelques pieces tres-curieuses de Lucknow, ornees d'un dessin vert-bleuatre, sur uri fond couleur
de creme, et ressemblant tant pour le style que pour la couleur a quelques pieces exposees dans
la section Turque; et enfin des tuiles pour la decoration des maisons, venant de Hyderabad,
empreintes d'un cachet mauresque tres-prononce.
M. Aston, qui a ete attache pendant long-temps a l'ancien musee de la compagnie des
Indes-Orientales, et qui a deploye un zele infatigable dans 1'assistance qu'il rendit a M. Dowleans
pendant 1'Exposition, nous a fourni les details suivants sur l'etat des produits ceramiques aux Indes :—
" Toute la poterie des Indes peut etre rangee dans la classe des faiences molles et poreuses.
L'argile ne subit que tres-peu de preparation: on se contente de la tremper dans l'eau pendant
une nuit, puis on la petrit pendant quelque temps avant de la faconner avec les mains ou
avec les pieds. La plupart des argiles dont se servent les indigenes pour faire la faience rouge
et commune n'ont pas assez de densite ; aussi fondent elles des qu'on les expose au degre de
temperature necessaire pour le vernissage, et forment une espece de scorie spongieuse. Les argiles
brunes sont les plus abondantes, puis viennent les argiles jaunes, couleur maron, bleue, grise, et
blanche. Biles subissent toutes de certains changements quand on les expose a la chaleur, et
deviennent generalement plus ou moins foncees selon le degre de chaleur employee. Les argiles
blanchatres, a moins d'etre tout-a-fait pure, deviennent au fourneau d'une couleur de creme,
les argiles jaunes deviennent couleur de buffle, les argiles ocre-jaunes tournent au rouge, et les
argiles brunes et noires se changent en rouge fonce, pourpre, ou noir. Les argiles ordinaires
conviennent du reste parfaitement a la confection des vases poreux dont on se sert pour
tenir l'eau fraiche, et comme les Hindous ne se servent jamais deux fois du meme vase, ils ne
songent naturellement pas a les fabriquer d'une matiere couteuse." Ces faiences sont si minces
et legeres qu'on ne peut s'empecher d'admirer le talent des ouvriers qui les faconnent; il est meme
etonnant que des objets de si peu d'epaisseur puissent conserver leur forme quand ils sont a
l'etat plastique.
Le lieutenant Barr, dans son " Journal d'une Marche de Delhi a Peshawur," donne la description
suivante d'un potier indigene qu'il vit a l'ouvrage:—"Au centre d'une excavation circulaire,
ayant deux pieds et demi de profondeur et autant de diametre, etait enfonce un baton, sur
lequel-etait fixe, tout pres du fond, mais sans y toucher, une roue ou tour de potier, et une
autre roue moins grande se trouvait un peu plus haut attachee au meme baton. L'appareil
etait pose perpendiculairement, et le potier, assis au bord de la cavity, faisait tourner du pied la
roue la plus grande, pendant qu'il faconnait avec la main l'argile placee sur le petit tour, qui
tournait en meme temps que la grande roue. Nous le vimes faire une espece de pot a fleurs
fort gentil en moins de cinq minutes."
L'Inde est excessivement riche en matieres necessaires pour la fabrication de toute espece
de faience et de porcelaine, comme on a pu le voir dans la grande collection d'argiles exposee par
le docteur Hunter en 1862, et dans la belle serie d'argiles provenant de la prcsidence de Madras,
exposee en 1851. Les manufactures d'Amroha sont, a, ce qu'il parait, les plus florissantes. On
y fabrique annuellement environ 300,000 pieces, qui valent, en moyenne, une roupie par cent
pieces. Les produits de ces fabriques sont fort recherch6s clans toutes les provinces du Nord-
ouest, et l'usage en est general, surtout parmi la population mahometane.
FAIENCES INDIEMES ET TURQUES.
r I ^OUT le raonde admire 1'eclat et le bon gout qui distinguent les tissus et les ouvrages en
-■- metaux precieux venant des Indes ; mais tout en appreciant ces deux branches attrayantes
de l'industrie indienne, le public s'est peu occupe, jusqu'a. present, de la faience indigene, qui merite
cependant a etre etudiee tant pour la forme que pour le genre des decorations.
Les objets de faience doree et travaille"e a jour qui font partie de notre illustration ci-contre,
viennent d'Allahabad. La substance en est tres-mince, fragile, noiratre, finement decoree et
doree. Les specimens numerote's 1, 2, 3, et 4 viennent de Turquie. Les pieces d'une couleur
claire, decorees de dessins graves et dores, se fabriquent a Phillipopoli, et les objets garnis de
feuillage d'argent viennent de Roustchouk et de Widin. Toutes ces faiences sont faites d'une
matiere fine, serree, et bien coloree.
Parmi les autres objets contenus dans la collection indienne, nous avons remarque de belles
faiences colorees et dorees venant d'Amroha et de Lahore; de la faience commune noire,
incrustee d'ornements d'argent,' faite a Patna; un tres-beau vase noir envoye par le Shaik Fakeer
Hossain; quelques pieces de Lahore du meme style que les objets de laque de ce district;
quelques pieces tres-curieuses de Lucknow, ornees d'un dessin vert-bleuatre, sur uri fond couleur
de creme, et ressemblant tant pour le style que pour la couleur a quelques pieces exposees dans
la section Turque; et enfin des tuiles pour la decoration des maisons, venant de Hyderabad,
empreintes d'un cachet mauresque tres-prononce.
M. Aston, qui a ete attache pendant long-temps a l'ancien musee de la compagnie des
Indes-Orientales, et qui a deploye un zele infatigable dans 1'assistance qu'il rendit a M. Dowleans
pendant 1'Exposition, nous a fourni les details suivants sur l'etat des produits ceramiques aux Indes :—
" Toute la poterie des Indes peut etre rangee dans la classe des faiences molles et poreuses.
L'argile ne subit que tres-peu de preparation: on se contente de la tremper dans l'eau pendant
une nuit, puis on la petrit pendant quelque temps avant de la faconner avec les mains ou
avec les pieds. La plupart des argiles dont se servent les indigenes pour faire la faience rouge
et commune n'ont pas assez de densite ; aussi fondent elles des qu'on les expose au degre de
temperature necessaire pour le vernissage, et forment une espece de scorie spongieuse. Les argiles
brunes sont les plus abondantes, puis viennent les argiles jaunes, couleur maron, bleue, grise, et
blanche. Biles subissent toutes de certains changements quand on les expose a la chaleur, et
deviennent generalement plus ou moins foncees selon le degre de chaleur employee. Les argiles
blanchatres, a moins d'etre tout-a-fait pure, deviennent au fourneau d'une couleur de creme,
les argiles jaunes deviennent couleur de buffle, les argiles ocre-jaunes tournent au rouge, et les
argiles brunes et noires se changent en rouge fonce, pourpre, ou noir. Les argiles ordinaires
conviennent du reste parfaitement a la confection des vases poreux dont on se sert pour
tenir l'eau fraiche, et comme les Hindous ne se servent jamais deux fois du meme vase, ils ne
songent naturellement pas a les fabriquer d'une matiere couteuse." Ces faiences sont si minces
et legeres qu'on ne peut s'empecher d'admirer le talent des ouvriers qui les faconnent; il est meme
etonnant que des objets de si peu d'epaisseur puissent conserver leur forme quand ils sont a
l'etat plastique.
Le lieutenant Barr, dans son " Journal d'une Marche de Delhi a Peshawur," donne la description
suivante d'un potier indigene qu'il vit a l'ouvrage:—"Au centre d'une excavation circulaire,
ayant deux pieds et demi de profondeur et autant de diametre, etait enfonce un baton, sur
lequel-etait fixe, tout pres du fond, mais sans y toucher, une roue ou tour de potier, et une
autre roue moins grande se trouvait un peu plus haut attachee au meme baton. L'appareil
etait pose perpendiculairement, et le potier, assis au bord de la cavity, faisait tourner du pied la
roue la plus grande, pendant qu'il faconnait avec la main l'argile placee sur le petit tour, qui
tournait en meme temps que la grande roue. Nous le vimes faire une espece de pot a fleurs
fort gentil en moins de cinq minutes."
L'Inde est excessivement riche en matieres necessaires pour la fabrication de toute espece
de faience et de porcelaine, comme on a pu le voir dans la grande collection d'argiles exposee par
le docteur Hunter en 1862, et dans la belle serie d'argiles provenant de la prcsidence de Madras,
exposee en 1851. Les manufactures d'Amroha sont, a, ce qu'il parait, les plus florissantes. On
y fabrique annuellement environ 300,000 pieces, qui valent, en moyenne, une roupie par cent
pieces. Les produits de ces fabriques sont fort recherch6s clans toutes les provinces du Nord-
ouest, et l'usage en est general, surtout parmi la population mahometane.