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Waring, John Burley; Tymms, William Robert [Ill.]
Masterpieces of industrial art & sculpture at the international exhibition, 1862: in three volumes (Band 2) — London, 1863

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https://doi.org/10.11588/diglit.1398#0009
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PLANCHE 101.

YENUS, PAR J. GIBSON, DE ROME.

TT\E memo qu'a la grande Exposition de 1851, " le Chasseur" par Gibson formait un des
-*—' points contraux d'attraction pour tous les amateurs de Fart, ainsi en 1862, " la Verms
coloree" du meme grand soulpteur etait oontinuellement entouree par une foule d'admirateurs.
Oe beau specimen de sculpture a ei;e expose par Mme B. Berthon Preston, de Liverpool, qui a eu
la bontiS de nous en fournir les details suivants.

Cette statue, destinee a M. Bobert Berthon Preston, a 6te commencee par Gibson en 1851 et
finie dans l'espaee d'environ quatre ans. L'artiste ddsirait que oette statue fut un chef-d'oeuvre,
comme marque do reconnaissance envers ses premiers protecteurs et amis. Lo soulpteur a choisi
la Venus originale des Grecs, la protectrioo de l'amour vertueux, comme type ideal de la boaute
feminine: la tortue aux pieds de la statue est eniblematique de la vie domestique. Le but que
l'artiste avait en vue en colorant sa Venus — resultat qu'on obtient en frottant la statue de ciro
legerement coloree d'ochre jaune, avec un morceau de drap chauffe— c'etait de donner au marbre
l'apparence de l'ivoire, substance tres en faveur parmi les anciens soulpteurs grecs, a cause du
ton radouci qui lui est naturel, et qu'ils animaient frequomment. par la couleur et la dorure.
L'idee d'imiter la couleur naturelle de la chair n'a jamais etsS l'intention du soulpteur, qui n'a
eu pour objet que d'adoucir les effets de lumiere et d'ombre. La statue porto a la main la pommo
de la Discorde, sur laquelle sont ecrits les mots "H KAAAH AABETI2" (a la plus belle),
selon la version de la fable. Les pendants d'oreillo ont et6 modeles par OasteHani d'apres des
boucles antiques trouvoes dans un tombeau brusque. Oette statue est restde plusieurs annees
a Borne, ou elle a et6 exposee dans une salle decorde expres pour en faire ressortir tout 1'effet, et
oil elle devint l'objet de 1'admiration universelle. O'est a l'Bxposition qu'elle a ete pour la premiere
fois soumise en Angleterre aux regards du public; elle etait placee dans un temple elev6 expres
pour elle et pour d'autres statues du meme soulpteur, d'apres les dessins de M. Owen Jones, en
grande partie aux depens de MmB B. Berthon Preston.

M. Gibson, en choisissant la premiere Venus des aneiens Grecs pour son sujet, n'a pas suivi
l'exemple des anciens soulpteurs, on couvrant de draperies la figure d'une divinite' qui, a cette
epoque, etait considered, de commun avec l'Astarte des Pheniciens, plut6t comme la deesse de la
fecondite' et du mariage, et la mere de tous les etres vivants, que comme le type le plus parfait
de la beaute feminine. Jusqu'a l'epoque de Praxiteles, la statue de Venus etait ordinairement
enveloppee de draperies et entouree des attributs de la fecondite. O'est ce celebre soulpteur qui,
suivant la tradition, fut le premier a representer la deesse dans une nudity complete. Quoique
cette innovation fut d'abord consid6reo contraire a la decence, le genie du soulpteur et le success
de l'ecole sensualiste, dont il etait lo chef principal, perpetua la coutume de ne representer Venus
que comme le type le plus parfait de la boaute feminine. M. Gibson parait avoir pris pour
modele la celebre Venus de Medicis, figure d'une grace enohanteresse et d'un type purement
sensuel, que Thiersch, Wmckemian, Meyer et Plaxman, supposent etre la copie de la Venus de
Onide par Praxiteles, dont nous avons deja parle, comme dtant la premiere representation do
la deesse dans un 6tat de nudity complete. Gibson a imite l'original en dorant les chevoux de
la statue, les boucles d'oreillo et le bracelet qu'elle a au bras gauche; il serait aussi possible
que le visage et les yeux de la Venus de Medicis aient 6t6 colores,' comme dans oette statue. A
la base on lisait, en oaraoteres grecs, l'insoription suivante: —" Gibson epoiei en Roma."

On ne-peut j avoir aucun doute que les soulpteurs de l'ancienne Grece n'aient employe les
couleurs dans leurs ceuvres, et cela a, un point dont l'Europe moderne n'avait, jusqu'a une epoque
recente, aucune id^e. On pent meme considerer comme un fait incontestable que, jusqu'a l'epoque
de la Benaissanoe, ou jusqu'au moment de la decouverte des plus belles statues grecques et romaines
enfouies sous la terre depuis des siecles, toutes les sculptures de tous les temps et chez toutes les
nations e'taient colorees de maniere a imiter, autant que possible, les etres vivants; le jugement
et le gout de l'artiste decidaient seuls, jusqu'a quel point il etait oonvenable et judioieux d'em-
ployer les coulexirs. L'espaee nous manque pour traiter ici la question de savoir jusqu'a quel
point un tel usage est desirable ou pout etre soutenu par des arguments. M. Gibson, dans sa
Venus, n'a pas alle aussi loin que les anciens dans l'application des couleurs; il ne les a que
legerement employees pour adoucir la blancheur frigide du marbre et pour faire entrevoir plutot
que pour imiter la vie reelle.
 
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