PIANCHE 113.
PORTION DE LA GRILLE DE OOBKEUR DE HEREFORD.
A PRES avoir d^montr6 1'antique usage des grilles du choeur, destinees a tenir 1'assemble des
-^*- fideles separee des pretres officiants; nous en mentionnerons quelques-unes des plus belles,
qui aient echappe' aux vicissitudes de la guerre ou des luttes religieuses.
On peut diviser les grilles du chceur en trois classes distinctes: les grilles simples et
ouvertes, des eglises primitives, romaine ou grecque; celles du moyen-age, si richement decorees;
et celles des grandes eglises capitulaires ou collegiales, qui formaient une cloture complete; les deux
dernieres se combinaient generalernent avec le Jub6. Deux des exemples les plus interessants
et les mieux conserves, qui nous restent dans le stylo romain, sont ceux de St. Clement,
et de St. Neree et St. Achille, a Borne. L'eneeinte de marbre du choeur de St. Clement a
environ quatre pieds de hauteur; toutefois, comme le pave du choeur est plus elevd, de quelques
marches, que celui de la nef, les pretres officiants sont plus a, docouvort, qu'on ne le supposerait
d'abord. Dans la seconde eglise, le mur servant a separer le choeur de la nef, est en marbre a
panneaux; dans l'interieur s'eleve la plate-forme; et les ambons, les candelabres, etc., sont dans un
tres-bon e^at de conservation. Oes murs de separation sont en general decores, a l'exteriour, de
feuillage et de figures embMniatiques, sculptes en relief, et surmontes d'un ouvrage decoupe a
jour dans la pierre, et divises en panneaux. Les ambons, les candelabres, les lutrins, etc., sont
souvent incrustes de rnosaiques de verre, dans lo genre connu generalernent sous le nom de
" opus greecanicum."
Le plus bel ouvrage de ce genre, qui nous reste peut-etre, et que Ton peut prendre pour le
modele de ceux qui decoraient les eglises sous la periode romane, sans excepter meme celui du
vieux St. Pierre hors Rome, est celui de St. Marc a Yenise, form6 d'une continuity d'aroades et
de panneaux alternatifs peu eleves, et surmont6s d'une colonnade en marbre, dont l'entablement
sert de base aux statues des douze apotres et au grand crucifix; cette derniere decoration, toutefois,
est d'une date bien plus recente. Lorsque le style ogivalo regnait dans l'architecture, on voyait
nombre de ces murs de separation du choeur, de la forme la plus elegante, supportant des galeries
a, images, et formant une veritable decoration architecturale, plutot qu'une simple balustrade ou
enceinte. Tel est celui de l'eglise Ste Marie a, Lubeck, ou. les cinq arcades, aussi bien que tout
l'entourage du choeur, sont remphes d'une multitude d'ouvrages en cuivre, du caractere le plus
admirable. H existe encore a l'eglise Ste Catherine, dans la m&me ville, une tres-belle grille du
chceur, decoree d'ornemonts en airain tres-legers et d'un beau dessin; cello travailMe a jour dans
l'eglise de St. Bavon, a. Haarlem, est dans le meme style, mais d'une epoque plus recente. Elle
a environ trente-six pieds de longueur, ciselee de la maniere la plus exquise, et supportee
par une plinthe basse en pierre, richement sculptee. C'est le plus bel echantillon qui reste
en Europe, des grilles du chceur, en airain. La Flandre et le nord de l'Allemagne, pendant la
periode du moyen-age, etaient particulierement riches en ouvrages de toutes sortes, ex^cutds en
ce me'tal. On conserve encore dans l'eglise du St. Sauveur, a Bruxelles, des grilles du chceur
de cette epoque; mais nous le disons a regret, on ne voit plus guere de ees sortes do
grilles du chceur de quelque valeur, dans les Pays-Bas, ni dans lo nord de l'Allemagne, ou elles
etaient, cependant, en si grande vogue, principalement dans le 154™8 siecle. Pour des ecrans de
pierre ou de bois, on en voit encore de magnifiques, ferm.es ou ouverts, par toute l'Burope, sans
en excepter la protestante Angleterre. La cathedralo de Brunswick a conserve un fort bel ecran
de la periode transitoire, et Ton admire encore a Hildesheim un ecran de pierre, sui-monte de la
galerie aux images de la mtae epoque. L'ecran ferme d'Oberwesel, qui est fait en pierre, est un
des plus beaux de l'Allemagne. Celui de Sto Elisabeth a Marburg, est encore d'un beau travail et
tres-pittoresque. L'Espagne, surtout, est riche en grilles de toute espcoe, pour la purpart ferme'es;
et dont un grand nombre se trouvent dans le bel ouvrage de Villa Amil sur les monuments de
l'Espagne.
On peut voir le peu de respect, qu'on avait ohez nous pour les grilles du chceur, dans le
17toe siecle, par l'extrait suivant de "1'Histoire de St. Giles des Champs," par Parton, par lequel,
Pugin termine son rapport sur les grilles:—" Cette grille du choeur, 61evee par la pieuse munificence
de lady Dudley dix ans auparavant, fat demolie par les puritains en 1644;" et plus loin:
"Nous soussignfe, auditeurs de ces comptes, avons trouve que le sieur Edward Gerrard a ete
commissionne, par ordonnance du Parlement, pour abattre la grille du sanctuaire, la dite grille
etant condamnee comme objet de superstition, ce qui a etd fait; et elle a e^ vendue quarante
shelling."
PORTION DE LA GRILLE DE OOBKEUR DE HEREFORD.
A PRES avoir d^montr6 1'antique usage des grilles du choeur, destinees a tenir 1'assemble des
-^*- fideles separee des pretres officiants; nous en mentionnerons quelques-unes des plus belles,
qui aient echappe' aux vicissitudes de la guerre ou des luttes religieuses.
On peut diviser les grilles du chceur en trois classes distinctes: les grilles simples et
ouvertes, des eglises primitives, romaine ou grecque; celles du moyen-age, si richement decorees;
et celles des grandes eglises capitulaires ou collegiales, qui formaient une cloture complete; les deux
dernieres se combinaient generalernent avec le Jub6. Deux des exemples les plus interessants
et les mieux conserves, qui nous restent dans le stylo romain, sont ceux de St. Clement,
et de St. Neree et St. Achille, a Borne. L'eneeinte de marbre du choeur de St. Clement a
environ quatre pieds de hauteur; toutefois, comme le pave du choeur est plus elevd, de quelques
marches, que celui de la nef, les pretres officiants sont plus a, docouvort, qu'on ne le supposerait
d'abord. Dans la seconde eglise, le mur servant a separer le choeur de la nef, est en marbre a
panneaux; dans l'interieur s'eleve la plate-forme; et les ambons, les candelabres, etc., sont dans un
tres-bon e^at de conservation. Oes murs de separation sont en general decores, a l'exteriour, de
feuillage et de figures embMniatiques, sculptes en relief, et surmontes d'un ouvrage decoupe a
jour dans la pierre, et divises en panneaux. Les ambons, les candelabres, les lutrins, etc., sont
souvent incrustes de rnosaiques de verre, dans lo genre connu generalernent sous le nom de
" opus greecanicum."
Le plus bel ouvrage de ce genre, qui nous reste peut-etre, et que Ton peut prendre pour le
modele de ceux qui decoraient les eglises sous la periode romane, sans excepter meme celui du
vieux St. Pierre hors Rome, est celui de St. Marc a Yenise, form6 d'une continuity d'aroades et
de panneaux alternatifs peu eleves, et surmont6s d'une colonnade en marbre, dont l'entablement
sert de base aux statues des douze apotres et au grand crucifix; cette derniere decoration, toutefois,
est d'une date bien plus recente. Lorsque le style ogivalo regnait dans l'architecture, on voyait
nombre de ces murs de separation du choeur, de la forme la plus elegante, supportant des galeries
a, images, et formant une veritable decoration architecturale, plutot qu'une simple balustrade ou
enceinte. Tel est celui de l'eglise Ste Marie a, Lubeck, ou. les cinq arcades, aussi bien que tout
l'entourage du choeur, sont remphes d'une multitude d'ouvrages en cuivre, du caractere le plus
admirable. H existe encore a l'eglise Ste Catherine, dans la m&me ville, une tres-belle grille du
chceur, decoree d'ornemonts en airain tres-legers et d'un beau dessin; cello travailMe a jour dans
l'eglise de St. Bavon, a. Haarlem, est dans le meme style, mais d'une epoque plus recente. Elle
a environ trente-six pieds de longueur, ciselee de la maniere la plus exquise, et supportee
par une plinthe basse en pierre, richement sculptee. C'est le plus bel echantillon qui reste
en Europe, des grilles du chceur, en airain. La Flandre et le nord de l'Allemagne, pendant la
periode du moyen-age, etaient particulierement riches en ouvrages de toutes sortes, ex^cutds en
ce me'tal. On conserve encore dans l'eglise du St. Sauveur, a Bruxelles, des grilles du chceur
de cette epoque; mais nous le disons a regret, on ne voit plus guere de ees sortes do
grilles du chceur de quelque valeur, dans les Pays-Bas, ni dans lo nord de l'Allemagne, ou elles
etaient, cependant, en si grande vogue, principalement dans le 154™8 siecle. Pour des ecrans de
pierre ou de bois, on en voit encore de magnifiques, ferm.es ou ouverts, par toute l'Burope, sans
en excepter la protestante Angleterre. La cathedralo de Brunswick a conserve un fort bel ecran
de la periode transitoire, et Ton admire encore a Hildesheim un ecran de pierre, sui-monte de la
galerie aux images de la mtae epoque. L'ecran ferme d'Oberwesel, qui est fait en pierre, est un
des plus beaux de l'Allemagne. Celui de Sto Elisabeth a Marburg, est encore d'un beau travail et
tres-pittoresque. L'Espagne, surtout, est riche en grilles de toute espcoe, pour la purpart ferme'es;
et dont un grand nombre se trouvent dans le bel ouvrage de Villa Amil sur les monuments de
l'Espagne.
On peut voir le peu de respect, qu'on avait ohez nous pour les grilles du chceur, dans le
17toe siecle, par l'extrait suivant de "1'Histoire de St. Giles des Champs," par Parton, par lequel,
Pugin termine son rapport sur les grilles:—" Cette grille du choeur, 61evee par la pieuse munificence
de lady Dudley dix ans auparavant, fat demolie par les puritains en 1644;" et plus loin:
"Nous soussignfe, auditeurs de ces comptes, avons trouve que le sieur Edward Gerrard a ete
commissionne, par ordonnance du Parlement, pour abattre la grille du sanctuaire, la dite grille
etant condamnee comme objet de superstition, ce qui a etd fait; et elle a e^ vendue quarante
shelling."