PLANCHE 149.
ORNEMENTS DE TABLES, ETC.,
PAE M. W. E. BAEEY, LONDEES, ET MESSIETJES SPIEES & FILS, OXJOED.
C'EST pour nous un vrai plaisir, en constatant que M. W. E. Barry a obtenu une medaille
" pour objets en nietaux dores, montures de la porcelaine, dite Wedgwood, ot perfection de
travail en general," de pouvoir roproduire la remarque faite par le rapporteur officiel, que le Jury
consideralt quo " M. Barry meritait les plus grands eloges pour les ameliorations qu'il a effectives
dans le genre d'objets qu'il a exposes." Nous avons peu rendu justice a la superbe collection de
M. Barry, classe 33; mais la nature des plus belles pieces, qui consistaient d'incrustations de
pierres prepenses, formant des fleurs, dos fruits et des feuillages sur un fond d'or, en rendait
presque impossible la reproduction en lithographie. La richesse et la massivete' des productions
de M. Barry, dans ce stylo, ont excite l'admiration generale; le bon gout et le discernement qu'il
a montres dans sa nouvelle adaptation de differentes substances, meritaiont les plus grands eloges.
Messieurs Spiers & ills, Oxford, jouissont d'une ancienne reputation, qu'ils ont dignement
soutenue dans trois branches distinctes de manufacture: meubles, ornements de toilette et de
table, et verrerie de table: cette dernicre branche leur a valu uno mention honorable. Les objets
que nous avons choisis pour notre illustration sont: un buvard et deux flambeaux, partie d'un
assortiment de dix-sept pieces dessinoes par M. Samuel P. Spiers, et dont les medaillons ont 6t6
executes par les artistes qui ont fait le nouveau service a dessert de la Beine, fabrique a la manu-
facture de Messieurs Phillips & Binns, d'apres les dessins de M. Prank E. Spiers, 6tudiant et
me'dailliste a l'ecole de dessin de Worcester. Cest au talent de cet artiste que nous devons
aussi les carafes, les verres, etc., si admirablement grave's et d'une forme si gracieuse (classe 34),
que nous reproduisons planche 151.
Quelque magnifiques que soient les ecritoires exposes par M. Barry, M. Leuchars, M. Spiers
et autres, et quelque indicatifs qu'ils soient du luxe parmi les riches, ils ne font que porter
temoignage a 1'extension demesur6e de Pamour de toutes les classes pour les objets d'ornements.
Autrefois les premieres families seules affectaient un luxe egal et peut-fitre plus grand encore; et,
entre autres objets de luxe, nous trouvons mentionne dans 1'inventaire de Charles V de Prance,
1380, "un ecritoire d'or, d'apres la facon d'une boite de barbier-chirurgien, portant a l'exterieur
les armes de la famille d'Estampes, et ayant, a l'interieur, une plume a ecrire, un registre, ime
paire de compas, des ciseaux, un couteau, une paire de fourchettes en or, et un encrier en or,
pesant 2 marcs 4 onces et 2 esterlins." On y decrit aussi un autre, appartenant au due de Berry,
comme "un e'eritoire plat, en vermeil, ponc6 a l'exterieur, et contenant un canif a manche d'argent
emaille, des ciseaux d'argent, de petites balances en argent, une plume, une boite contenant des
poids, et un briquet monte en argent, — le tout pesant 4 marcs 7 onces." C'est du vieux mot
francais "foisil," qui signifiait briquet, que l'arme moderne, le fusil, tire son nom: ce mot avait
6t6 adopts comme devise de famille par les dues de Bourgogne, comme eroblemo caracteristique
de leur nature, et aussi a cause de la forme du " foisil," qui ressemblait a, un B, lettre initiale
de la famille: les orfevres, les brodeurs et autres, gravaient, brodaient ou travaillaient comme
ornement la forme du "foisil" sur les differents objets qu'ils fournissaient a la maison de Bour-
gogne. On trouve aussi decrit dans 1'inventaire de cette famille, 1427, " sept 6critoires dores et
enrichis des armes du due, richement doubles de drap d'or de Cypre et de soie, chaque piece
etant pourvue d'une bourse, d'un encrier en corne et d'un canif a manche de vermeil, emaillee.
On conserve dans le musee de South-Kensington un ecritoire en fer damasquine' de la
manifere la plus elaboree, qu'on croit avoir appartenu a Thomas Cromwell, ministre d'Henri VIII.
M. W. B. Drake possede un autre bel ouvrago du meme genre, dans le style milanais du IB*""0 siecle:
c'est une espece de boite, contenant des instruments pour le dessin, delicatement incrustee d'ara-
besques en or et en argent. Dans les "Voyages de la Beine Elisabeth," par Nichols, se trouve
la description suivante d'un ecritoire prfeente a la reine: — " Un pupitre a ecrire, a divers compar-
timents, et deux tables et un (Schiquier, trois boites en argent pour serrer les jetons, le sable et
l'ancre, et quarante jetons." On voit que, dans les siocles passes, les ornements de table riche-
ment travaiU6s, ne faisaient point defaut dans les demeures des gens riches; mais on n aurait
jamais pu realiser peut-6tre, a cette epoque, la possibility de 1' extension que ce genre de luxe a
pris de nos jours dans toute l'Europe; et a l'Exposition de 1862, les objets que contenait une
des boites des fabricants en objets de luxe, surpassaient, probabloment, en nombre, en richesse et
en variete tout ce qu'on aurait pu rassembler de diverses sources, dans les siecles auxquels nous
avons fait allusion.
V. ,. I
ORNEMENTS DE TABLES, ETC.,
PAE M. W. E. BAEEY, LONDEES, ET MESSIETJES SPIEES & FILS, OXJOED.
C'EST pour nous un vrai plaisir, en constatant que M. W. E. Barry a obtenu une medaille
" pour objets en nietaux dores, montures de la porcelaine, dite Wedgwood, ot perfection de
travail en general," de pouvoir roproduire la remarque faite par le rapporteur officiel, que le Jury
consideralt quo " M. Barry meritait les plus grands eloges pour les ameliorations qu'il a effectives
dans le genre d'objets qu'il a exposes." Nous avons peu rendu justice a la superbe collection de
M. Barry, classe 33; mais la nature des plus belles pieces, qui consistaient d'incrustations de
pierres prepenses, formant des fleurs, dos fruits et des feuillages sur un fond d'or, en rendait
presque impossible la reproduction en lithographie. La richesse et la massivete' des productions
de M. Barry, dans ce stylo, ont excite l'admiration generale; le bon gout et le discernement qu'il
a montres dans sa nouvelle adaptation de differentes substances, meritaiont les plus grands eloges.
Messieurs Spiers & ills, Oxford, jouissont d'une ancienne reputation, qu'ils ont dignement
soutenue dans trois branches distinctes de manufacture: meubles, ornements de toilette et de
table, et verrerie de table: cette dernicre branche leur a valu uno mention honorable. Les objets
que nous avons choisis pour notre illustration sont: un buvard et deux flambeaux, partie d'un
assortiment de dix-sept pieces dessinoes par M. Samuel P. Spiers, et dont les medaillons ont 6t6
executes par les artistes qui ont fait le nouveau service a dessert de la Beine, fabrique a la manu-
facture de Messieurs Phillips & Binns, d'apres les dessins de M. Prank E. Spiers, 6tudiant et
me'dailliste a l'ecole de dessin de Worcester. Cest au talent de cet artiste que nous devons
aussi les carafes, les verres, etc., si admirablement grave's et d'une forme si gracieuse (classe 34),
que nous reproduisons planche 151.
Quelque magnifiques que soient les ecritoires exposes par M. Barry, M. Leuchars, M. Spiers
et autres, et quelque indicatifs qu'ils soient du luxe parmi les riches, ils ne font que porter
temoignage a 1'extension demesur6e de Pamour de toutes les classes pour les objets d'ornements.
Autrefois les premieres families seules affectaient un luxe egal et peut-fitre plus grand encore; et,
entre autres objets de luxe, nous trouvons mentionne dans 1'inventaire de Charles V de Prance,
1380, "un ecritoire d'or, d'apres la facon d'une boite de barbier-chirurgien, portant a l'exterieur
les armes de la famille d'Estampes, et ayant, a l'interieur, une plume a ecrire, un registre, ime
paire de compas, des ciseaux, un couteau, une paire de fourchettes en or, et un encrier en or,
pesant 2 marcs 4 onces et 2 esterlins." On y decrit aussi un autre, appartenant au due de Berry,
comme "un e'eritoire plat, en vermeil, ponc6 a l'exterieur, et contenant un canif a manche d'argent
emaille, des ciseaux d'argent, de petites balances en argent, une plume, une boite contenant des
poids, et un briquet monte en argent, — le tout pesant 4 marcs 7 onces." C'est du vieux mot
francais "foisil," qui signifiait briquet, que l'arme moderne, le fusil, tire son nom: ce mot avait
6t6 adopts comme devise de famille par les dues de Bourgogne, comme eroblemo caracteristique
de leur nature, et aussi a cause de la forme du " foisil," qui ressemblait a, un B, lettre initiale
de la famille: les orfevres, les brodeurs et autres, gravaient, brodaient ou travaillaient comme
ornement la forme du "foisil" sur les differents objets qu'ils fournissaient a la maison de Bour-
gogne. On trouve aussi decrit dans 1'inventaire de cette famille, 1427, " sept 6critoires dores et
enrichis des armes du due, richement doubles de drap d'or de Cypre et de soie, chaque piece
etant pourvue d'une bourse, d'un encrier en corne et d'un canif a manche de vermeil, emaillee.
On conserve dans le musee de South-Kensington un ecritoire en fer damasquine' de la
manifere la plus elaboree, qu'on croit avoir appartenu a Thomas Cromwell, ministre d'Henri VIII.
M. W. B. Drake possede un autre bel ouvrago du meme genre, dans le style milanais du IB*""0 siecle:
c'est une espece de boite, contenant des instruments pour le dessin, delicatement incrustee d'ara-
besques en or et en argent. Dans les "Voyages de la Beine Elisabeth," par Nichols, se trouve
la description suivante d'un ecritoire prfeente a la reine: — " Un pupitre a ecrire, a divers compar-
timents, et deux tables et un (Schiquier, trois boites en argent pour serrer les jetons, le sable et
l'ancre, et quarante jetons." On voit que, dans les siocles passes, les ornements de table riche-
ment travaiU6s, ne faisaient point defaut dans les demeures des gens riches; mais on n aurait
jamais pu realiser peut-6tre, a cette epoque, la possibility de 1' extension que ce genre de luxe a
pris de nos jours dans toute l'Europe; et a l'Exposition de 1862, les objets que contenait une
des boites des fabricants en objets de luxe, surpassaient, probabloment, en nombre, en richesse et
en variete tout ce qu'on aurait pu rassembler de diverses sources, dans les siecles auxquels nous
avons fait allusion.
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