PLANCHE 215.
ARMES DE LUXE,
PAE MM. DELACOUE, LEPAGE-MOUTIEE, DEVISME, GASTINE-EENETTE, ET DUFRESNE, PAEIS.
IL nous parait presque inutile de rien dire a la louange des celebres fabricants francais dont
nous avons reproduit les ouvrages sur la planche oi-contre; nous pensons, cependant, qu'il
n'est que juste de constater que chacun de ces exposants a obtenu une m^daille de prix du Jury:
M. L. F. Delacour " pour la beauts et la variete des dessins, et le travail fini de ses epees d'un
prix, malgre cela, tres-modere; " M. Lepage-Moutier "pour la beaute et la qualite du travail de
ses carabines, de ses fusils et de ses pistolets;" M. Gastine-Renette "pour ses fusils qui se chargent
a. la culasse, pour le fmi et la beaute du travail de ses fusils, de ses carabines et de ses pistolets;"
M. L. F. Devisme "pour la beaute du travail de ses fusils, et pour ses projectiles explosifs pour
canon; " et enfm M. H. Dufresne " pour ses incrustations d'or sur fer." On trouvera a, la planche 14
d'autres illustrations des productions de ce dernier fabricant, et a, la planche 6 celles des armes-a-feu
de luxe des autres exposants.
Le grand bouclier incruste d'arabesques par Lepage-Moutier etait une des plus belles pieces
de ce genre a l'Exposition; il y avait du meme fabricant, un autre bouclier en forme de coeur
admirablement execute en fer repousse par Fanniere, d'apres un dessin de M. Oavelier; c'etait
une commande du due de Luynes, ce genereux protecteur et connoisseur des Arts.
Les epees de M. Delacour formaient une collection des plus remarquables: il n'y avait rien
de ce genre a l'Exposition qui put y etre compare pour le nombre et la variete. Nous en
avons choisi une a la garde en acier, admirablement travaillee a, jour, et deux poignees dans le style
renaissance, toutes deux en acier cisele. Celle qui a un aigle sur le pommeau a ete presentee au
due de Malakoff. La base de la poignee de cette arme etait formee d'une figure de Bellone,
appuyee sur un bouclier orne de la tete de M6duse; et sur la garde etaient representees les armes
du due de Malakoff, entourees de feuillages de chene et d'un rouleau portant l'inscription " Se-
bastopol." L'autre poignee faisait partie d'une epee d'honneur presentee par les pecheurs de
Boulogne a M. d'Bstremont de Maucroix: la poignee, proprement dite, de cette arme, etait ornee
des figures allegoriques de l'lndustrie, du Commerce et de la Navigation, et la garde representait
en bas-relief la jetee de Boulogne: des monstres marins, des sirenes, etc., formaient les autres
ornements. On voyait dans la collection d'armes de M. Delacour des epees de toute sorte, faites
et ornees de substances d'une variete infinie et d'un grand merite artistique.
Les sabres dainasquinees de M. Devisme et de M. Dufresne etaient des modeles de bon gout
et de travail elabore; et les couteaux de chasse de M. Gastine-Renette etaient tres-richement
ciseles et enrichis d'ornements judicieux.
Le moyen-age se faisait remarquer par la variete et la splendeur des armes en usage et par
les inscriptions qu'on y gravait. Ces inscriptions variaient selon le caractere du proprietaire de
l'arme; mais le plus grand nombre, surtout les devises espagnoles et allemandes, avaient une tendance
religieuse; ainsi on lisait souvent sur les epees espagnoles: "Ave Maria" ou "Jesus Maria," et
le nom du fabricant de 1'autre cote de l'arme. Sur une epee allemande a deux mains du l7emo siecle,
dans la collection de Meyrick, il y a " Willm Tesche "Weinsberg, Soli Deo Gloria, anno 1621," et
" S. Petrus; " on lit sur une vieille epee dans l'arsenal de Paris : " Ne movear in terra ad dexterani
Jehovah; " sur une epee espagnole: "In te Domine, speravi; " sur une epee allemande du 16'me siecle,
collection de Meyrick: " Regarde et observe; garde-toi de quelqu'un qui te fera mal: le manque de
foi est general; " et de l'autre cote de la lame : " Prends garde ! garde-toi de moi; si je t'attrape, je
te hache." Sur une autre epee allemande se trouve l'mscription : " Un nouveau saint, appele Scel^rat,
pret a attaquer le premier venu." Dans la collection de lord Londesborough, il y a une epee espagnole
portant, d'un cote, les mots: "Ne me degaine pas sans cause," et de l'autre: "Ne me rengaine
pas sans honneur." A une epoque plus recente, les inscriptions etaient encore en vogue; et il y
a des epees du temps de la Republique, dans l'arsenal de Paris, portant l'inscription: " Vive la
nation, vaincre ou mourir." Une des epees les plus curieuses, a notre connaissance, appartient
a sa Majeste la Reine; elle est d'Andre Farrara, et porte l'inscription suivante sur la garde:
" Donnee par le due de Gordon et de Winn, au chateau de Huntly, le second jeudi de septembre
1727. Tous les chevaux dont la hauteur ne depasse pas treize mains et deux pouces sont admis
a la course, et le cheval vainqueur sera vendu cent marcs, si le juge de la course l'exige; les
cavaliers paieront une couronne par tete,— argent qui sera donne" aux pauvres, pour prier que la
monarchie continue a exister et que la famille royale soit giorieuse dans ces royaumes." A cela
nous disons : Amen.
ARMES DE LUXE,
PAE MM. DELACOUE, LEPAGE-MOUTIEE, DEVISME, GASTINE-EENETTE, ET DUFRESNE, PAEIS.
IL nous parait presque inutile de rien dire a la louange des celebres fabricants francais dont
nous avons reproduit les ouvrages sur la planche oi-contre; nous pensons, cependant, qu'il
n'est que juste de constater que chacun de ces exposants a obtenu une m^daille de prix du Jury:
M. L. F. Delacour " pour la beauts et la variete des dessins, et le travail fini de ses epees d'un
prix, malgre cela, tres-modere; " M. Lepage-Moutier "pour la beaute et la qualite du travail de
ses carabines, de ses fusils et de ses pistolets;" M. Gastine-Renette "pour ses fusils qui se chargent
a. la culasse, pour le fmi et la beaute du travail de ses fusils, de ses carabines et de ses pistolets;"
M. L. F. Devisme "pour la beaute du travail de ses fusils, et pour ses projectiles explosifs pour
canon; " et enfm M. H. Dufresne " pour ses incrustations d'or sur fer." On trouvera a, la planche 14
d'autres illustrations des productions de ce dernier fabricant, et a, la planche 6 celles des armes-a-feu
de luxe des autres exposants.
Le grand bouclier incruste d'arabesques par Lepage-Moutier etait une des plus belles pieces
de ce genre a l'Exposition; il y avait du meme fabricant, un autre bouclier en forme de coeur
admirablement execute en fer repousse par Fanniere, d'apres un dessin de M. Oavelier; c'etait
une commande du due de Luynes, ce genereux protecteur et connoisseur des Arts.
Les epees de M. Delacour formaient une collection des plus remarquables: il n'y avait rien
de ce genre a l'Exposition qui put y etre compare pour le nombre et la variete. Nous en
avons choisi une a la garde en acier, admirablement travaillee a, jour, et deux poignees dans le style
renaissance, toutes deux en acier cisele. Celle qui a un aigle sur le pommeau a ete presentee au
due de Malakoff. La base de la poignee de cette arme etait formee d'une figure de Bellone,
appuyee sur un bouclier orne de la tete de M6duse; et sur la garde etaient representees les armes
du due de Malakoff, entourees de feuillages de chene et d'un rouleau portant l'inscription " Se-
bastopol." L'autre poignee faisait partie d'une epee d'honneur presentee par les pecheurs de
Boulogne a M. d'Bstremont de Maucroix: la poignee, proprement dite, de cette arme, etait ornee
des figures allegoriques de l'lndustrie, du Commerce et de la Navigation, et la garde representait
en bas-relief la jetee de Boulogne: des monstres marins, des sirenes, etc., formaient les autres
ornements. On voyait dans la collection d'armes de M. Delacour des epees de toute sorte, faites
et ornees de substances d'une variete infinie et d'un grand merite artistique.
Les sabres dainasquinees de M. Devisme et de M. Dufresne etaient des modeles de bon gout
et de travail elabore; et les couteaux de chasse de M. Gastine-Renette etaient tres-richement
ciseles et enrichis d'ornements judicieux.
Le moyen-age se faisait remarquer par la variete et la splendeur des armes en usage et par
les inscriptions qu'on y gravait. Ces inscriptions variaient selon le caractere du proprietaire de
l'arme; mais le plus grand nombre, surtout les devises espagnoles et allemandes, avaient une tendance
religieuse; ainsi on lisait souvent sur les epees espagnoles: "Ave Maria" ou "Jesus Maria," et
le nom du fabricant de 1'autre cote de l'arme. Sur une epee allemande a deux mains du l7emo siecle,
dans la collection de Meyrick, il y a " Willm Tesche "Weinsberg, Soli Deo Gloria, anno 1621," et
" S. Petrus; " on lit sur une vieille epee dans l'arsenal de Paris : " Ne movear in terra ad dexterani
Jehovah; " sur une epee espagnole: "In te Domine, speravi; " sur une epee allemande du 16'me siecle,
collection de Meyrick: " Regarde et observe; garde-toi de quelqu'un qui te fera mal: le manque de
foi est general; " et de l'autre cote de la lame : " Prends garde ! garde-toi de moi; si je t'attrape, je
te hache." Sur une autre epee allemande se trouve l'mscription : " Un nouveau saint, appele Scel^rat,
pret a attaquer le premier venu." Dans la collection de lord Londesborough, il y a une epee espagnole
portant, d'un cote, les mots: "Ne me degaine pas sans cause," et de l'autre: "Ne me rengaine
pas sans honneur." A une epoque plus recente, les inscriptions etaient encore en vogue; et il y
a des epees du temps de la Republique, dans l'arsenal de Paris, portant l'inscription: " Vive la
nation, vaincre ou mourir." Une des epees les plus curieuses, a notre connaissance, appartient
a sa Majeste la Reine; elle est d'Andre Farrara, et porte l'inscription suivante sur la garde:
" Donnee par le due de Gordon et de Winn, au chateau de Huntly, le second jeudi de septembre
1727. Tous les chevaux dont la hauteur ne depasse pas treize mains et deux pouces sont admis
a la course, et le cheval vainqueur sera vendu cent marcs, si le juge de la course l'exige; les
cavaliers paieront une couronne par tete,— argent qui sera donne" aux pauvres, pour prier que la
monarchie continue a exister et que la famille royale soit giorieuse dans ces royaumes." A cela
nous disons : Amen.