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PLANCHE 238.
PAPIERS-PEINTS POUR TEXTURES,
PAR KNEPPER & SCHMIDT, VIENNE.
r\ANS 1'illustration ci-confcre, nous avons un exemple de l'application judicieuse de ces regies
-'-"' conventionnelles qui sont indispensables comme base dans tous les bons dessins pour les
decors de surface.
Owen Jones, qui, plus que toute autre personne clans ce pays, a contribue a baser l'art
decoratif sur des principes justes et a en propager l'infiuence, dit dans le " Journal du Dessin,"
en parlant des decorations parnii les Orientaux:—" Le principe qui les guide dans leurs ornements
admirables, c'est de viser a ce que la decoration soit toujours ce qu'on peut appeler une decoration
de surface. lis etudient d'abord la forme des objets, et la decorent ensuite. Leurs fleurs ne sont
point des fleurs naturelles, mais des fleurs modifiees, d'apres des regies conventionnelles, selon la
matiere sur laquelle le travail est fait. On n'y voit pas, comme dans les ceuvres europeennes,
l'imitation des fleurs naturelles portee a l'extreme, avec toutes les nuances d'ombre et de lumiere,
qui cherchent a se mettre en avant et a se faire valoir sur le fond; mais bien une representation
conventionnelle, juste assez ressemblante pour nous donner l'idee d'une image, sans detruire
l'liarmonie de l'objet auquel elle doit servir de decoration. Quant a, l'ombre, elle y manque
completement. Un des moyens qu'ils ont, pour produire un effet liarmonieux dans leurs ornements
diapres et a moulures, est, a ce qu'il parait, de s'arranger de maniere que l'ornement et le fond
occupent des aires egales ; mais pour atteindre ce but, il faut un talent peu ordinaire, une main
experte et un esprit parfaitement dirige. Dans leurs feuillages conventionnels on peut, invariablement,
tracer le dessin a une souche, ou tige-mere, et tous les decors de l'espace qu'ils ont a remplir,
quelque varies qu'ils soient quant a la forme, sont finis avec une perfection exquise. On n'y voit
pas, comme dans les ceuvres modernes, des ornements ebauches, dont on ne peut s'expliquer
l'existence. Chaque fleur. peut se tracer a. sa branche, a sa racine, quelque eloignee qu'elle en
soit."
M. Wyatt, dans son " Discours sur les Principes qui doivent regler la Forme dans l'Art de
la Decoration" (1852), fait la remarque, que " dans la decoration, tous les sujets empruntes a.
la nature doivent, pour produire un effet agreable, subir le procede modificateur des regies
conventionnelles. Pour decider avec precision, jusqu'a, quel point un embleme hieroglypkique doit
ressembler a l'objet dont il est cense de nous donner une representation purement ideale, il
faut prendre en consideration une multitude de circonstances. II en resulte que rien n'exige, de
la part de l'ouvrier, plus de jugement et plus d'adresse que l'ajustement exact de la forme qu'il
veut donner a ses ornements. La maniere dont les Grecs ont traite le chevrefeuille, et les
Egyptiens le lotus, est la meilleure illustration que nous ayons de 1'appreciation raffmee du
mystere des regies conventionnelles."
M. Redgrave, R.A., en parlant de papiers-peints, dans son " Rapport sur le Dessin " (Exposition
de 1851), dit que " le traitement imitatif est reprehensible en principe, d'abord parce qu'il empiete
trop sur un dessin plat, et puis, parce qu'il rend le dessin trop voyant, tant pour les details que
pour les couleurs;" et dans son "Rapport sur les Papiers-peints" (Exposition de Paris 1855),
le meme auteur observe que " les dessins des papiers-peints pour tentures doivent etre d'un ton
radouci et proportionne a la grandeur des appartements qu'on tapisse; il faut que la couleur soit
plutot negative que positive, tendant plutot a representer des nuances que des teintes eclatantes
de couleurs. D'ailleurs, il est important de diviser ces nuances d'une maniere egale, afin d'eviter
tout contraste brusque ou violent. La meme regie s'applique a la forme, qu'il faut traiter comme
un dessin plat, au lieu de la mettre en relief sous pretexte d'imiter la nature."
M. Wornum dit, dans son excellent ouvrage " L'Analyse des Ornements" (1856), que "les
fleurs naturelles forment certainement un ornement de la plus belle espece; cependant cet ornement,
quelque varie qu'il soit dans ses details, ne presentera a, la perception, estbitiquement parlant,
qu'un effet de vari6te tres-mediocre, surtout si le dessin est en bosse. Voila pourquoi il faut que
l'art vienne a l'aide de la nature, et que Ton prenne pour base du travail les principes dont les
objets de la nature sont l'illustration, au lieu de chercher a, imiter ceux-ci dans leur apparence
individuelle."
Telles sont les opinions que quelques-uns de nos meilleurs ecrivains ont avancees a l'egard
des decorations de surface.
PLANCHE 238.
PAPIERS-PEINTS POUR TEXTURES,
PAR KNEPPER & SCHMIDT, VIENNE.
r\ANS 1'illustration ci-confcre, nous avons un exemple de l'application judicieuse de ces regies
-'-"' conventionnelles qui sont indispensables comme base dans tous les bons dessins pour les
decors de surface.
Owen Jones, qui, plus que toute autre personne clans ce pays, a contribue a baser l'art
decoratif sur des principes justes et a en propager l'infiuence, dit dans le " Journal du Dessin,"
en parlant des decorations parnii les Orientaux:—" Le principe qui les guide dans leurs ornements
admirables, c'est de viser a ce que la decoration soit toujours ce qu'on peut appeler une decoration
de surface. lis etudient d'abord la forme des objets, et la decorent ensuite. Leurs fleurs ne sont
point des fleurs naturelles, mais des fleurs modifiees, d'apres des regies conventionnelles, selon la
matiere sur laquelle le travail est fait. On n'y voit pas, comme dans les ceuvres europeennes,
l'imitation des fleurs naturelles portee a l'extreme, avec toutes les nuances d'ombre et de lumiere,
qui cherchent a se mettre en avant et a se faire valoir sur le fond; mais bien une representation
conventionnelle, juste assez ressemblante pour nous donner l'idee d'une image, sans detruire
l'liarmonie de l'objet auquel elle doit servir de decoration. Quant a, l'ombre, elle y manque
completement. Un des moyens qu'ils ont, pour produire un effet liarmonieux dans leurs ornements
diapres et a moulures, est, a ce qu'il parait, de s'arranger de maniere que l'ornement et le fond
occupent des aires egales ; mais pour atteindre ce but, il faut un talent peu ordinaire, une main
experte et un esprit parfaitement dirige. Dans leurs feuillages conventionnels on peut, invariablement,
tracer le dessin a une souche, ou tige-mere, et tous les decors de l'espace qu'ils ont a remplir,
quelque varies qu'ils soient quant a la forme, sont finis avec une perfection exquise. On n'y voit
pas, comme dans les ceuvres modernes, des ornements ebauches, dont on ne peut s'expliquer
l'existence. Chaque fleur. peut se tracer a. sa branche, a sa racine, quelque eloignee qu'elle en
soit."
M. Wyatt, dans son " Discours sur les Principes qui doivent regler la Forme dans l'Art de
la Decoration" (1852), fait la remarque, que " dans la decoration, tous les sujets empruntes a.
la nature doivent, pour produire un effet agreable, subir le procede modificateur des regies
conventionnelles. Pour decider avec precision, jusqu'a, quel point un embleme hieroglypkique doit
ressembler a l'objet dont il est cense de nous donner une representation purement ideale, il
faut prendre en consideration une multitude de circonstances. II en resulte que rien n'exige, de
la part de l'ouvrier, plus de jugement et plus d'adresse que l'ajustement exact de la forme qu'il
veut donner a ses ornements. La maniere dont les Grecs ont traite le chevrefeuille, et les
Egyptiens le lotus, est la meilleure illustration que nous ayons de 1'appreciation raffmee du
mystere des regies conventionnelles."
M. Redgrave, R.A., en parlant de papiers-peints, dans son " Rapport sur le Dessin " (Exposition
de 1851), dit que " le traitement imitatif est reprehensible en principe, d'abord parce qu'il empiete
trop sur un dessin plat, et puis, parce qu'il rend le dessin trop voyant, tant pour les details que
pour les couleurs;" et dans son "Rapport sur les Papiers-peints" (Exposition de Paris 1855),
le meme auteur observe que " les dessins des papiers-peints pour tentures doivent etre d'un ton
radouci et proportionne a la grandeur des appartements qu'on tapisse; il faut que la couleur soit
plutot negative que positive, tendant plutot a representer des nuances que des teintes eclatantes
de couleurs. D'ailleurs, il est important de diviser ces nuances d'une maniere egale, afin d'eviter
tout contraste brusque ou violent. La meme regie s'applique a la forme, qu'il faut traiter comme
un dessin plat, au lieu de la mettre en relief sous pretexte d'imiter la nature."
M. Wornum dit, dans son excellent ouvrage " L'Analyse des Ornements" (1856), que "les
fleurs naturelles forment certainement un ornement de la plus belle espece; cependant cet ornement,
quelque varie qu'il soit dans ses details, ne presentera a, la perception, estbitiquement parlant,
qu'un effet de vari6te tres-mediocre, surtout si le dessin est en bosse. Voila pourquoi il faut que
l'art vienne a l'aide de la nature, et que Ton prenne pour base du travail les principes dont les
objets de la nature sont l'illustration, au lieu de chercher a, imiter ceux-ci dans leur apparence
individuelle."
Telles sont les opinions que quelques-uns de nos meilleurs ecrivains ont avancees a l'egard
des decorations de surface.