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Waring, John Burley; Tymms, William Robert [Ill.]
Masterpieces of industrial art & sculpture at the international exhibition, 1862: in three volumes (Band 3) — London, 1863

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https://doi.org/10.11588/diglit.1399#0135
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PLANCHE 244.

AIGUIERES ET BASSIN,

PAE GUEYTON, PARIS.

ALA premiere grande Exposition universelle de 1851, M. A. Gueyton obtint la recompense
honorifique la plus elevee,—la medaille du conseil; a Paris, en 1855, il recut une medaille
d'honneur, et a Londres, en 1862, le Jury lui a decerne une medaille " pour dessin artistique
et perfection de travail." "La plupart des objets exposes par ce fabricant," dit le rapporteur
officiel, " sont en bronze dore ou argente, dont le meYite artistique compense, et au-dela, la
valeur inferieure de la matiere premiere." Les objets que nous avons choisis de la collection de
M. Gueyton prouveront que ce fabricant meritait en tout point les eloges que lui a donnes le Jury
de la classe 33. L'aiguiere dans le style renaissance est en cuivre argente par le proc^de de la
galvanoplastie. L'aiguiere mauresque etait aussi en cuivre dore par le meme procede, et quoique
de deux pieds environ de hauteur, elle etait evaluee, y compris le bassin, a la modique somme
de 600 francs. M. Gueyton a aussi expose une tres-belle statue de Minerve, executee par le
sculpteur Salmson, dans le style chryselephantine des anciens Grecs; le visage, les bras et les
pieds de cette statue etaient en ivoire colore, et la draperie, etc., etait en bronze dore et
argente; c'etait une oeuvre d'une beaute peu ordinaire quant a la simplicite, au bon gout, a la
puissance artistique et a 1'execution. Nous avons aussi remarque parmi les objets de ce fabricant
un petit plateau sur lequel etaient represented, en bas-reliefs, Hercule et le lion Nemeen,—
excellent ouvrage d'art; de tres-beaux pots a couvercle admirablement bosseles et ciseles; des
coffrets dans le style byzantin; un tres-joli service a. the" et a cafe en vermeil, et decore d'email
dans le style etrusque; et enfin une grande variete de petits objets emailles :—broches, epingles,
bracelets, etc. L'epee d'honneur presentee au marechal Baraguay cl'Hilliers, et le bouclier crimeen
en repousse, etaient aussi remarquables comme ouvrages d'un vrai merite artistique. M. Gueyton
est chevalier de la Legion d'Honneur.

Parmi les divers objets enumeres dans les inventaires de l'epoque du moyen-age et de celle
de la renaissance, il n'y en a aucun qui s'y trouve plus frequemment que l'aiguiere et le bassin
qui l'accompagne. Pendant le moyen-age, ces objets etaient ordinairement en or ou en argent;
mais a la renovation de l'art romain, ils etaient generalement en cuivre incruste d'emaux
richement peints, et dans bien des cas ils 6taient faits de la maniere la plus couteuse,—en pierre
de grand prix, montee en or et en argent, emaillee et garnie de joyaux. Le mot aiguiere
vient du vieux mot francais aigue, qui signifiait eau, mot qu'on a conserve jusqu'aujourd'hui dans
le nom d'Aigues-mortes, Languedoc, et qui est derive du latin aqua. Nous lisons dans 1' " Archi-
tecture domestique " de Turner, tome II, que pendant le 146m8 siecle, " quand les tables etaient
servies, des serviteurs entraient dans la salle, portant des bassins, des aiguieres et des serviettes;
ils les presentaient a toutes les personnes de la compagnie, qui se lavaient les mains avant de
s'asseoir a table. Richard, comte d'Arundel, 1392, laissa a, sa femme une couple de bassins
en argent, dans lesquels il avait l'habitude de se laver avant son diner et son souper; " et comme
les fourchettes n'ont ete d'un usage general que vers le 164me et meme le 17toa siecle,—chaque
convive se servant de son propre couteau et de ses doigts,—il est evident, que si on considerait
que c'etait necessaire de se laver avant les repas, on devait en avoir encore plus besom apres
avoir mange. Dans le roman de Syr Degore nous lisons, " Et quand ils eurent tous soupes, le
nam apporta de l'eau dans la salle, et ils commencerent tous a se laver, et puis ils se rendirent
a leur chambre a coucher." L'eau etait versee sur les mains du convive dans le bassin par un
ecuyer ou un page, et elle etait parfumee; et le bassin lui-meme etait rempli d'eau de rose.
Cet usage continua d'exister jusqu'a, une epoq'ue comparativement recente; ainsi nous lisons
dans le prologue de " Taming of the Shrew," par Shakspeare, " Que quelqu'un lui presente un
bassin en argent rempli d'eau de rose; qu'un autre lui porte une aiguiere; et qu'un troisieme
lui offre un essuie-mains, et dise, ' Plait-il a votre seigneurie de se raffraichir les mains ?' "

Quoique Tom Coryat, le babillard " Oldcombian leg-stretcher," comme il s'appelait lui-meme,
nous informe que 1'introduction qu'il fit en Angleterre de l'usage de la fourchette, a, son retour
d'ltalie, 1611, fut consideree tellement affectee qu'on l'avait surnomme en derision "Eurcifer," il
n'y a aucun doute, cependant, qu'on se servait de fourchettes, meme en Angleterre, avant cette
epoque, quoique, peut-etre, pas generalement; mais des cette periode, a mesure que l'usage en
devint de plus en plus general, celui de l'aiguiere et du bassin aux repas diminua en proportion.
 
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