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https://doi.org/10.11588/diglit.1399#0180
PLANCHE 259.
OKNEMENTS EN CUIR,
DE MONTE-VIDEO, DU BRESIL, DE LA HONGEIE ET DU CAUCASE.
L'AMERIQUE du Sud et le Mexique ont toujours 6te celebres pour leurs harnais et autres
ornements en cuir. Les traditions des Maures, si fameux au moyen-age pour leurs
ouvrages en cuir, ont 6t6 transplantees au nouveau monde par les Espagnols et les Portugais,
dont le melange avec les races indigenes parait avoir produit des ouvriers qui possedent une
aptitude naturelle et toute particuliere pour le travail minutieux de l'ornementation. La selle
envoyee du Bresil etait couverte de devises gaufrees et relevees sur un fond ponce, rehaussees de
vert, de jaune, de rouge et de bleu, et portait, en outre, les armes de l'empereur du Bresil et
son monogramme D. P. II. La selle de Monte-Video etait couverte d'un dessin en relief sur un
fond fortement fonce, et les etriers en argent avaient la forme d'une couronne. Les lignes courbes
des arabesques etaient des plus gracieuses, et ressemblaient fort aux totumas, ou calebasses, que
les Indiens sculptent legerement en relief de la maniere la plus elaboree et la plus delicate. II
y avait a 1'Exposition un exemple frappant de l'adresse que les indigenes ont pour ce genre
d'ouvrage: c'etait une calebasse, sculptee a l'aide d'un canif ordinaire par un Indien de San
Carlos, province de Cojedes, et presentee par Pedro Castillo a M. P. L. Davis.
Parmi les autres objets envoyes de l'Amerique du Sud, nous mentionnerons une aiguiere et
une cuvette en faience peinte, fabriquees dans la province d'Amazonas, et qui ressemblaient fort
a, la faience algerienne; des articles en cuir gaufre et coupe a jour, qui venaient du Perou, et
une quantite d'objets de travail indien, parmi lesquels on remarquait surtout des paniers et autres
choses en filigrane qui se font a. Lima et a Ayacucho, ou ils passent sous le nom d'objets de
" Briscado." II y avait, entr'autres, une piece de ce genre exposee par Madame Kendall, qui
avait plus de deux pieds de hauteur, et qui surpassait probablement en grandeur et en delicatesse
de travail touts les autres ouvrages de cette espece a l'Exposition.
La Hongrie avait a l'Exposition plusieurs beaux specimens d'objets d'ornementation, de
harnais, etc., en cuir. Nous avons choisi pour notre illustration un porte-manteau couvert de la
peau d'une tete de cheval, et orne de cuir tresse et colore, de boutons en porcelaine et de
garnitures en mStal,— ouvrage admirablement concu et trahissant beaucoup de gout naturel dans
ses ornements. Nous pouvons dire autant de la fiasque et de la gibeciere en peau et cuir brode
envoyees par le baron Sina. Les guetres et le carquois en cuir envoyes du Caucase portaient le
cachet de l'art semi-oriental, et la bouteille a eau, couverte de maroquin brode, envoyee du Caire,
etait un bel exemple de l'ouvrage ordinaire qui se fait en Egypte. Soit que ces objets ne
parussent pas avoir assez d'importance pour qu'on en parlat, soit que l'art decoratif applique au
cuir ne fut pas du ressort du Jury de la classe 26, toujours est-il qu'aucune mention n'en a ete
faite; et, cependant, il est incontestable que ces objets presentaient bien des points interessants
sous le rapport de l'art, et pouvaient servir de lecons a nos manufacturiers qui s'occupent de la
fabrication d'objets deluxe en cuir; car, a notre avis, les selles du Bresil et d'Uruguay que nous
avons reproduites possedaient le plus de merite parmi toutes les selles qu'il y eiit a l'Exposition.
Apres avoir Scrit nos articles sur la reliure des livres, nous avons trouve quelques details qui
completeront nos remarques a ce sujet. II parait qu'en Angleterre, comme dans les autres pays,
l'etat du relieur formait un metier a part depuis une epoque bien plus reculee qu'on ne croit
generalement. Nous avons deja, parle de relieurs en France pendant le 14i!rae et le 156me siecle,
et nous trouvons aussi le nom de Robert, relieur, 1395, mentionne dans les registres de la
cathedrale de York, publies par M. Raine et cites par M. Wyatt dans son ouvrage interessant sur
l'art d'enluminer. Dans le " Foedera " de Rymer, vol. IX, p. 335, se trouve un compte de reliures
faites pour Henri V, 1416. Strype nous informe que l'archeveque Parker tenait dans sa maison
et salariait " des dessinateurs (pour tableaux), des graveurs, des peintres, des ecrivains et des
relieurs." Dans "John Dunton's Life and Errors," sous le regne de la reine Anne, il est con-
stats qu'a Londres on ne voulait d'autres reliures que de celles faites par M. Steel, " lesquelles
pouvaient rivaliser, pour la beaute comme pour la qualite, avec les reliures de Cambridge."
Horace Walpole, dans ses " Lettres," vol. II, p. 329, ecrit: " On me dit que les reliures en
velin faites a Dublin surpassent toutes les autres. Apportez-moi done, je vous prie, un livre relie
le mieux possible; je ne regarderai point au prix." (Voyez pour des details sur la fabrication
du cuir de Russie, "View of the Russian Empire," tome III, p. 513, par "W. Tooke.)
OKNEMENTS EN CUIR,
DE MONTE-VIDEO, DU BRESIL, DE LA HONGEIE ET DU CAUCASE.
L'AMERIQUE du Sud et le Mexique ont toujours 6te celebres pour leurs harnais et autres
ornements en cuir. Les traditions des Maures, si fameux au moyen-age pour leurs
ouvrages en cuir, ont 6t6 transplantees au nouveau monde par les Espagnols et les Portugais,
dont le melange avec les races indigenes parait avoir produit des ouvriers qui possedent une
aptitude naturelle et toute particuliere pour le travail minutieux de l'ornementation. La selle
envoyee du Bresil etait couverte de devises gaufrees et relevees sur un fond ponce, rehaussees de
vert, de jaune, de rouge et de bleu, et portait, en outre, les armes de l'empereur du Bresil et
son monogramme D. P. II. La selle de Monte-Video etait couverte d'un dessin en relief sur un
fond fortement fonce, et les etriers en argent avaient la forme d'une couronne. Les lignes courbes
des arabesques etaient des plus gracieuses, et ressemblaient fort aux totumas, ou calebasses, que
les Indiens sculptent legerement en relief de la maniere la plus elaboree et la plus delicate. II
y avait a 1'Exposition un exemple frappant de l'adresse que les indigenes ont pour ce genre
d'ouvrage: c'etait une calebasse, sculptee a l'aide d'un canif ordinaire par un Indien de San
Carlos, province de Cojedes, et presentee par Pedro Castillo a M. P. L. Davis.
Parmi les autres objets envoyes de l'Amerique du Sud, nous mentionnerons une aiguiere et
une cuvette en faience peinte, fabriquees dans la province d'Amazonas, et qui ressemblaient fort
a, la faience algerienne; des articles en cuir gaufre et coupe a jour, qui venaient du Perou, et
une quantite d'objets de travail indien, parmi lesquels on remarquait surtout des paniers et autres
choses en filigrane qui se font a. Lima et a Ayacucho, ou ils passent sous le nom d'objets de
" Briscado." II y avait, entr'autres, une piece de ce genre exposee par Madame Kendall, qui
avait plus de deux pieds de hauteur, et qui surpassait probablement en grandeur et en delicatesse
de travail touts les autres ouvrages de cette espece a l'Exposition.
La Hongrie avait a l'Exposition plusieurs beaux specimens d'objets d'ornementation, de
harnais, etc., en cuir. Nous avons choisi pour notre illustration un porte-manteau couvert de la
peau d'une tete de cheval, et orne de cuir tresse et colore, de boutons en porcelaine et de
garnitures en mStal,— ouvrage admirablement concu et trahissant beaucoup de gout naturel dans
ses ornements. Nous pouvons dire autant de la fiasque et de la gibeciere en peau et cuir brode
envoyees par le baron Sina. Les guetres et le carquois en cuir envoyes du Caucase portaient le
cachet de l'art semi-oriental, et la bouteille a eau, couverte de maroquin brode, envoyee du Caire,
etait un bel exemple de l'ouvrage ordinaire qui se fait en Egypte. Soit que ces objets ne
parussent pas avoir assez d'importance pour qu'on en parlat, soit que l'art decoratif applique au
cuir ne fut pas du ressort du Jury de la classe 26, toujours est-il qu'aucune mention n'en a ete
faite; et, cependant, il est incontestable que ces objets presentaient bien des points interessants
sous le rapport de l'art, et pouvaient servir de lecons a nos manufacturiers qui s'occupent de la
fabrication d'objets deluxe en cuir; car, a notre avis, les selles du Bresil et d'Uruguay que nous
avons reproduites possedaient le plus de merite parmi toutes les selles qu'il y eiit a l'Exposition.
Apres avoir Scrit nos articles sur la reliure des livres, nous avons trouve quelques details qui
completeront nos remarques a ce sujet. II parait qu'en Angleterre, comme dans les autres pays,
l'etat du relieur formait un metier a part depuis une epoque bien plus reculee qu'on ne croit
generalement. Nous avons deja, parle de relieurs en France pendant le 14i!rae et le 156me siecle,
et nous trouvons aussi le nom de Robert, relieur, 1395, mentionne dans les registres de la
cathedrale de York, publies par M. Raine et cites par M. Wyatt dans son ouvrage interessant sur
l'art d'enluminer. Dans le " Foedera " de Rymer, vol. IX, p. 335, se trouve un compte de reliures
faites pour Henri V, 1416. Strype nous informe que l'archeveque Parker tenait dans sa maison
et salariait " des dessinateurs (pour tableaux), des graveurs, des peintres, des ecrivains et des
relieurs." Dans "John Dunton's Life and Errors," sous le regne de la reine Anne, il est con-
stats qu'a Londres on ne voulait d'autres reliures que de celles faites par M. Steel, " lesquelles
pouvaient rivaliser, pour la beaute comme pour la qualite, avec les reliures de Cambridge."
Horace Walpole, dans ses " Lettres," vol. II, p. 329, ecrit: " On me dit que les reliures en
velin faites a Dublin surpassent toutes les autres. Apportez-moi done, je vous prie, un livre relie
le mieux possible; je ne regarderai point au prix." (Voyez pour des details sur la fabrication
du cuir de Russie, "View of the Russian Empire," tome III, p. 513, par "W. Tooke.)