PLANCHE 27,5.
YASE, COUYERTUEE DE LIYRE ET CIBOIRE,
PAR F. J. RUDOLPHI, PARIS.
LA planche ci-contre represente plusieurs specimens du talent de M. Rudolphi dans differents
styles de l'art decoratif; savoir, une couverture de livre en acier damasquine, dans le style
moyen-age, incruste"e d'emeraudes et ornee d'emaux, dont le bord est en argent travaille a jour;
un vase d'environ dix-sept pouces de hauteur, richement 6maille dans le style du 126me siecle,
dont les anses sont travaillees a, jour et enrichies de pierres precieuses,— ce vase, d'un effet riolie
et gracieux en meme temps, etait evalue- a 3,000 francs; et enfm un ciboire en vermeil, dont
le couvercle est orne d'emaux du 174me siecle, representant St. Pierre, un pretre juif, comme
embleme allegorique de l'Ancien-Testament, et une figure de femme emblematique du Nouveau-
Testament. La coupe du ciboire est ornee de trois medaillons representant de saints personnages,
et a la base on voit l'Annonciation, la Circoncision du Christ et le Crucifiment^ sur le bord se
lit l'inscription: " Prenez et mangez, ceci est mon corps."
Nous avons donne, a la planche 254, un specimen de l'orfevrerie d'eglise de M. Rudolphi,
et a la planche 1, une description de son grand vase allegorique en argent ; nous allons
maintenant parler de quelques-unes des pieces les plus remarquables de la nombreuse
collection d'objets si varies qu'il avait a l'Exposition, parmi lesquels nous mentionnerons
d'une maniere toute speciale—une table en argent oxyde, dediee aux Muses, dont le piedestal
et le pied etaient d'un dessin plein de fantaisie, un bouclier en argent repousse, — une
commande du roi de Danemark,— representant des legendes historiques, rendues avec une
hardiesse et une vigueur qui respirent l'esprit sauvage des sagas Scandinaves; un grand plateau
en acier, dont le dessin, representant Joseph vendu par ses freres, etait forme de contours
incrustes d'or et d'argent; le bord de ce plateau etait orne de medaillons representant quelques
evenements de la vie de Joseph; les figures dans ces dessins etaient en nielle sur un fond d'or.
Ce plateau etait, sous tous les rapports, une oeuvre des plus remarquables. Le premier specimen
de ce genre d'ouvrage a ete expose par M. Rudolphi a, Paris en 1855, et il a ete achete pour le
musee de South-Kensington. Outre ces objets, M. Rudolphi avait aussi dans sa collection de
nombreuses pieces d'orfevrerie en or et en argent enrichies d'emaux et de pierres precieuses, ainsi
qu'une grande variete de medaillons, etc., en argent oxyde,—tous ciseles de la maniere la plus
exquise, pour lesquels M. Rudolphi jouit d'une reputation si bien meritee, et dont il peut etre, a
juste titre, considcre comme l'inventeur.
Dans l'origine le ciboire etait un dais soutenu par quatre piliers, qu'on placait anciennement au-
dessus des autels. Pugin, dans son "Glossaire des Ornements ecclesiastiques," ditque le ciboire servait
a quatre usages differents : —1° pour couvrir l'autel et lui servir de protection; 2° pour supporter les
rideaux qui l'entouraient; 3° pour supporter la croix, qui etait placee au sommet du ciboire
longtemps avant qu'elle ne fut placee sur l'autel; et 4° pour contenir la Sainte-Eucharistie, qui
etait generalement placee dans un pyx, en forme d'une colombe doree, laquelle etait suspendue
sous la croix placee au centre du ciboire. Dans les eglises ou il n'y avait pas de ciboire, on
couvrait l'autel d'un dais en drap. Le nom de ciboire se donne aussi au vase dans lequel on
preserve l'Eucharistie, et il ressemble, quant a la forme, a un calice a, couvercle bombe. Le ciboire
de la cathedrale de Reims etait suspendu au-dessus de l'autel; on le decrifc comme etant en
vermeil, enrichi de saphirs et de grenats, — present fait a la cathedrale par Robert Courtenay,
archeveque de Reims, qui mourut en l'an 1323.
Pyx signifie litteralement boite; mais generalement on entend par ce mot un vase pour
contenir l'Eucharistie. On se servait aussi de -pyxes comme reliquaires et pour y mettre le pain
necessaire au service de l'autel. La plus ancienne forme d'un petit ciboire ou pyx est celle d'une
colombe. Perpetuus, eveque de Tours, laissa par testament, en 474, au presbyterien Amalarius,
une colombe en argent, pour y conserver le saint sacrement. Ces colombes etaient richement
travaillees en mctaux precieux et enrichies de pierres precieuses. A une epoque reculee,
on en fabriquait un grand nombre en email a Limoges. En Angleterre les pyxes etaient faits
de substances tres-communes; et Henri VII, dans son testament, se plaignant de "la simplicite
et de la grossierete de fabrication des pyxes en cuivre et en bois" generalement en usage,
ordonna d'en manufacturer un certain nombre en vermeil, pour les distribuer dans tout le pays.
On trouve aussi mention faite de pyxes en ivoire, en cristal et en bois, dont on se servait comme
reliquaires et pour contenir le pain de l'autel. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que la forme
de colombe etait principalement typique du Saint-Esprit.
YASE, COUYERTUEE DE LIYRE ET CIBOIRE,
PAR F. J. RUDOLPHI, PARIS.
LA planche ci-contre represente plusieurs specimens du talent de M. Rudolphi dans differents
styles de l'art decoratif; savoir, une couverture de livre en acier damasquine, dans le style
moyen-age, incruste"e d'emeraudes et ornee d'emaux, dont le bord est en argent travaille a jour;
un vase d'environ dix-sept pouces de hauteur, richement 6maille dans le style du 126me siecle,
dont les anses sont travaillees a, jour et enrichies de pierres precieuses,— ce vase, d'un effet riolie
et gracieux en meme temps, etait evalue- a 3,000 francs; et enfm un ciboire en vermeil, dont
le couvercle est orne d'emaux du 174me siecle, representant St. Pierre, un pretre juif, comme
embleme allegorique de l'Ancien-Testament, et une figure de femme emblematique du Nouveau-
Testament. La coupe du ciboire est ornee de trois medaillons representant de saints personnages,
et a la base on voit l'Annonciation, la Circoncision du Christ et le Crucifiment^ sur le bord se
lit l'inscription: " Prenez et mangez, ceci est mon corps."
Nous avons donne, a la planche 254, un specimen de l'orfevrerie d'eglise de M. Rudolphi,
et a la planche 1, une description de son grand vase allegorique en argent ; nous allons
maintenant parler de quelques-unes des pieces les plus remarquables de la nombreuse
collection d'objets si varies qu'il avait a l'Exposition, parmi lesquels nous mentionnerons
d'une maniere toute speciale—une table en argent oxyde, dediee aux Muses, dont le piedestal
et le pied etaient d'un dessin plein de fantaisie, un bouclier en argent repousse, — une
commande du roi de Danemark,— representant des legendes historiques, rendues avec une
hardiesse et une vigueur qui respirent l'esprit sauvage des sagas Scandinaves; un grand plateau
en acier, dont le dessin, representant Joseph vendu par ses freres, etait forme de contours
incrustes d'or et d'argent; le bord de ce plateau etait orne de medaillons representant quelques
evenements de la vie de Joseph; les figures dans ces dessins etaient en nielle sur un fond d'or.
Ce plateau etait, sous tous les rapports, une oeuvre des plus remarquables. Le premier specimen
de ce genre d'ouvrage a ete expose par M. Rudolphi a, Paris en 1855, et il a ete achete pour le
musee de South-Kensington. Outre ces objets, M. Rudolphi avait aussi dans sa collection de
nombreuses pieces d'orfevrerie en or et en argent enrichies d'emaux et de pierres precieuses, ainsi
qu'une grande variete de medaillons, etc., en argent oxyde,—tous ciseles de la maniere la plus
exquise, pour lesquels M. Rudolphi jouit d'une reputation si bien meritee, et dont il peut etre, a
juste titre, considcre comme l'inventeur.
Dans l'origine le ciboire etait un dais soutenu par quatre piliers, qu'on placait anciennement au-
dessus des autels. Pugin, dans son "Glossaire des Ornements ecclesiastiques," ditque le ciboire servait
a quatre usages differents : —1° pour couvrir l'autel et lui servir de protection; 2° pour supporter les
rideaux qui l'entouraient; 3° pour supporter la croix, qui etait placee au sommet du ciboire
longtemps avant qu'elle ne fut placee sur l'autel; et 4° pour contenir la Sainte-Eucharistie, qui
etait generalement placee dans un pyx, en forme d'une colombe doree, laquelle etait suspendue
sous la croix placee au centre du ciboire. Dans les eglises ou il n'y avait pas de ciboire, on
couvrait l'autel d'un dais en drap. Le nom de ciboire se donne aussi au vase dans lequel on
preserve l'Eucharistie, et il ressemble, quant a la forme, a un calice a, couvercle bombe. Le ciboire
de la cathedrale de Reims etait suspendu au-dessus de l'autel; on le decrifc comme etant en
vermeil, enrichi de saphirs et de grenats, — present fait a la cathedrale par Robert Courtenay,
archeveque de Reims, qui mourut en l'an 1323.
Pyx signifie litteralement boite; mais generalement on entend par ce mot un vase pour
contenir l'Eucharistie. On se servait aussi de -pyxes comme reliquaires et pour y mettre le pain
necessaire au service de l'autel. La plus ancienne forme d'un petit ciboire ou pyx est celle d'une
colombe. Perpetuus, eveque de Tours, laissa par testament, en 474, au presbyterien Amalarius,
une colombe en argent, pour y conserver le saint sacrement. Ces colombes etaient richement
travaillees en mctaux precieux et enrichies de pierres precieuses. A une epoque reculee,
on en fabriquait un grand nombre en email a Limoges. En Angleterre les pyxes etaient faits
de substances tres-communes; et Henri VII, dans son testament, se plaignant de "la simplicite
et de la grossierete de fabrication des pyxes en cuivre et en bois" generalement en usage,
ordonna d'en manufacturer un certain nombre en vermeil, pour les distribuer dans tout le pays.
On trouve aussi mention faite de pyxes en ivoire, en cristal et en bois, dont on se servait comme
reliquaires et pour contenir le pain de l'autel. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que la forme
de colombe etait principalement typique du Saint-Esprit.