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https://doi.org/10.11588/diglit.1399#0246
rLANCIIE 281.
FAIENCE DECOREE,
PAE AVISSEAU, TOURS.
ES poteries artistiques de terre emaillee et les imitations des faiences fines, dites faiences de
-*-^ Bernard Palissy, de M. E. Avisseau fils, Tours, ont ete placees depuis nombre d'annees,
par tous les connoisseurs, au premier rang parmi les objets les plus remarquables de l'art
ceramique moderne. M. Avisseau a recu la medaille de seconde classe a Paris en 1855, et a
l'Exposition de 1862, le Jury lui a decerne une medaille, la plus haute recompense qu'il fut
en son pouvoir d'accorder, "pour ses imitations des faiences dans le style de Bernard Palissy;"
ce qui est, nous sommes obliges de le faire remarquer, essentiellement inexact; car on ne peut
dire que les objets exposes par M. Avisseau fussent des imitations du style adopte par Bernard
Palissy. II est vrai que des poissons, des oiseaux, etc., etaient representes ad vivum sur deux
pieces de ce fabricant, mais la s'arr6tait toute imitation du genre du fameux artiste potier; et
de plus, les deux pieces les plus remarquables peut-etre de M. Avisseau etaient de beaux
specimens de la faience dite " Henri Deux," comme on peut le voir par les objets que nous
avons reproduits. Le plat avait deux pieds de longueur et etait evalue a £45 ; il etait decore
d'ornements en relief, representant un brochet, une breme, et une anguille, d'un naturel merveilleux.
Les chandeliers dans le style Henri Deux etaient evalues a £20 la paire; et nous ne pouvons en
faire un plus grand eloge que de dire qu'ils etaient en tout, tant pour le dessin que pour 1'execu-
tion, egaux a leurs modeles. Nous partageons entierement l'opinion de M. Binns a l'egard des
objets exposes par M. Avisseau, lequel dit, dans le "Mechanic's Journal," que "ces objets suffiraient
completement a etablir pour toujours la reputation de tout artiste fabricant, si meme il n'en
faisait jamais d'autres. Nous ne savons vraiment," ajoute M. Binns, " qu'admirer le plus, —
l'elegance du coloris, la beaute du modele ou la perfection de la fabrication."
Les specimens, uniques dans leur genre, des objets connus sous le nom de " faiences de
Henri Deux," ont toujours ete pour les archeologes une vexata qucestio, car on ne conna.it ni
l'endroit ou ils ont ete fabriques ni les noms des fabricants. Le nom distinctif qui leur a ete
donne provient de ce que plusieurs pieces de ce genre de faience portent le monogramme
de Henri II de France (1547—1559) ; ce qu'il y a de certain c'est que cette faience n'a pas ete
fabriquee apres le regne de ce monarque, et il est meme probable qu'on a commence a. en faire
sous le regne de son predecesseur, Francois I" (1515—1547). M. J. 0. Kobinson, dans ses
remarques preliminaires, a l'egard de cette faience, dans le catalogue de la collection d'objets pretes
au musee de South-Kensington, en donne des details fort interessants, et il arrive a conclure,
par une suite de raisonnements bien fondes, qu'elle a du etre fabriquee entre 1540 et 1560;
que la Touraine est la province ou elle se faisait, et que c'est un Francais, et non un Italien,
comme on l'a souvent suppose, qui en a et^ l'artiste, et qu'enfin c'est un orfevre, ou quelqu'un
verse dans l'art du relieur, qui a ete employe a. sa fabrication. Quelques-unes de ces conclusions
ont ete cette annee confirmees, d'une maniere remarquable, par M. Fillon, qui, dans une lettre
adressee a M. Eiocreux, le savant conservateur du musee de Sevres, assure qu'il a decouvert
qu'Oiron, pres de Thouars (Deux-Sevres), est l'endroit oil se fabriquait cette faience, qui etait
faite d'une argile trouvee dans les environs, par le potier Francois Charpentier et Jean Bernard,
bibliothecaire et secretaire de la famille Gouffier. M. Fillon ajoute, en outre, qu'ils ont fabrique
cette poterie pendant qu'ils etaient au service de Claude Gouffier, entre 1537 et 1560, et que les
monogrammes et les armes qui s'y trouvent sont ceux du roi, du dauphin Henri, du connetable
Anne de Montmorency, de Claude Gouffier, et du vicomte de Thouars. Pour plus amples details,
nous renvoyons le lecteur a la lettre de M. Fillon, qui a ete publiee dans le num6ro de Janvier de
" La Chronique des Arts," 1863, et qui contient des details pleins d'interet et fort importants.
FAIENCE DECOREE,
PAE AVISSEAU, TOURS.
ES poteries artistiques de terre emaillee et les imitations des faiences fines, dites faiences de
-*-^ Bernard Palissy, de M. E. Avisseau fils, Tours, ont ete placees depuis nombre d'annees,
par tous les connoisseurs, au premier rang parmi les objets les plus remarquables de l'art
ceramique moderne. M. Avisseau a recu la medaille de seconde classe a Paris en 1855, et a
l'Exposition de 1862, le Jury lui a decerne une medaille, la plus haute recompense qu'il fut
en son pouvoir d'accorder, "pour ses imitations des faiences dans le style de Bernard Palissy;"
ce qui est, nous sommes obliges de le faire remarquer, essentiellement inexact; car on ne peut
dire que les objets exposes par M. Avisseau fussent des imitations du style adopte par Bernard
Palissy. II est vrai que des poissons, des oiseaux, etc., etaient representes ad vivum sur deux
pieces de ce fabricant, mais la s'arr6tait toute imitation du genre du fameux artiste potier; et
de plus, les deux pieces les plus remarquables peut-etre de M. Avisseau etaient de beaux
specimens de la faience dite " Henri Deux," comme on peut le voir par les objets que nous
avons reproduits. Le plat avait deux pieds de longueur et etait evalue a £45 ; il etait decore
d'ornements en relief, representant un brochet, une breme, et une anguille, d'un naturel merveilleux.
Les chandeliers dans le style Henri Deux etaient evalues a £20 la paire; et nous ne pouvons en
faire un plus grand eloge que de dire qu'ils etaient en tout, tant pour le dessin que pour 1'execu-
tion, egaux a leurs modeles. Nous partageons entierement l'opinion de M. Binns a l'egard des
objets exposes par M. Avisseau, lequel dit, dans le "Mechanic's Journal," que "ces objets suffiraient
completement a etablir pour toujours la reputation de tout artiste fabricant, si meme il n'en
faisait jamais d'autres. Nous ne savons vraiment," ajoute M. Binns, " qu'admirer le plus, —
l'elegance du coloris, la beaute du modele ou la perfection de la fabrication."
Les specimens, uniques dans leur genre, des objets connus sous le nom de " faiences de
Henri Deux," ont toujours ete pour les archeologes une vexata qucestio, car on ne conna.it ni
l'endroit ou ils ont ete fabriques ni les noms des fabricants. Le nom distinctif qui leur a ete
donne provient de ce que plusieurs pieces de ce genre de faience portent le monogramme
de Henri II de France (1547—1559) ; ce qu'il y a de certain c'est que cette faience n'a pas ete
fabriquee apres le regne de ce monarque, et il est meme probable qu'on a commence a. en faire
sous le regne de son predecesseur, Francois I" (1515—1547). M. J. 0. Kobinson, dans ses
remarques preliminaires, a l'egard de cette faience, dans le catalogue de la collection d'objets pretes
au musee de South-Kensington, en donne des details fort interessants, et il arrive a conclure,
par une suite de raisonnements bien fondes, qu'elle a du etre fabriquee entre 1540 et 1560;
que la Touraine est la province ou elle se faisait, et que c'est un Francais, et non un Italien,
comme on l'a souvent suppose, qui en a et^ l'artiste, et qu'enfin c'est un orfevre, ou quelqu'un
verse dans l'art du relieur, qui a ete employe a. sa fabrication. Quelques-unes de ces conclusions
ont ete cette annee confirmees, d'une maniere remarquable, par M. Fillon, qui, dans une lettre
adressee a M. Eiocreux, le savant conservateur du musee de Sevres, assure qu'il a decouvert
qu'Oiron, pres de Thouars (Deux-Sevres), est l'endroit oil se fabriquait cette faience, qui etait
faite d'une argile trouvee dans les environs, par le potier Francois Charpentier et Jean Bernard,
bibliothecaire et secretaire de la famille Gouffier. M. Fillon ajoute, en outre, qu'ils ont fabrique
cette poterie pendant qu'ils etaient au service de Claude Gouffier, entre 1537 et 1560, et que les
monogrammes et les armes qui s'y trouvent sont ceux du roi, du dauphin Henri, du connetable
Anne de Montmorency, de Claude Gouffier, et du vicomte de Thouars. Pour plus amples details,
nous renvoyons le lecteur a la lettre de M. Fillon, qui a ete publiee dans le num6ro de Janvier de
" La Chronique des Arts," 1863, et qui contient des details pleins d'interet et fort importants.