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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 2) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.1336#0162
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(62

L'ËXPOSiTION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.

Le Prince impérial, président de l'Exposition
de 1867.

Nous disions, le 1er avril, à propos de la
distribution des récompenses : « Quand
M. de Forcade La Roquette a appelé le
grand prix de l'Empereur, il y a eu un in-
stant d'hésitation et d'embarras : qui remettra
à l'Empereur sa récompense? On s'est avisé
que le Prince Impérial, étant le Président de
la Commission impériale, était tcut désigné
pour remettre l'offrande. L'enfant s'est
avancé, les mains pleines, hésitant un in-
stant entre son père et sa mère; puis il a
remis la médaille à qui de droit. Le père a
ri, ayant les yeux mouillés : le visage de la
mère était rayonnant. »

« Voilà, nous a-t-on dit et écrit bien sou-
vent, un sujet de tableau tout trouvé : un fils
donnant une récompense à son père. Qu'im-
porte que le père soit Napoléon III? C'est le
motif du tableau qui est en lui-même sympa-
thique et touchant. Vous avez, par le crayon
et par la plume, fait le portrait de tous les
souverains qui ont visité l'Exposition ; et vous
omettriez le portrait du Prince qui préside la
grande solennité? Cela n'est pas possible. »

Cela n'était pas possible, en effet : mais
nous voulions un dessin digne du sujet. Le
voici : nos lecteurs n'auront rien perdu pour
attendre.

Eugène-Louis Napoléon, Prince Impérial,
est né le 16 mars 1856, dans tout l'éclat du
règne. Le canon qui saluait sa naissance an-
nonçait, quelques mois après, la prise de Sé-
bastopol.

Dans l'année 1859, Napoléon III ajoutait au
patrimoine de gloire de son fils la victoire de
Solférino, qui, par des voies différentes de
celles qu'avaient indiquées l'impérial vain-
queur, rendait, selon son vœu, l'Italie libre
des Alpes à l'Adriatique.

Ajoutons à l'actif du patrimoine impérial,
la réforme économique de 1860. L'Exposition
de 1867 est l'éclatante justification des traités
de commerce, conséquence de cette réforme
heureusement accomplie.

Le prince Napoléon qui avait présidé la
Commission impériale de 1862, à Londres,
ayant donné sa démission de président de la
Commission impériale de 1867, l'Empereur
n'a pas cru pouvoir mieux faire que de mettre.
l'Exposition universelle du Champ de Mars,
sous la présidence de son fils, le Prince Im-
périal.

Le Prince avait déjà donné son nom aune
société où la bienfaisance était mise sous le
couvert du crédit, le prêt de l'enfance au travail.

Une enseigne le représente allant vers
l'Exposition, et disant : Monpremierpas.-Cette
fois, la flatterie a été bien inspirée. Ouil c'est
là le premier pas que l'Enfant Impérial ait

fait en pleine connaissance de cause; il a à
peine onze ans révolus.

Qu'il n'oublie pas ce point de départ de sa
carrière, et qu'il reste fidèle au souvenir de
la grande manifestation de l'intelligence et
du travail, mise sous son invocation. Qu'il
n'oublie jamais que la gloire durable est dé-
sormais la récompense des œuvres pacifiques.

Lui, Président de l'Exposition universelle,
permettra-t-il que le monument de sa jeune
gloire disparaisse sans laisser de traces,
comme une oasis dont on a coupé les sour-
ces disparaît dans les sables?

Il a vu tous les souverains d'Europe venir
rendre hommage à cette œuvre de civilisation.
On a parlé pour lui et au milieu d'eux de liberté
et de progrès. Que plus tard, ce soit à ce
signe, à cette grande devise, qu'il se fasse re-
connaître de ses augustes hôtes d'aujour-
d'hui. Les acclamations de l'Europe et les
nôtres sont à ce prix.

Fr. Ducuing.

Il

La rue de Provence.

Pour découvrir et trouver la rue de Pro-
vence dans le dédale de secteurs qui coupent
et divisent le Palais de l'Exposition, il n'est
pas besoin de consulter le plan, il n'est pas
nécessaire d'avoir l'intuition topographique.

Il s'agit simplement d'avoir du nez, dans
l'acception la plus rigoureuse du mot.

Bien plus sûrement que le fil d'Ariane,
tracé sur vélin par les soins de M. Dentu, le
sens olfactif doit guider le curieux vers ce
coin que l'industrie du parfumeur s'est donné
la tâche d'embaumer.

Je dois l'avouer cependant, on ne trouve
point là ces orangers en fleurs qui verdoient
au bord de la Méditerranée et qui répandent
leurs senteurs énervantes dans les î'es
d'Hyères, ni les jasmins accrochant leurs pé-
tales, odorantes comme le miel, aux tonnelles
méridionales.

On peut élever un palais à l'Industrie,
mais on n'emprisonne pas la nature.

Là où les fontaines laissent couler des par-
fums, les plantes qui ont chargé le soleil d'a-
romatùer leurs sucs, .s'étioleraient comme
s'étiolent les créoles transplantés" sous un
ciel brumeux.

Mais si dans la rue dé Provence on ne voit
ni orangers ni jasmins, on ne saurait trop
s'en plaindre, car on trouve là, emprison-
nées dans les plus élégants flacons, des es-
sences qui enivreraient les sultanes blasées
de la Corne d'Or.

A respirer ces odorants effluves, on pen-
serait n'avoir plus rien à envier à l'Orient,
on croirait ne plus avoir le droit de demander
à la Perse la plus innocente de ses roses.

Ils-semblent-avoir voulu tenter Flore elle-

même ces distillateurs émérites qui, sous
leurs élégantes vitrines, onj entassé les ri-
chesses aromatiques dérobées par leur science
à la substance des fleurs. Quelques-uns ont
séduit le jury, M. A. Chiris, de Grasse,
entre autres, qui a obtenu une médaille d'or.

A côté des flacons de M. Chiris, on trouve
les eaux de Cologne de Jean-Marie-Farina,
l'alcool de menthe de Ricqulès, le vinaigre
de Bully, les essences de Muraour, de Grasse,
les savons de Pivert, Violet, Pinard, etc.

La maison Botot, dont la réputation est
plus que centenaire, a eu une heureuse idée.
Au centre du carrefour pratiqué en face de
la section de parfumerie, elle a fait placer
une statue, de nymphe probablement, qui
verse à tout venant et, comme si cela ne lui
coûtait rien, des parfums que tous les mou-
choirs se disputent.

Il faut voir combien cette gracieuse fon-
taine fait des heureux. On court, on se presse,
on se bouscule pour obtenir quelques gouttes
de cette eau parfumée que la naïade Botot
distribue à tous avec impartialité. Devant
les essences qu'elle prodigue tous les jours,
là batiste et la cotonnade sont égales. Il y en
a pour la duchesse comme pour le mouchoir
à carreaux du paysan.

Dans tout cela je ne plains que l'infiniment
complaisant commis charge de présenter à
l'amphore d'où s'échappe cette pluie odorante
le fin lin et le coton grossier qui veulent s'en
humecter. Le bras de ce serviteur dévoué est
condamné à un continuel va-et-vient qui doit
être bien fatigant lorsque sonnent cinq heu-
res et demi.

Espérons que la maison Botot, si savante
dans l'art de conserver les dents contempo-
raines, ne négligera pas l'avenir d'un em-
ployé que la science mécanique aurait beau-
coup de peine à remplacer.

Une femme, attirée dans la rue de Pro-
vence par les suaves émanations de la parfu-
merie, ne sait plus en sortir.

A côté des essences elle trouve les éven-
tails, ces confidents de toutes les pudeurs et
de toutes les malices féminines; car il ne
faut pas croire qu'un éventail soit simple-
ment ce complément de toilette qui se
compose de petites baguettes de bois, de
nacre, d'ivoire ou d'os, assemblées à leurs-
extrémités pour former la gorge de l'instru-
ment, et d'une feuille de vélin, de canepin, de
satin ou de taffetas ornée d'un dessin plus ou
moins fini. Non. L'éventail"n'est plus le
simple esmouchoir, l'esvenloir, l'esventeur des
nobles dames du douzième siècle.

Introduit de Chine en Europe par les Por-
tugais dans le courant du dix-septième siècle,
l'éventail en quart de cercle eut bientôt con-
quis le monde élégant. Encore quelque temps
et c'est à son éventail que Mme de Maintenon
confessera ses derniers péchés; c'est de son
éventail, transformé en sceptre du plaisir,
que la Dubarry se servira pour gouverner
Louis XV et l'a France.
 
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