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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 2) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.1336#0226
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226

L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.

I

La Boutique et l'Écurie du Maroc.

La boutique que l'empereur du Maroc a
fait installer au Champ de Mars avec addition
d'écurie pour ses chevaux, ressemble à toutes
les boutiques mauresques que j'ai vues en
Afrique, à Nedroma, vers la frontière du
Maroc aussi bien qu'à Constantine et sur la
frontière de Tunis.

Ce qu'on trouve rarement dans les bouti-
ques des villes d'Afrique, où l'eau est rare,
c'est la fontaine encadrée de briques émail-
lées dont la boutique du Maroc au Champ de
Mars a été gratifiée : ce qu'on n'y rencontre
jamais, c'est l'écurie dont elle est flanquée.

Parlons donc tout d'abord des chevaux
qu'elle abrite. Le cheval barbe vaut la peine
qu'on le regarde à côté du cheval des steppes
de Russie. Il a le même entrain, la même
fougue et, peut-être, une vertu de sang plus
haute. Il va tant qu'on veut qu'il aille; et
lorsqu'il tombe, c'est qu'il ne peut plus se
relever. Aveugle devant le danger, comme il
est insensible devant la fatigue, on le préci-
piterait dans un gouffre si son cavalier' l'y
entraînait. Nos chasseurs d'Afrique le con-
naissent bien, le coursier numide; et Dieu
sait à quelles extravagances d'héroïsme ils
l'ont conduit.

Le cheval barbe, qui ne diffère du cheval
arabe de l'Yémen que par ses proportions
plus petites et par la latitude où il vit, ne
mange que de l'orge, en fait de grains. L'a-
voine le grise. Du reste, il perd une partie
de sa vertu et de ses qualités, dès qu'on le
dépayse ; et je me figure qu'il en doit être de
même du cheval de l'Yémen, aux exploits
qu'on raconte de lui dans le pays natal, et
dont il est incapable dans nos pays du nord.
Pourquoi ne nous a-t-on pas donné une
représentation des chevaux du Maroc à Long-
champs, au milieu d'un exercice à feu, qui
leur aurait rappelé la fantasia arabe? Comme
le soldat, le cheval arabe demande à être vu
sous les armes, et au bruit de la poudre.

Passonsàla boutique du Maroc, exposée au
Champ de Mars, et que notre dessin repré-
sente, non loin du Bardo de Tunis. Cette bou-
tique est pour les villes mauresques ce que le
magasin du boulevard est pour les villes eu-
ropéennes. Mais, en Orient, il n'ya ni vitres ni
portes; et, au lieu de lambris dorés, on ne voit
que des tapis étalés sur les parois du mur,
contre lesquelles est adossé un banc recouvert
d'une natte et orné de coussins, dans les bou-
tiques de luxe. Sur le devant, à la portée de
tout venant, est une sorte d'étal où les bijoux
et les filigranes s'entassent dans'les sébiles,
et où les étoffes lamées d'or et d'argent sont
jetées en monceaux. Le marchand est étendu
sur le bancd'arrière-boutique, fumant plutôt
la cigarette que le chibouck, ayant à côté de
lui un petit guéridon incrusté de nacre où la.

tasse de café attend. La pratique, qui regarde
sur le devant de la boutique, n'est ni indis-
crète ni questionneuse. Elle passe, ou bien elle
achète. Si elle achète, elle prend l'objet, laisse
l'argent et s'en va. Il est rare que le mar-
chand se dérange pour voir si le compte est
exact. Dans tous les cas, la transaction s'ac-
complit en silence. « Le silence est d'or, »
dit l'Oriental.

On se figure généralement que le soleil
communique ses ardeurs aux populations
qui vivent sous son incandescence. Rien n'est
moins exact. Regardez le ciel d'Orient, par
les chaleurs les plus vives : il est d'un bleu
froi d et morne. L'Oriental est comme son ciel,
froid et morne aussi. Il vit de contemplation
et de silence. Le soleil trop ardent lui com-
munique, non sa flamme, mais ses torpeurs.
L'Arabe ne fuit ni devant le danger ni devant
la fortune : il les attend et les dédaigne. Seu-
lement quand un élan le pousse, il est comme
son cheval, il va jusqu'à ce qu'il tombe. Dans
ses jeux comme dans ses combats, il se dé-
mène jusqu'à extinction. Hors de là, il ne
bouge pas et fait le kief, savourant les délices
du repos et de l'oubli de lui-même et du
monde.

C'est pourquoi l'Oriental sacrifie tout aux
yeux, qui n'exigent pour jouir ni mouvement
ni fatigue. Il aime le clinquant, les étoffes
voyantes, les guillochages, les bois découpés
peints en couleurs crues mais bien assorties,
où l'ombre et la lumière se jouent en opposi-
tions tranchées à travers les losanges fouil-
lées à jour.

Si c'est pour voir des boutiques maures-
ques que vous faites le projet d'aller en
Orient, renoncez-y, et allez voir la boutique
de l'empereur du Maroc au Champ de Mars :
tout y est, les boutiquiers et leur assortiment,
les chevaux et leurs hennissements, avec la
fontaine sacrée sur le devant.

Pourquoi M. le baron de Lesseps, qui nous
en a donné une représentation si fidèle, n'a-
t-il pu y ajouter le soleil • — et le repos ?

F. Ducuing.

II

MUSÉE RÉTROSPECTIF.
Le saint Ciboire de la cathédrale de Sens.

Depuis quelques années, les travaux sur
le moyen âge se multiplient. Des archéologues,
des artistes, des écrivains, s'efforcent d'écar-
ter les voiles qui nous cachaient le passé !
Chaque jour, un chef-d'œuvre, enfoui dans
la nuit de l'inconnu, apparaît, et peu à peu,
le public, plus instruit, plus éclairé, s'in-
téresse plus vivement à ee legs glorieux des
siècles écoulés.

Au Champ de Mars la foule se presse dans
les salles du Musée Rétrospectif et vient ad-

mirer les merveilles de vingt siècles. Beau-
coup de visiteurs s'arrêtent devant le saint
ciboire que représente notre gravure. Par sa
forme, plus encore que par la richesse de ses
ornements, il attire l'attention. Il est en ver-
meil et se compose de deux hémisphères
aplatis rejoints d'un côté par une charnière,
de l'autre par un fermoir à barrette passée
dans des anneaux. Chaque hémisphère est.
orné de gravures assez fines et de feuillages
en relief rapportés. Le pied, très-mince et
très-léger, s'élargit à la base et est orné de
feuillages qui rappellent ceux des hémi-
sphères. L'hémisphère supérieur est surmonté
d'une boule en vermeil terminée par un an-
neau de suspension. Ce saint ciboire appar-
tenait à la cathédrale de Sens, et c'est sous ce
titre que M. A. de Gaussin le cite dans son
Portefeuille archéologique. Sa forme, je l'ai
dit, est assez remarquable pour attirer l'at-
tention. En effet, c'est une des dernières créa-
tions du style roman auquel nous devons de
si belles basiliques et qu'allaient faire oublier
les merveilles de l'architecture gothique, dont
les croisés rapportaient en Europe les formes
élégantes et hardies. Ai-je besoin de dire,
dès lors, que ce saint ciboire est du douzième
siècle?

Victor Cosse.

III -

Les Petits métiers.

LES MACHINES A CHOCOLAT DE M. DEVINCK.

La chocolaterie parisienne fabrique pour
vingt-quatre millions de produits environ. Elle
est donc une industrie importante, ,et qui
prendra de plus en plus de l'extension, parce
que le chocolat entre de plus en plus dans
nos habitudes d'alimentation. Les deux prin-
cipaux représentants de la chocolaterie pari-
sienne sont MM. Devinck et Ménier.

Notre gravure représente l'exposition de
M. Devinck, avec le moulin à broyer sur le
premier plan, et sur le second plan la ma-
chine à envelopper les tablettes de chocolat.

M. Devinék fabrique à Paris même, dans
une vénérable maison de la rue Saint-Honoré
que la position de M. Devinck à la Commis-
sion municipale met à l'abri des expropria-
tions de M. Haussmann, et où l'on peut voir
fonctionner son moulin à broyer. Il n'emploie
que le coke comme combustible, afin d'épar-
gner à ses voisins les inconvénients de la fu-
mée ': mais le chocolat fabriqué dans ces con-
ditions n'est pas seulement consommé à
Paris ; il est exporté dans toute la France et
à l'étranger. M. Devinck, membre de la Com-
mission municipale de Paris, me fera-t-il
la grâce de me dire de combien les droits
d'octroi qu'il paye pour le coke surchargent
le prix du chocolat qu'il exporte hors Paris?

ont
cha
 
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