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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 2) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.1336#0325
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^Plus belles reliures

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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.

325

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îlui dont nous reproduisons

in des plus charmants ta-

Hamon est un de ces pri-

|sont bien vus de tout le

aimé de ceux-là même qui

cembourg. « Les

temps et, comme il arrive toujours en pa-
reil cas, ils furent placés l'un en face de
l'autre, dans une sorte d'antagonisme, qu'ils
n'avaient pas cherché; il semblait que l'on
ne pût parler de celui-ci sans penser tout
aussitôt à celui-là. L'étude finissait toujours
par un parallèle. Déjà—si jeunes qu'ils fus-
sent — on voyait en
eux des chefs d'é-
coles, et ils avaient
; ssez de lalent pour
justifier le pronostic.
Depuis lorf, cha-
cun a suivi sa voie
— des voies diver-
gentes— chaque pas
qu'ils ont fait lfs a
écartés l'un de l'au-
tre. Esprit plus net
et plus positif, in-
telligence sagace et
froide, servie par une
habileté de main sin-
gulière, Gérôme a
serré de plus près la
réalité, et il est ar-
rivé à de rares effets
de précision minu-
tieuse. Hamon, tout
au contraire, emporté
par le vif courant
d'une imagination
riche et féconde, —
et aussi, pourquoi
ne pas le dire?— un
peu vagabonde —
n'a pas créé feule-
ment sa manière, il
a inventé jusqu'aux
sujets qu'il traite. Il
est le peintre d'un
monde à part, dans
lequel il nous fait
entrer avec lui, mon-
de de fantaisie, où
nous ne retrouvons
plus les réalités de la
vie quotidienne, où
nous voyons des
êtres à part, diffé-
rents de ceux qui
s'agitent autour de
nous; monde du rêve,
de l'illusion, parfois

aussi de l'hallucination; fantômes plus que
réalités, aperçus par un œil visionnaire. Ce
n'est pas nous qui incriminerons jamais ce
système. L'Art, pour nous n;est point la co-
pie et la reproduction de la nature, il en est
l'interprétation — interprétation intelligente,
spontanée et libre, dans laquelle chaque ar-
tiste met le cachet de sa personnalité. Peu
d'oeuvres furent jamais plus personnelles que
celles d'Hamon. Aussi, à première vue et en-
tre mille le reconnaît-on tout d'abord — et
je ne parle pas ici seulement des dilettanti

de la peinture, des fins connaisseurs, vite
familiarisés avec un genre et une manière, —
non, je parle de tout le monde, de monsieur
le premier venu. —- Que de fois n'avons-nous
point vu, en parcourant nos galeries d'expo-
position, un bourgeois endimanché, ou un
provincial authentique s'arrêter tout à coup,

M- GleyPnt pr^U6 "
débutèrent p

o^e

L'AURORE, lableau de M. Hamon, appartenant à S. M. l'Impératrice.

et planté sur sa canne à pomme d'or, dire à
sa tendre moitié :

Tiens! Voilà un Hamon !

Hamon est populaire — populaire et ori-
ginal ! Ne serait-ce point là, au besoin, la
part de deux ? A mes yeux — et pour mon
âme,— un des plus grands charmes de cette
peinture,— je crois l'avoir dit tcut à l'heure
— c'est qu'elle m'emporte loin du monde où
nous vivons, c'est qu'elle me fait oublier les
tristesses, les vulgarités, les ennuis de l'exis-
tence; ce pinceau est une baguette magique,

douée d'un pouvoir d'évocation, auquel rien
ne résiste, et qui fait apparaître devant
nous toute une création à part, recevant de
lui sa vie. La peinture de Hamon a pour
moi je ne sais quel étrange effet d'apaise-
ment. Pour trouver une sensation pareille il
faut que je le demande à un autre art. Celte
sensation, je l'é-
prouve quelquefois,
par exemple, en
écoutant certains
maîtres de la mu-
sique bouffe — non
bouffonne, — de Ci-
marosa, de Bellini
ou de Paesiello. —
En écoutant ceux-ci,
en regardant celui-là,
c'est la même séré-
nité profonde et cal-
me qui, peu à peu,
gagne mon âme et la
remplit. Il n'est pas
jusqu'à la couleur
des tableaux de Ha-
mon qui ne contri-
bue à augmenter
encore cette impres-
sion. On sent que le
jour qui les éclaire
n'est pas fait pour
des yeux mortels;
c'est une sorte de
lumière élyséenne
versée par des astres
cléments sur des
paysages que l'on a
rêvés, — mais que
l'on n'a pas vus. Les
personnages sont en-
tourés, enveloppés,
caressés de je ne sais
quelle atmosphère
plus chaude que la
nôtre; cette tonalité
générale, où domi-
nent les nuances les
plus suaves, le bleu,
le rose, le gris argen-
té, réjouit la rétine
qui s'épanouit douce-
ment en les contem-
plant. Des formes un
peu vagues, parfois
même trop mollement accusées, défaut chez
un autre, deviennent ici des qualités complé-
mentaires, qui achèvent l'œuvre dans la don-
née où elle a été conçue.

Je sais bien que l'on a reproché à ce rare
esprit un peu de recherche et même de pré-
ciosité. Mais on en a dit autant des artistes
pompéiens, avec lesquels il a plus d'un rap-
port. — Et ceci ne les empêche pas d'être les
maîtres souverains de la grâce et de l'élé-
gance. Les exagérations de la délicatesse ne
sont pas précisément les dangers qui nous
 
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