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World Fair [Hrsg.]
Revue de l'Exposition Universelle de 1889 — 1.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.1374#0005
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AVANT-PROPOS

tries souffraient; le goût manquait de finesse et l'on n'avait pas le loisir de l'affi-
ner. La France portait tristement sa gloire. Mais ne retrouve-ton pas sur les toiles
de Prud'hon, de Gros, de Girodet même, la trace de ces mélancolies profondes,
amassées dans le cœur du peuple par les souvenirs de la Terreur et les douleurs
des guerres incessantes? Ces mélancolies, Chateaubriand et Mme de Staël les ver-
saient dans leurs livres. Ainsi, tous les arts s'unissent pour exprimer les moments
de l'Histoire et en symboliser les activités.

A la Restauration, tout change : le génie de Victor Hugo éclate et l'abâtardis-
sement classique est vaincu. Voilà que l'avenir est libre : un cycle nouveau est
ouvert. Balzac et Berlioz ouvrent des horizons, le premier, à la littérature d'huma-
nité, le second, à la musique d'expression. Avec des mérites inégaux et différents,
Rude, David d'Angers, Jehan du Seigneur, Préault, tâchent à renouveler la sculp-
ture. Delacroix fait flamboyer la couleur en face d'Ingres qui cherche, avec un vrai
génie de patience et de conscience, l'intimité du dessin. Peu à peu, tous les arts
du mobilier se rajeunissent et s'émancipent. On sort de l'antique pour entrer dans
le gothique. On sortira bientôt du néo-gothique pour s'enhardir à chercher, en
toute chose, la « modernité. »

Merveilleuse époque, fiévreuse et tumultueuse, mais vraiment en travail de
nouveauté! De toutes parts se multiplient les tentatives. Rossini compose Guillaume
Tell; Meyerbeer essaye d'agrandir le théâtre avec Robert le Diable; Berlioz relève
la musique, amoindrie et ravalée. L'ardeur est chez tous et en tout. L'écrivain
s'inquiète du mot vivant qui fait image; le peintre se préoccupe de la vérité des
mouvements; le musicien veut peindre avec des sons; l'industriel est en quête de
types d'objets neufs, pratiques, et, s'il le peut, plus élégants. Un sentiment d'art
familier, appliqué aux nécessités mêmes de la vie, se mêle désormais à toute con-
ception.

Or, nous avons marché depuis ces jours de recherche, mais les caractères de
production que nous venons de signaler se sont accentués de plus en plus. Après
de douloureux combats et de sanglantes crises, nos esprits ont acquis un com-
mencement d'équilibre. Nous avons perdu certaines qualités lyriques d'ordre un
peu factice, et le rationalisme s'est emparé de nous. C'est le rationalisme qui dé-
finit proprement l'évolution actuelle. L'observation positive a pris le pas sur tous
nos soucis et se marque dans toutes nos œuvres. Nous avons essentiellement le
respect de la logique. Telle est la note actuelle de notre civilisation.

Dans ces conditions, et eu égard à la date de 1889, conclusion d'un cycle et
point de départ de progrès nouveaux, il nous a semblé que l'utilité et le haut intérêt
d'une publication spéciale destinée à consacrer le souvenir de VExposition univer-
selle internationale de 188g, ne seraient point discutables. Mais, pour réaliser ce
qu'on peut en attendre, une telle publication doit être méthodique et complète,
vivante et attrayante, c'est-à-dire accessible à tous.

C'est pourquoi nous avons conçu dans cet esprit le plan de la Revue de l'Ex-
position universelle de 188g.

Au surplus, qu'il nous soit permis d'exposer notre programme avec quelques
détails.
 
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