N° 70
L'EXPOSITION DE PARIS.
233
ACTUALITÉS
LE MONUMENT D'ALPHAND
En pleine avenue du Bois-de-Boulogne, dans
cette artère qui prend dans le Paris moderne la
place occupée jusqu'alors par celle des Champs-
Elysées, s'élève aujourd'hui le monument d'Al-
phand. C'est une
œuvre du sculpteur
Dalou, à qui Paris
doit encore depuis
l'année dernière le
groupe magistral du
Triomphe de la Ré-
publique érigé sur la
place de la Nation.
La statue de celui
qu'on a surnommé
le « grand embellis-
seur de Paris » forme
le centre d'un hémi-
cycle, sur la muraille
duquel se déroulent
en frise des groupes
de terrassiers, de ma-
çons, de jardiniers.
Le piédestal de la
statue est entouré
d'un autre groupe
plus important dans
lequel figurent qua-
tre personnages sem-
blant attendre les
ordres du maître :
c'est un ingénieur,
figuré sous les traits
de M. Huet, qui fut
le sous-directeur des travaux de Paris sous
Alphand; un architecte, dans lequel il est facile
de reconnaître M. Bouvard, architecte en chef
de la Ville de Paris et directeur des services
née et le chapeau mou à la main, prêtant atten-
tion aux projets présentés par les collaborateurs
groupés autour du socle du monument.
L'inauguration de cette statue ne pouvait
mieux trouver sa place qu'à la veille pour ainsi
dire d'entrer en cette année 1900, où les étran-
gers vont afiluer à Paris pour procéder à leurs
installations d'abord, et, en second lieu, pour
visiter les merveilles amoncelées au Champ-de-
Le monument d'Alpiiand. — Vue d'ensemble.
Mars, aux Invalides, aux Champs-Elysées par
les industriels, les commerçants, les artistes de
toutes les nations.
Le nom d'Alphand est d'ailleurs lié d'une
Faut-il tout d'abord rappeler ses débuts à Bor-
deaux, comme ingénieur ordinaire, au sortir de
l'École des Ponts et Chaussées? Sans doute,
puisque c'est là que le baron Haussmann
eut l'occasion de l'apprécier, tandis qu'il occu-
pait la préfecture de la Gironde. C'est en 1854,
qu Alphand est appelé à Paris par M. Hauss-
mann, devenu préfet de la Seine; il reçoit le titre
d'ingénieur en chef des promenadeset plantations.
Il avait alors trente-
sept ans; il était à
la moitié de sa vie et
allait encore consa-
crer trente-sept an-
nées au service de la
Ville de Paris. Une
rapide énumération
des grands travaux
poursuivis sous sa
direction sera plus
éloquente que de lon-
gues digressions :
témoignant de son
amour pour les
arbres et les jardins,
il commence par
la transformation et
l'aménagement du
Bois-de - Boulogne,
en 1858 ; il jette les
plans du parc Mon-
ceau en 1862 ; puis
viennent : le perce-
ment du boulevard
Bichard-Lenoir en
1863; la réfection du
Bois de Vincennes
(1864); la création
du parc des Buttes-
Chaumont (1867) et, presque en même temps
l'ouverture de l'avenue du Bois-de-Boulogne et
celle du parc de Montsouris.
La guerre éclate au moment où Alphand ve-
Le monument d'Alpiiand. — La cérémonie d'inauguration.
d'architecture de l'Exposition ; un peintre qui est
M. Boll et enfin un sculpteur, reproduisant l'au-
teur même du monument, M. Dalou.
Sur le piédestal ainsi encadré, se dresse la sta-
tue d'Alphand ; l'artiste l'a représenté dans une
tenue qui lui était familière, la jaquette déboutou-
Exp. II
façon indissoluble à l'Exposition de 1900, comme
il le fut à toutes celles qui ont précédé. Écoutons
M. de Selves, préfet de la Seine, qui, devant le
monument de l'avenue du Bois-de-Bouloçrne,
retrace la carrière du Grand Maître des Travaux
de Paris.
nait d'organiser les pépinières et les serres qui
devaient lui permettre plus tard d'émailler les
grandes voies de Paris des squares qu'il proje-
tait, et de créer des oasis de verdure qu'il consi-
dérait comme indispensables à l'hygiène pu-
blique, tout autant que ces grands réservoirs
70
L'EXPOSITION DE PARIS.
233
ACTUALITÉS
LE MONUMENT D'ALPHAND
En pleine avenue du Bois-de-Boulogne, dans
cette artère qui prend dans le Paris moderne la
place occupée jusqu'alors par celle des Champs-
Elysées, s'élève aujourd'hui le monument d'Al-
phand. C'est une
œuvre du sculpteur
Dalou, à qui Paris
doit encore depuis
l'année dernière le
groupe magistral du
Triomphe de la Ré-
publique érigé sur la
place de la Nation.
La statue de celui
qu'on a surnommé
le « grand embellis-
seur de Paris » forme
le centre d'un hémi-
cycle, sur la muraille
duquel se déroulent
en frise des groupes
de terrassiers, de ma-
çons, de jardiniers.
Le piédestal de la
statue est entouré
d'un autre groupe
plus important dans
lequel figurent qua-
tre personnages sem-
blant attendre les
ordres du maître :
c'est un ingénieur,
figuré sous les traits
de M. Huet, qui fut
le sous-directeur des travaux de Paris sous
Alphand; un architecte, dans lequel il est facile
de reconnaître M. Bouvard, architecte en chef
de la Ville de Paris et directeur des services
née et le chapeau mou à la main, prêtant atten-
tion aux projets présentés par les collaborateurs
groupés autour du socle du monument.
L'inauguration de cette statue ne pouvait
mieux trouver sa place qu'à la veille pour ainsi
dire d'entrer en cette année 1900, où les étran-
gers vont afiluer à Paris pour procéder à leurs
installations d'abord, et, en second lieu, pour
visiter les merveilles amoncelées au Champ-de-
Le monument d'Alpiiand. — Vue d'ensemble.
Mars, aux Invalides, aux Champs-Elysées par
les industriels, les commerçants, les artistes de
toutes les nations.
Le nom d'Alphand est d'ailleurs lié d'une
Faut-il tout d'abord rappeler ses débuts à Bor-
deaux, comme ingénieur ordinaire, au sortir de
l'École des Ponts et Chaussées? Sans doute,
puisque c'est là que le baron Haussmann
eut l'occasion de l'apprécier, tandis qu'il occu-
pait la préfecture de la Gironde. C'est en 1854,
qu Alphand est appelé à Paris par M. Hauss-
mann, devenu préfet de la Seine; il reçoit le titre
d'ingénieur en chef des promenadeset plantations.
Il avait alors trente-
sept ans; il était à
la moitié de sa vie et
allait encore consa-
crer trente-sept an-
nées au service de la
Ville de Paris. Une
rapide énumération
des grands travaux
poursuivis sous sa
direction sera plus
éloquente que de lon-
gues digressions :
témoignant de son
amour pour les
arbres et les jardins,
il commence par
la transformation et
l'aménagement du
Bois-de - Boulogne,
en 1858 ; il jette les
plans du parc Mon-
ceau en 1862 ; puis
viennent : le perce-
ment du boulevard
Bichard-Lenoir en
1863; la réfection du
Bois de Vincennes
(1864); la création
du parc des Buttes-
Chaumont (1867) et, presque en même temps
l'ouverture de l'avenue du Bois-de-Boulogne et
celle du parc de Montsouris.
La guerre éclate au moment où Alphand ve-
Le monument d'Alpiiand. — La cérémonie d'inauguration.
d'architecture de l'Exposition ; un peintre qui est
M. Boll et enfin un sculpteur, reproduisant l'au-
teur même du monument, M. Dalou.
Sur le piédestal ainsi encadré, se dresse la sta-
tue d'Alphand ; l'artiste l'a représenté dans une
tenue qui lui était familière, la jaquette déboutou-
Exp. II
façon indissoluble à l'Exposition de 1900, comme
il le fut à toutes celles qui ont précédé. Écoutons
M. de Selves, préfet de la Seine, qui, devant le
monument de l'avenue du Bois-de-Bouloçrne,
retrace la carrière du Grand Maître des Travaux
de Paris.
nait d'organiser les pépinières et les serres qui
devaient lui permettre plus tard d'émailler les
grandes voies de Paris des squares qu'il proje-
tait, et de créer des oasis de verdure qu'il consi-
dérait comme indispensables à l'hygiène pu-
blique, tout autant que ces grands réservoirs
70