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L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0271
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2,'. 2

ENCYCLOPÉDIE DU SIÈCLE.

nées, ce qui est assez général dans le pays. Sur
le voligeage de la toiture, on rapporte des mor-
ceaux d'écorce de sapin, posés à recouvrement,
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I1

! il II

Tympan d'arcature.

ce qui donne une superficie absolument im-
perméable; là-dessus, on étale des plaques de
terre gazonnée; les racines se fixent dans les
rugosités de l'écorce et retiennent la terre. De
temps en temps, on fauche son toit comme un
simple pré. La couverture gazonnée a l'avantage
de conserver la chaleur intérieure, mais sous le
climat sec de Paris, pendant l'été, le gazonnement
se fût vite desséché et la terre aurait été pulvé-
risée et emportée par les vents; aussi les bardeaux
ont-ils été préférés. L'architecte, pour plus d'élé-
gance, et pour faire valoir l'heureux choix des
bois et la perfection du travail, aurait désiré ver-
nir ses façades; le commissariat français a pru-
demment exigé que les bois fussent ignifugés, ce

M. Christophersen
Commissaire général de la Norvège.

qui s'accorderait mal avec un vernissage. Le
Pavillon norvégien sera donc couché avec des
peintures ignifuges, de colorations différentes.
Sur un ton général rougeâtre, les ornements et
découpures s'enlèveront en blanc ; pour être plus
trancha et plus éclatant à l'œil, l'effet n'en sera

que plus pittoresque. Ce mode de coloriage s'ac-
corde avec les habitudes locales.

Pour le3 ornements et les découpages, d'une
■ étrangeté saisissante, ils sont inspirés,
nous disent les organisateurs, des orne-
ments similaires que les paysans appli-
quent encore sur leurs demeures, et dont
ils se transmettent la tradition de père
en fils. Les organisateurs ont tenu compte
des formes actuelles, nous le voulons bien,
mais ils y ont ajouté une science archéolo-
gique, dont la précision et la pureté nous
démontrent qu'ils ont remonté aux sour-
ces des arts locaux, ceux qu'on pratiquait
dans les pays Scandinaves, du Ve au
XIe siècle de notre ère. Ce mode d'ornemen-
tation, dont nous avons tenu à publier quelques
spécimens, est connu sous le nom d'ornementa-
tion à entrelacs ; selon toutes probabilités, il est
né en Irlande, et, de là, il a rayonné sur les Iles-
Britanniques, où il a laissé de nombreux exem-
ples, notamment des croix en calcaire historiés
croix d'Aberlemno, de Saint-Vigean, d'Inch-
brayoe, etc.) et surtout des peintures de manuscrit.
On l'a dénommé art celtique (encore faut-il savoir
ce que l'on entend par l'expression Celtes) ; on
a cherché son origine, que l'on a cru voir (à tort)
dans certaines mosaïques romaines. Il est plus
simple de conclure à un cas sporadique, né spon-
tanément et s'irradiant autour d'un centre mal
connu. Toujours est-il, que cet art a été pratiqué
par les Scandinaves (Danois, Suédois et Norvé-
giens), et qu'il était surtout florissant à l'époque
des Vikings, ces hardis écumeurs de
mer, ces Northmans pirates qui ont
laissé des traces dans notre histoire.

Le principe de celte ornementation
consiste en des sortes de lacets plats,
ou de galons, entre-croisés et noués dans
une infinie diversité de combinaisons. Il
est impossible de retrouver une forme
certaine, empruntée au règne végétal ;
par contre, les formes animales sont
fréquentes et nombreuses. C'est l'en-
trelac zoomorphique. Les animaux re-
présentés sont de pure fantaisie : gui-
vres, dragons, chimères; leurs queues et
leurs langues, prodigieusement allon-
gées, se contournent, se replient et for-
ment des nœuds qui se relient et se
confondent avec l'ornementation am-
biante. Quant aux personnages repré-
sentés, ils sont de provenances analo-
gues : le guerrier, qui combat un dra-
gon est un arrangement d'après une
plaque d'orfèvrerie, du temps des Vikings. On
en compte de nombreux exemplaires dans les
musées du Nord (voir : Les temps préhistori-
ques dans les pays Scandinaves, par V. Mon-
telius, traduction Reinach, page 217, fig, 305).
Le guerrier à cheval, avec sa lance en arrêt,
ressemble singulièrement à une interprétation des
figures de la tapisserie de Bayeux, qui appartient,
si l'on veut, à l'art des Northmans. Quant aux orne-
ments à entrelacs, les Scandinaves les ont porlés
très loin; on a retrouvé une banderole à nœuds,
avec inscription runique, sur le flanc d'un lion
de marbre, que les Vénitiens enlevèrent au Pirée
près d'Athènes, pour le transporter dans leur
ville. Cette inscription et l'ornementation avaient
été tracées par un soldat de la garde (Varingar)
des empereurs byzantins, presque entièrement
composée de Scandinaves.

Nous sommes bien loin du quai d'Orsay; ce
souci d'archéologie n'enlève rien à la valeur ar-
tistique du Pavillon norvégien, au contraire.
Les ornements à entrelacs s'appliquent admira-
blement au découpage, et si quelques-uns de nos
lecteurs s'adonnaient à l'intéressant travail du re-
perçage, ils trouveraient, en ces spécimens, de
curieux modèles qui varieront un peu les types
en usage chez nous. Les traits intérieurs sont en
creux; on peut les exécuter avec un burin carré.

L'intérieur du pavillon se composera d'un
grand hall, entouré de galeries; le tout en bois,
naturellement, et dans le style de l'extérieur. On
y verra une exposition des produits de la chasse
et de la pêche; des objets de sport et de tourisme,
et enfin des tableaux panoramiques représentant
des sites pittoresques de la Norvège.

Paul Jorde.

Au quai d'Orsay. — Les jours s'écoulent et
la date de l'ouverture de l'Exposition se rapproche
d'autant. En dépit de l'avance obtenue tout
d'abord, on n'est pas sans appréhender quelques
retards, qui proviennent, il faut le dire, plutôt
des circonstances extérieures. L'hiver, qui n'est
pas fini, s'est montré assez clément, quant au
froid ; par contre, il a été, jusqu'ici, singulière-
ment humide, et les pluies ont été abondantes,
trop abondantes même. Les terrains des chantiers
détrempés se prêtent difficilement aux charrois,
et l'on se demande comment arriveraient les
objets à exposer, si l'on n'avait installé ces lignes
ferrées, qui, posées sur un sol résistant, n'ont
rien à craindre de la liquéfaction générale qui
transforme chemins et routes en des marécages
gluants et impraticables.

Au quai d'Orsay, les pavillons étrangers sont
à peu près terminés, sauf de rares exceptions,
quant aux parties extérieures. Il ne reste plus
qu'à aménager les salles d'expositions : la ma-
jeure partie des objets qui figureront dans la

Le Pavillon de la Norvège.
Motif d'ornementation du pignon milieu.

série de musées pittoresques, qu'on nous promet,
est arrivée; les caisses et les ballots attendent, en
entrepôts, le moment de l'installation définitive;
à mesure que se terminent les pavillons étrangers,
on se rend compte du succès considérable que
remportera, à coup sûr, cette partie de l'Exposi-
tion. De quelque côté que l'on se place, sur le
bord du fleuve, ou dans la rue intérieure, les
motifs pittoresques abondent, et lorsqu'on se
hisse sur la plate-forme mobile qui est construite
tout le long du quai, le long de la clôture de
l'Exposition même, les points de vue sont encore
plus pittoresques.

Lorsque Avril prochain aura rendu des feuilles
aux arbres dépouillés, le tableau sera plus gai et
plus riant à l'œil. On perdra peut-être quelques
détails intéressants que masqueront les branches
feuillues, mais l'ensemble en prendra plus d'in-
timité et plus de grâce.

Au delà du pont de l'Aima, la série des construc-
tions se poursuit; et derrière l'énorme masse du
Palais des Armées de terre et de mer, on voit
s'élever de nombreux bâtiments, qui, les uns et
les autres, abriteront des engins de destruction,
et qui, malgré cette destination rébarbative, n'en
sont pas moins d'une élégance et d'une richesse
singulières, surtout si l'on considère l'endroit
assez resserré sur lequel ils sont construits
 
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