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L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0349
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320

ENCYCLOPEDIE DU SIECLE.

Le bruit de celte découverte fut énorme et il se
produisit dans la région diamantifère cet exode
des mineurs et des aventuriers crue nous avons
vu se renouveler récemment lors de la décou-
verte des mines d'or de l'Alaska.
C'est seulement en 1870 qu'un
mineur du Vaal, Robinson,qui
a donné son nom à l'une des
mines lesplusfameuses,parvint
à trouver l'emplacement exact
des gisements diamantifères,
et dans des conditions qui rap-
pellent exactement l'aventure
de John O'Reilly.

De Béer, qui a donné son
nom à la puissante compagnie,
qui a réalisé dans l'Afrique du
Sud, sousl'inspiration de M. Ce-
cilRhodes, l'adversaire acharné
du président Kruger, le mono-
pole de l'exploitation des dia-
mants du Cap, était également
un simple fermier qui dut ven-
dre pour 30 000 francs les ter-
rains qu'il possédait, se trou-
vant impuissant à les défendre
contre les aventuriers anglo-
saxons accourus à la curée. Son
sort fut d'ailleurs celui de tous
les fermiers orangistes, qui se
trouvaient établis dans cette
région. D'ailleurs, derrière ces aventuriers, l'An-
gleterre elle-même n'allait pas tarder à appa-
raître. Le 7 novembre 1871, prétextant qu'il
était de son devoir de prendre
sous sa protection un pays où
se trouvaient un si grand nom-
bre de ses nationaux, alléguant
des traités d'une authenticité
douteuse, prétendant défendre
les droits d'un chef indigène
du Criqualand, elle fit amener
dans celte région le drapeau de
l'État libre d'Orange et hisser
celui du Royaume-Uni par un
corps de policemen.

La spoliation fut si flagrante,
que l'Angleterre dut en conve-
nir elle-même beaucoup plus
tard et qu'elle versa à l'Etat
libre d'Orange l'extraordinaire
indemnité de 2 500 000 francs
pour un territoire produisant
des milliards.

Une fois la période des affleu-
rements terminée, quand il fal-
lut continuer les recherches à
des profondeurs déplus en plus
grandes dans la terre, les condi-
tions d'exploitation des mines
se modifièrent. La production
diamantifère s'industrialisa ; de
fortes sociétés se constituèrent
qui, peu à peu, fusionnèrent les
unes avec les autres ou furent
achetées par le groupe princi-
pal propriétaire de la de Beers.
C'est par centaines de millions
et par milliards qu'il faut chif-
frer les transactions financières
qui ont lieu pour en arriver là.
La puissante Société emploie
un personnel d'environ 1500
employés ou ouvriers blancs et
6 à 7000 noirs. Ces derniers
sont préférés pour le travail des
mines, car ils s'astreignent à
des mesures draconiennes qu'on
ne peut employer à l'égard des
blancs. Pour être admis ;aux
mines ou aux ateliers, les noirs doivent se con-
stituer prisonniers pour unc'période en général
de trois mois.

L'enceinte renfermant les baraquements où ils
sont logés, nous dit M. "VYallack, directeur de la
Revue professionnelle « le Diamant », est en-
tourée d'un double rempart gardé par des hom-

Les chaussées de l'avenue Nicolas

mes armés, illuminée toute la nuit par des fa-
naux électriques, et môme recouverte en grande
partie par un treillis de fil de fer destiné à em-

Avant l'ouverture. — Déchargement d'un châssis pour machine.

pêcher qu'on puisse jeter rien au dehors. Per-
sonne ne pénètre là, sinon un petit nombre de
surveillants blancs, considérés comme très sûrs,

mais néanmoins surveillés eux-mêmes, car l'es-
pionnage surtout est là à l'ordre du jour. C'est la
Société qui se charge de fournir aux nègres tous
les objets qui leur sont nécessaires, à l'exception
des liqueurs fortes qui sont
interdites.

Quand un noir veut, au bout
de quatre ou cinq mois, sortir
du compound (c'est le nom de
cette enceinte de baraquements
où la Société le loge et le nour-
rit), il doit subii dans une par-
tie locale appropriée une obser-
vation continue, accompagnée
d'un traitement énergique dont
on devine aisément la nature,
et ce n'est qu'après avoir re-
connu la pureté de son âme
et de son corps, qu'on l'autorise
à prendre la clef des champs...
pour aller se griser dans les ca-
barets de la ville.

Suivre dans ses détails l'ex-
traction du minerai, dénombrer
les diverses opérations qui se
succèdent pour en arriver cha-
que jour à retenir les 90 litres
de cailloux qui représentent à
peu près le tir définitif quoti-
dien, cela nous entraînerait
trop loin. Les nègres, devons-
nous constater toutefois avec M. Wallack, sont
beaucoup plus habiles que les blancs pour décou-
vrir les pierres. En fin de compte, chaque jour,
on récolte un demi-litre de dia-
mant pesant 1800 grammes et
valant 260 000 francs.

A côté des compounds, sont
les workshops, ateliers où la
compagnie entretient des cen-
taines d'ouvriers européens, ca-
pables de restaurer ou d'ajuster
le matériel des mines; de là
aussi part l'électricité qui inonde
toute la région dès la chute du
jour.

A deux milles de Kimberley,
Cecil Rhodes, pour rendre la
vie plus agréable à ses employés,
a fait construire un village mo-
dèle du nom de Kenilworth.
Là, aux abords d'un grand lac,
s'élèvent les villas que la Com-
pagnie cède à bas prix à ses
employés; ces hahitalions sont
environnées de jardins, dotées
d'eau abondante, les unes sont
plantées de trois rangées d'eu-
calyptus, les ronds points cou-
verts de verdure, tandis que de
tous les côtfs du village se trou-
vent des vergers et des ton-
nelles capables de fournir du
fruit et du raisin à tous les
employés. Tout ce confort, vé-
ritablement britannique, mas-
que à peine toutefois la plus for-
midable surveillance. Les règle-
ments en vigueur ne plaisantent
pas et la loi est dure. Personne,
dans la colonie du Cap, ne peut
avoir en main un diamant brut
sans une licence spéciale de
marchand de diamants, qui
n'est accordée qu'à bon escient,
ou sans une pièce authentique
de la police, certifiant qu'il a
acheté la pierre dans des con-
ditions déterminées. Pour qui-
conque contrevient à cotte dé-
fense, la punition est réglée d'avance : elle est de
sept ans de travaux forcés sans discussion possible.

A. COFFIGNON.


 
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