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https://doi.org/10.11588/diglit.11576#0031
de l' art chez les Grecs. 21
mâles et décidés, quoiqu'un peu durs , qu'on parvient à la vérité
et à la beauté des formes. Tandis que l'art rnarchoit à grands pas
vers la perfection, la tragédie s'élevoit à la même hauteur par.la
force de la diction et par le'grand sens de l'expression. Ce fut
en employant ce style qu'Euripide donna à ses personnages cette
sublimité d'expression , et à la vraisemblance l'effet de la vérité.
Toutes les productions de l'esprit respiroient la poésie ; l'éloquence
même n'en étoit point exempte, ainsi que le prouvent les ouvra-
ges de l'orateur Gorgias (1).
§. 2/1.• Je ne puis terminer ces observations sur l'ancien style,
sans faire remarquer l'ignorance d'un artiste qui, comme du
Fresnoy, ne devint auteur, que parce qu'il ne pouvoit devenir bon
peintre. Il assure qu'on doit donner le nom d'antique à tous les
monumens connus depuis Alexandre le Grand, jusques à l'em-
pereur Phocas (2). Mais il se trompe aussi bien en fixant le com-
mencement de cette époque qu'en en déterminant la fin. On peut
juger par ce que nous avons dit et par ce qu'il nous reste à dire,
qu'il existe des ouvrages antérieurs à Alexandre, et que l'âge de
l'art finit avant Constantin. C'est aussi une erreur de croire avec
Montfuicon (5), qu'il ne sVst conservé d'autres ouvrages des
sculpteurs grecs que ceux du teins où Rome s'enrichit des dé-
pouilles de la Grèce.
§. 24. Le flambeau de la liberté ayant éclairé la Grèce, l'ait
y acquit plus de hardiesse et de sublimité; car l'ancien style étoit
fondé sur un système qui consistait à suivre des règles emprun-
tées de la nature; mais les artistes ayant ensuite abandonné ces
règles, s'adonnèrent à l'idéal, s'écartèrent de la vérité des formes,
et travaillèrent plus d'après le système adopté, que d'après la
■ (1) Arist. Rhet. I. iij, c. i. Voyez ci-
*près l vj , ch. 1, §. 2i.
(a) De Piles, Remarques sur l'art de
^a Peinture de Dufresnoy, p. 1 oo.
Ant, explie]. t. iij, part. 2, p. 6,
§. 5. Il dit qu'il existe peu de monumens
de cette espèce , en comparaison de la
quantité de ceux qui ont été faits dans
la suite. C. F.
mâles et décidés, quoiqu'un peu durs , qu'on parvient à la vérité
et à la beauté des formes. Tandis que l'art rnarchoit à grands pas
vers la perfection, la tragédie s'élevoit à la même hauteur par.la
force de la diction et par le'grand sens de l'expression. Ce fut
en employant ce style qu'Euripide donna à ses personnages cette
sublimité d'expression , et à la vraisemblance l'effet de la vérité.
Toutes les productions de l'esprit respiroient la poésie ; l'éloquence
même n'en étoit point exempte, ainsi que le prouvent les ouvra-
ges de l'orateur Gorgias (1).
§. 2/1.• Je ne puis terminer ces observations sur l'ancien style,
sans faire remarquer l'ignorance d'un artiste qui, comme du
Fresnoy, ne devint auteur, que parce qu'il ne pouvoit devenir bon
peintre. Il assure qu'on doit donner le nom d'antique à tous les
monumens connus depuis Alexandre le Grand, jusques à l'em-
pereur Phocas (2). Mais il se trompe aussi bien en fixant le com-
mencement de cette époque qu'en en déterminant la fin. On peut
juger par ce que nous avons dit et par ce qu'il nous reste à dire,
qu'il existe des ouvrages antérieurs à Alexandre, et que l'âge de
l'art finit avant Constantin. C'est aussi une erreur de croire avec
Montfuicon (5), qu'il ne sVst conservé d'autres ouvrages des
sculpteurs grecs que ceux du teins où Rome s'enrichit des dé-
pouilles de la Grèce.
§. 24. Le flambeau de la liberté ayant éclairé la Grèce, l'ait
y acquit plus de hardiesse et de sublimité; car l'ancien style étoit
fondé sur un système qui consistait à suivre des règles emprun-
tées de la nature; mais les artistes ayant ensuite abandonné ces
règles, s'adonnèrent à l'idéal, s'écartèrent de la vérité des formes,
et travaillèrent plus d'après le système adopté, que d'après la
■ (1) Arist. Rhet. I. iij, c. i. Voyez ci-
*près l vj , ch. 1, §. 2i.
(a) De Piles, Remarques sur l'art de
^a Peinture de Dufresnoy, p. 1 oo.
Ant, explie]. t. iij, part. 2, p. 6,
§. 5. Il dit qu'il existe peu de monumens
de cette espèce , en comparaison de la
quantité de ceux qui ont été faits dans
la suite. C. F.