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https://doi.org/10.11588/diglit.11576#0297
de l'art sous Alexandre. 287
la lueur dû flambeau de l'observation et de l'expérience. Tels fu-
rent toujours les principes des grands hommes. De-là nous pou-
vons conclure qu'on avoit négligé le vrai pour l'idéal, en créant
des types qui ne tenoient plus à la nature; c'est-à-dire, que les
grands maîtres des tems précédons, aytmt cherché à produire lui
beau et un sublime au-dessus des conceptions humaines, il sera
arrivé que-ce type, en s'écartant de la nature, n'aura plus per-
mis d'en reconnoiîte les parties. Lysippe y ramena l'art en se
livrant à la contemplation et à l'imitation de la nature; ce qu'il
lit sans doute principalement par la partie du dessin que nous
nommons l'anatornie (1). Quant à ses ouvrage , il ne nous en
est point parvenu , à ce que je sache; et il nous reste peu d'es-
pérance d'en découvrir jamais , attendu que cet artiste n'a tra-
vaillé qu'en bronze : et il n'y a rien de moins prouvé que ce soit
lui qui ait fait les quatre beaux chevaux de ce métal, placés sur
le portail de l'église de S. Marc, à Venise (2). Il est étonnant
néanmoins qu'on ait perdu tous les ouvrages de ce grand homme,
sur-tout quand on considère leur quantité ; car quand même il
paroîtroit incroyable qu'un seul artiste eût pu produire six cents
dix figures de bronze, comme le dit Pline (5), nous avons tou-
jours lieu d'admirer son amour pour le travail par le nombre
d'ouvrages que les anciens lui ont attribués ; et ent/autres par
les vingt-une statues équestres des gardes à cheval d'Alexandre,
qui perdirent la vie en défendant celle de leur maitre au passage
( 1) Lysippe avoit coutume de dire que fait ses prédécesseurs. Idem, ibid. Parmi
le Doriphore de Polyclète avoit été son un si grand nombre de statues exécutées
maître dans l'art. Cicer. De c/ar. orat. par Lysippe, celle qu'il fit pour les Ta-
c. 8S, n. 20,6. Eupompe lui en indiqua rentras , et qui avoit quarante coudées
un meilleur, en lui proposant la nature de liaut,étoit une des plus célèbres.E.M.
même. Plin. /. xxxiv, c. 8, sac t. 19, §. 6. (2) Voyez ci-dessus liv. iv,ch. 7, §.55,
Quoiqu'en effet, il en jutiait l'objet de ses 41 et 53.
études, on sait cependant que, pour don- (5) Plin. /. xxxiv, c. 7 , sect. 17. Se-
ner plus d'élégance à ses ligures, il leur Ion la leçon deHardouin, il en avoit fait
a fuit des têtes plus petites et un corps quinze cent. C. F,
plus grêlé et plus svelte que ne l'avoient
la lueur dû flambeau de l'observation et de l'expérience. Tels fu-
rent toujours les principes des grands hommes. De-là nous pou-
vons conclure qu'on avoit négligé le vrai pour l'idéal, en créant
des types qui ne tenoient plus à la nature; c'est-à-dire, que les
grands maîtres des tems précédons, aytmt cherché à produire lui
beau et un sublime au-dessus des conceptions humaines, il sera
arrivé que-ce type, en s'écartant de la nature, n'aura plus per-
mis d'en reconnoiîte les parties. Lysippe y ramena l'art en se
livrant à la contemplation et à l'imitation de la nature; ce qu'il
lit sans doute principalement par la partie du dessin que nous
nommons l'anatornie (1). Quant à ses ouvrage , il ne nous en
est point parvenu , à ce que je sache; et il nous reste peu d'es-
pérance d'en découvrir jamais , attendu que cet artiste n'a tra-
vaillé qu'en bronze : et il n'y a rien de moins prouvé que ce soit
lui qui ait fait les quatre beaux chevaux de ce métal, placés sur
le portail de l'église de S. Marc, à Venise (2). Il est étonnant
néanmoins qu'on ait perdu tous les ouvrages de ce grand homme,
sur-tout quand on considère leur quantité ; car quand même il
paroîtroit incroyable qu'un seul artiste eût pu produire six cents
dix figures de bronze, comme le dit Pline (5), nous avons tou-
jours lieu d'admirer son amour pour le travail par le nombre
d'ouvrages que les anciens lui ont attribués ; et ent/autres par
les vingt-une statues équestres des gardes à cheval d'Alexandre,
qui perdirent la vie en défendant celle de leur maitre au passage
( 1) Lysippe avoit coutume de dire que fait ses prédécesseurs. Idem, ibid. Parmi
le Doriphore de Polyclète avoit été son un si grand nombre de statues exécutées
maître dans l'art. Cicer. De c/ar. orat. par Lysippe, celle qu'il fit pour les Ta-
c. 8S, n. 20,6. Eupompe lui en indiqua rentras , et qui avoit quarante coudées
un meilleur, en lui proposant la nature de liaut,étoit une des plus célèbres.E.M.
même. Plin. /. xxxiv, c. 8, sac t. 19, §. 6. (2) Voyez ci-dessus liv. iv,ch. 7, §.55,
Quoiqu'en effet, il en jutiait l'objet de ses 41 et 53.
études, on sait cependant que, pour don- (5) Plin. /. xxxiv, c. 7 , sect. 17. Se-
ner plus d'élégance à ses ligures, il leur Ion la leçon deHardouin, il en avoit fait
a fuit des têtes plus petites et un corps quinze cent. C. F,
plus grêlé et plus svelte que ne l'avoient