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E. WIPSZYCKA

doxes, mais aussi des patriarches monophysites.

Ce dernier fait est incommode pour les partisans de l'interprétation
nationaliste: en effet, il est gênant d'admettre que des mouvements qu'on
considère comme anti-grecs, étaient dirigés par des Grecs. Cette gêne
engendre des idées bizarres.

En 1983, au IXe congrès patristique à Oxford, G.H. Bebawi (du Sémi-
naire Théologique Copte Orthodoxe du Caire) a présenté une communi-
cation dans laquelle, se fondant sur un texte hagiographique tardif qui est
connu exclusivement dans sa version arabe, il soutenait qu'Athanase était
né en Haute Égypte, dans une famille copte, partiellement païenne.78

Athanase en tant que Grec gênait également L.Th. Lefort. Sans mettre
en doute son appartenance au groupe grec, il en a fait un auteur écrivant
non seulement en grec, mais aussi en copte.79 Il s'est fondé sur les ressem-
blances qu'il a constatées entre un petit traité, écrit sous la forme d'une
lettre, conservé par un seul manuscrit en copte, et qui, dans le manuscrit,
est attribué à Athanase,80 et un ouvrage qui, dans le manuscrit qui l'a
conservé, est attribué à Pachôme et qu'on appelle communément Catéchèse
à propos d'un moine rancunier,81 Lefort soutient que "la lettre d'Athanase,
sauf l'introduction, est presque littéralement reprise par Pachôme, sans
que celui-ci fasse la moindre allusion à la source qu'il utilise". A son avis, la
lettre-traité d'Athanase appartiendrait à la première période de la produc-
tion littéraire de cet auteur ("aux années qui précédèrent son épiscopat").
Pachôme, qui aurait écrit sa Catéchèse probablement avant 328, aurait lu cet
ouvrage d'Athanase en copte, car il ne connaissait pas le grec. Ce qu'il
aurait lu n'aurait pas été une traduction copte, exécutée "au bénéfice des
moines n'entendant pas le grec", mais un ouvrage écrit par Athanase
directement en copte. Lefort croit voir un indice en faveur de cette
hypothèse dans le fait qu'en faisant allusion au récit de YÉvangile de saint
Luc, 16, 19-31, l'auteur de la lettre-traité donne au mauvais riche puni le
nom de Nineuê: "Dans toute la tradition manuscrite grecque de la Bible

78 Cette communication n'a pas été publiée dans les actes du congrès, mais
l'idée qu'elle soutenait est rapportée par Ch. Kannengiesser, Athanasius of Ale-
xandrin vs. Arius: The Alexandrian crisis, dans le recueil d'articles de différents au-
teurs The roots ofEgyptian Christianity (voir ci-dessus, note 4), p. 211. Naturellement,
Ch. Kannengiesser rejette cette idée ("it seems me hard, I should even say un-
thinkable, to doubt the Greek descent of Athanasius").

79 L.Th. Lefort, S. Athanase écrivain copte, dans Le Muséon, 46 (1933), pp. 1-33.

80 Publié par A. Van Lantschoot, Lettre de Saint Athanase au sujet de l'amour et de la
tempérance, dans Le Muséon, 40 (1927), pp. 265-292.

81 Publié d'abord par W. Budge, Coptic apocryphs in the dialect of Upper Egypt,
London 1913, ensuite par L.Th. Lefort, Oeuvres de S. Pachôme et de ses disciples, CSCO
159-160, Louvain 1956.
 
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