Obfcrvatlons fur les Haras. g
ses trésors, poui' n'avoir en échange que des chevaux d'une espece
insiniment inférieure à ceux qu'elle seroit à même de trouver dans
son propre sein, si on prenoit à cet égard toutes les mesures con-
venables ; & comme cette partie intéresse tous les Particuliers en
général , autant que le Souverain &: l'Etat, on ne voit pas pour-
quoi on ne proposeroit pas un prix à ceux qui donnercient les
meilleurs Mémoires à la Cour, sur les moyens les plus faciles &C
les plus sûrs de faire prospérer les Haras dans le Royaume , ainsi
que toutes les Académies ont coutume de distribuer des Médailles
à ceux qui remportent les Prix institués pour les divers objets sur
lesquels il paroît intéressant de se procurer des lumières.
Huit Provinces spéciaîement sont plus propres que les autres à
faire fructifier de plus en plus les Haras qui y sont déjà établis. Le
Limousin, si toutefois on parvenoit à y retrouver l'ancienne race
qui y existoit autrefois, pourroit produire des chevaux qui, pour
la vîtesie & les qualités , ne le céderoient en rien aux premiers
chevaux du Monde, propres également à la guerre à la chaise :
cette claise seroit à la convenance des personnes qui ne seroient pas
dans le cas de viser à l'économie, lorsqu'il seroit question de se pro-
curer un cheval qui auroit des qualités rares.
La Normandie, dont les pâturages ne comportent pas une es-
pece de chevaux aulîi fine que le sont ceux du Limousin, en pro-
duit d'une sorte , qui, pour leur être inférieure, n'en est pas moins
reconnue pour être excellente, puisqu'ils servent plutôt, sont plus
aisés à entretenir en bon état, & durent des temps infinis. Cette
Province, si productive en chevaux, puisqu'elle en fournit pour
la chasse, pour la Maison du Roi, pour la Cavalerie, pour les
Dragons, pour les Officiers de ces Corps 6c pour les attelages, le
seroit encore plus, si l'on pouvoit empêcher que les Particuliers
n'en tiraisent les plus belles juments pour les mettre au carrosse,
&: si sur-tout on pouvoit s'opposer à ce que toutes les plus belles
poulinières ne paisalsent à l'Etranger.
Les chevaux de la Bretagne, transplantés dans les pâturages de
la Normandie, qui leur procurent un degré de supériorité que leur
refuse leur propre sol, seroient encore une relsource presque iné-
puisable pour les remontes de la Cavalerie, ainsi que celles des
Dragons, sur-tout dans les temps de guerre, où Ton ne peut, au»