68 TRAITÉ SUR LA CAVALERIE.
rempart contre la mollesse & l'indiscipline, & qu'ils sont à la fois
la base des plus grands projets d'un Général, & la source des plus
belles opérations de la guerre, dont le résultat est d'affermir les
Couronnes, ôc de faire respecter les Nations ?
Les actions d'éclat que l'Histoire a transmises à la postérité, four-
nissent des objets d'imitation si intéressants, que je ne conçois pas
comment ceux qui se destinent à porter les armes, ne font pas
tous leurs efforts pour approcher de ces grands Capitaines, donc
la réputation est devenue immortelle, & comment les Troupes ne
sentent pas l'importance dont il est pour elles, de se prêter de
bonne grâce à tout ce qui peut tendre à leur instruction.
Le peu de Habilité des documents qu'elles ont reçus jusqu'ici,
&; la diversité des principes qui se sont succédés, relativement à
leur instruction, est; sans doute la principale cause du froid avec
lequel elles semblent recevoir tout ce qui peut concourir à les per-
fectionner. Cependant, comme les hommes ne peuvent être éclai-
rés que par d'autres hommes, & que ce n'est que par dégrés qu'on
peut parvenir réciproquement à se former, il seroit naturel de pen-
ser, que si l'on a héstté jusqu'ici sur cette matière importante, c est:
qu'il étoit bien difficile d'arriver de plain-saut à la perfection d'une
tactique combinée Ôc" résséchie.
Au reste, sans aller chercher des exemples dans les temps reculés,"*
ceux qui ont fait la guerre avec le destr de s'instruire, & qui ont ré-
fléchi sur les événements auxquels elle a donné lieu, doivent être
intimement convaincus que si les Troupes Françoises étoient aussi
instruites 8c" aufîi soumises à l'obéissance qu'elles ont de valeur,
rien au monde ne pourrait résister à une Armée de cent mille Fran-
çois. Je crois donc que, sans être enthoustaste pour les exercices &C
les manœuvres, on peut dire en général que plus on a d'exemples
des périls évidents auxquels la nonchalance, ou l'ignorance des
Troupes ont exposé les Etats les plus ssorissants, plus on doit s'at-
tacher à éviter de tomber dans les mêmes inconvénients. C'est
donc servir l'Etat ô£ les Troupes même, que de leur procurer les
moyens de vaincre, ce" je serai toujours d'avis que, sans trop les fa-
tiguer , on doit les exercer en tout temps, de le plus souvent qu'il
est postible, pourvu toutefois que ce soit sur des principes unifor-
mes , 6c qui, une fois bien combinés, deviennent invariables.
La
rempart contre la mollesse & l'indiscipline, & qu'ils sont à la fois
la base des plus grands projets d'un Général, & la source des plus
belles opérations de la guerre, dont le résultat est d'affermir les
Couronnes, ôc de faire respecter les Nations ?
Les actions d'éclat que l'Histoire a transmises à la postérité, four-
nissent des objets d'imitation si intéressants, que je ne conçois pas
comment ceux qui se destinent à porter les armes, ne font pas
tous leurs efforts pour approcher de ces grands Capitaines, donc
la réputation est devenue immortelle, & comment les Troupes ne
sentent pas l'importance dont il est pour elles, de se prêter de
bonne grâce à tout ce qui peut tendre à leur instruction.
Le peu de Habilité des documents qu'elles ont reçus jusqu'ici,
&; la diversité des principes qui se sont succédés, relativement à
leur instruction, est; sans doute la principale cause du froid avec
lequel elles semblent recevoir tout ce qui peut concourir à les per-
fectionner. Cependant, comme les hommes ne peuvent être éclai-
rés que par d'autres hommes, & que ce n'est que par dégrés qu'on
peut parvenir réciproquement à se former, il seroit naturel de pen-
ser, que si l'on a héstté jusqu'ici sur cette matière importante, c est:
qu'il étoit bien difficile d'arriver de plain-saut à la perfection d'une
tactique combinée Ôc" résséchie.
Au reste, sans aller chercher des exemples dans les temps reculés,"*
ceux qui ont fait la guerre avec le destr de s'instruire, & qui ont ré-
fléchi sur les événements auxquels elle a donné lieu, doivent être
intimement convaincus que si les Troupes Françoises étoient aussi
instruites 8c" aufîi soumises à l'obéissance qu'elles ont de valeur,
rien au monde ne pourrait résister à une Armée de cent mille Fran-
çois. Je crois donc que, sans être enthoustaste pour les exercices &C
les manœuvres, on peut dire en général que plus on a d'exemples
des périls évidents auxquels la nonchalance, ou l'ignorance des
Troupes ont exposé les Etats les plus ssorissants, plus on doit s'at-
tacher à éviter de tomber dans les mêmes inconvénients. C'est
donc servir l'Etat ô£ les Troupes même, que de leur procurer les
moyens de vaincre, ce" je serai toujours d'avis que, sans trop les fa-
tiguer , on doit les exercer en tout temps, de le plus souvent qu'il
est postible, pourvu toutefois que ce soit sur des principes unifor-
mes , 6c qui, une fois bien combinés, deviennent invariables.
La