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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0081
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FORBACH.

Ce pont, avec sa toiture pesante et son enchevêtrement bizarre de troncs équarris, rappelle ceux de
la Suisse. Il augmente l'aspect alpestre de ce paysage. Le clocher rouge de Forhach coupe le vert foncé
de la montagne ; les toits bruns se pressent tout à l'entour. Quelques pas encore, et vous arriverez
devant une fontaine dont l'eau fraîche et limpide coule auprès de l'hôtel de la Couronne.

Vous êtes au cœur de Forbach. Forbach est une ville de 1400 à 1500 habitants, qui vivent de leurs
troupeaux et de leurs sapins.

Si toutes les maisons de Forbach se ressemblent et n'offrent rien de remarquable, — beaucoup de
planches par-ci, un peu de pierre par-là, — il n'en est pas de même des fontaines : elles sont char-
mantes.

Combien de villes en France, — et je parle des chefs-lieux de préfectures, — n'ont pas de fontaines
qui puissent être comparées à celles de cette pauvre bourgade perdue au fond de la Schwarzwald. Ce
n'est pas leur masse qui fait leur charme; elles n'ont ni vasques profondes, ni statues allégoriques, ni
tritons, ni dauphins ; c'est la grâce de leur style et l'harmonie de leurs proportions.

Les Allemands ont le sentiment de la fontaine. Toutes leurs villes, les plus humbles comme les plus
importantes, en offrent des spécimens délicieux.

Les hautes montagnes boisées qui entourent Forbach sont souvent visitées au printemps par les
chasseurs qui poursuivent les coqs de bruyère, et qui viennent tirer le chevreuil à l'affût. Le coq de
bruyère, on le sait, habite de préférence ces grands plateaux couverts de forêts séculaires où la hache
du bûcheron se promène rarement : c'est là qu'à la première pointe du jour les chasseurs vont l'at-
tendre et le guetter. L'aube blanchit à peine la crête des montagnes, et déjà le chasseur attentif écoute
le chant lointain de l'oiseau qui bat de l'aile au faite d'un sapin. Que de ruses ne faut-il pas, quelle
patience, quelle adresse pour surprendre le coq dans ses retraites solitaires ! Il faut que le regard soit
prompt, la main sure, le pied agile et fort; il faut surtout que le chasseur ne se lasse pas, et que rien
ne le décourage. A ce prix seulement il atteindra le coq de bruyère, ce roi des oiseaux.

La saison des amours finie, le chant cesse et la poursuite du coq devient presque impossible.

En langage cynégétique, on ne chasse pas le coq de bruyère, on le saute. Le verbe indique l'action.
Quelques mots feront mieux connaître le sens de cette expression.

Au moment où ces premières teintes laiteuses qui annoncent le réveil du jour l'ont pâlir les étoiles,
le chasseur, qui a passé la nuit dans une hutte de bûcheron, roulé dans sa cape de laine, prend son
fusil. Il écoute. Bientôt un cri puissant , long, saccadé, retentit dans la înonhigne : c'est le chant du
coq. Le chasseur part. C'est alors que commence l'action de sauter.

Pour faire un pas il faut attendre un instant particulier, une sorte de cadence qui suit le premier
son et précède la fin du chant. Le coq est alors aveugle et sourd, rien ne frappe ses oreilles ou ses
yeux. On en a vu qui, manques par un coup de fusil, ne quittaient pas l'arbre sur lequel ils étaient
perchés. C'est le court moment que le chasseur choisit pour s'élancer. Il franchit en sautant le plus
d'espace qu'il peut dans la direction du coq. Mais sitôt que le chant s'éteint, il doit s'arrêter; là où il
tombe, il faut qu'il reste : au moindre léger bruit, pour un rameau de bois mort qui craque sous le pied,
l'oiseau part. La chasse est perdue.

Mais que d'émotions pendant cette poursuite! quels battements de cœur! On ne respire plus, on
étouffe. Chaque élan vous rapproche de l'oiseau, on compte les minutes; le chant devient de plus en
plus sonore, le coq se montre enfin, debout sur une branche, battant de l'aile et l'œil en feu, avec son
plumage noir teinté de vert.

Jamais, dans la forêt Noire, un chasseur n'a tiré une poule.
Quand le soleil paraît, le coq se tait, et la chasse finit.
On ne saute le coq que pendant un mois à peu près.

Forbach est célèbre par le voisinage de ces grands barrages qui, sous le nom de Scuwkelung,
servent à contenir les eaux qui doivent, à certaines époques, emporter jusqu'à Gernsbach les bois
coupés dans les montagnes.
 
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