I
BADE
ET SES ENVIRONS.
L'ÉGLISE
ET LE
CHATEAU D'EBERSTEINBURG.
B cherchez pas une cathédrale à la flèche hardie, ni même une chapelle aux fines
sculptures où l'art gothique a prodigué ses fleurons et ses rinceaux. Ce n'est rien
qu'une humble église de village avec une ferme adossée à son chevet.
Mais ce paysage, dans sa naïveté agreste, vous donnera une idée de ces petits villages
du pays de Bade, perdus et comme enfouis dans un repli de la montagne.
Ils sont loin du monde ; la forêt les abrite de son manteau, le bruit des événements qui
agitent les royaumes expire au bord de leurs ruisseaux. Ils ne savent rien de ce qui se passe
dans l'Europe, mais quelle paix profonde les entoure! Quelques chaumières groupées dans un désordre
pittoresque les composent; partout des instruments aratoires, des charrues, des herses, une pioche,
un joug, des fourches, des râteaux, sont étendus dans l'herbe. Des poules grattent la terre. Des
vaches ruminent dans les étables ; une fontaine coule dans un coin, un bouquet d'arbres la couvre
d'une ombre épaisse. Çà et là des amas de bois empilés font penser à l'hiver.
Quelques prairies où mille rigoles répandent l'eau encourent le village ; par une échappée de forêt
on voit la plaine. Un sentier qui rampe sur le versant de la montagne conduit le pâtre et le laboureur
à la ville voisine.
Quand l'angélus tinte à la chute du jour, on voit rentrer au village cette robuste et simple popula-
tion. L'enfant marche pieds nus, chassant devant lui la vache aux mamelles pleines; les femmes
remontent de tous côtés, la tête chargée de fourrage fraîchement coupé ; un chariot dont les essieux
crient sous le poids des troncs abattus ou des gerbes moissonnées gravit lentement le chemin. Une
fumée bleue s'échappe du toit des chaumières, où la mère active apprête le souper de la famille. Le
repos succède au travail.
Le village d'Ebersteinburg, — son nom le dit assez, — est situé au pied même du burg.
BADE
ET SES ENVIRONS.
L'ÉGLISE
ET LE
CHATEAU D'EBERSTEINBURG.
B cherchez pas une cathédrale à la flèche hardie, ni même une chapelle aux fines
sculptures où l'art gothique a prodigué ses fleurons et ses rinceaux. Ce n'est rien
qu'une humble église de village avec une ferme adossée à son chevet.
Mais ce paysage, dans sa naïveté agreste, vous donnera une idée de ces petits villages
du pays de Bade, perdus et comme enfouis dans un repli de la montagne.
Ils sont loin du monde ; la forêt les abrite de son manteau, le bruit des événements qui
agitent les royaumes expire au bord de leurs ruisseaux. Ils ne savent rien de ce qui se passe
dans l'Europe, mais quelle paix profonde les entoure! Quelques chaumières groupées dans un désordre
pittoresque les composent; partout des instruments aratoires, des charrues, des herses, une pioche,
un joug, des fourches, des râteaux, sont étendus dans l'herbe. Des poules grattent la terre. Des
vaches ruminent dans les étables ; une fontaine coule dans un coin, un bouquet d'arbres la couvre
d'une ombre épaisse. Çà et là des amas de bois empilés font penser à l'hiver.
Quelques prairies où mille rigoles répandent l'eau encourent le village ; par une échappée de forêt
on voit la plaine. Un sentier qui rampe sur le versant de la montagne conduit le pâtre et le laboureur
à la ville voisine.
Quand l'angélus tinte à la chute du jour, on voit rentrer au village cette robuste et simple popula-
tion. L'enfant marche pieds nus, chassant devant lui la vache aux mamelles pleines; les femmes
remontent de tous côtés, la tête chargée de fourrage fraîchement coupé ; un chariot dont les essieux
crient sous le poids des troncs abattus ou des gerbes moissonnées gravit lentement le chemin. Une
fumée bleue s'échappe du toit des chaumières, où la mère active apprête le souper de la famille. Le
repos succède au travail.
Le village d'Ebersteinburg, — son nom le dit assez, — est situé au pied même du burg.