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religieuses (1), la ville fut tellement enrichie de salles de prière
« bïout es-salat, » qu'on en comptait soixante-dix en 1837;
chiffre énorme pour une population de 25,000 âmes. Je ne
compte que les musulmans.
Les plus anciennes mosquées sont Djama' Rahbet-es-souf
« le temple du marché aux laines, » Djama' el-Kasba « la
mosquée de la citadelle » et Djama' el-Kbir « la Grande-
mosquée. » La première date du Va siècle de l'hégire, s'il faut
en croire les oulémas : elle fut distraite du culte dès le com-
mencement de l'occupation, et convertie par l'administration
militaire en magasin à orge. Il y a trois ans seulement qu'on
a abattu son minaret qui était sillonné de lézardes.
Djama' el-Kasba occupe une place dans l'histoire des rois
Hafsites (2). En 683 (de J.-C. 1284), elle avait déjà tellement
souffert des injures du temps, que l'émir Abou-Zakaria fut
obligé de la restaurer complètement (3). Trente-cinq ans plus
tard, elle n'avait rien perdu de son importance, puisque nous
lisons dans la chronique d'Ibn-Konfoud : « S'il est une œuvre
qui honore l'émir Abou-yahia, c'est d'avoir consacré comme
habouss aux deux principaux oratoires, Djama' el-Kasba et
Djama' el-Kbir, le quart des dons pieux légués en faveur de la
Mekke et Médine. » Ce temple, où s'étaient prosternées plu-
sieurs têtes couronnées, où furent même déposés les ossements
du sultan Abou-Zakaria, fit partie des bâtiments militaires, de
1837 à 1853. Il était situé entre l'arsenal et la pharmacie de
Vhôpitai; on y conservait le matériel du Génie. En 1853 il fut
abattu presque en entier.
Djama' el-Kbir est sise entre la place dite El-belha, le mar-
ché aux cuirs et l'hôtel des Mines. L'intendance de cette
mosquée à appartenu pendant plusieurs siècles aux Beni-Lef-
goun, dans la famille desquels s'était maintenue jusqu'à l'ar-
rivée des Français, la dignité de Cheikh-el-islam « Pontife de
(1) J'ai fait connaître et développé Sa constitution de ces ordres reli-
gieux dans deux notices insérées, l'une au Journal asiatique (décembre
1852), sous le titre de Catéchisme des Rahmaniem ; l'autre aux Nou-
velles Annales des Voyages, sous celui de biographie du vénérable
Mohammed-Ibn-el-Habib (1849).
(2) Dynastie berbère qui régna pendant quatre siècles et maintint sou*
■i-on autorité toute la province de Tripoli, celles de Tunis, de Constat»-
line, du Djerid, du Zab et une partie de celle d'Alger.
(3) Voir le deuxième exîrait de la Farésiade, traduit par l'auteur de la
présente notice (Journal asiatique, mars 1849, p. 197).
religieuses (1), la ville fut tellement enrichie de salles de prière
« bïout es-salat, » qu'on en comptait soixante-dix en 1837;
chiffre énorme pour une population de 25,000 âmes. Je ne
compte que les musulmans.
Les plus anciennes mosquées sont Djama' Rahbet-es-souf
« le temple du marché aux laines, » Djama' el-Kasba « la
mosquée de la citadelle » et Djama' el-Kbir « la Grande-
mosquée. » La première date du Va siècle de l'hégire, s'il faut
en croire les oulémas : elle fut distraite du culte dès le com-
mencement de l'occupation, et convertie par l'administration
militaire en magasin à orge. Il y a trois ans seulement qu'on
a abattu son minaret qui était sillonné de lézardes.
Djama' el-Kasba occupe une place dans l'histoire des rois
Hafsites (2). En 683 (de J.-C. 1284), elle avait déjà tellement
souffert des injures du temps, que l'émir Abou-Zakaria fut
obligé de la restaurer complètement (3). Trente-cinq ans plus
tard, elle n'avait rien perdu de son importance, puisque nous
lisons dans la chronique d'Ibn-Konfoud : « S'il est une œuvre
qui honore l'émir Abou-yahia, c'est d'avoir consacré comme
habouss aux deux principaux oratoires, Djama' el-Kasba et
Djama' el-Kbir, le quart des dons pieux légués en faveur de la
Mekke et Médine. » Ce temple, où s'étaient prosternées plu-
sieurs têtes couronnées, où furent même déposés les ossements
du sultan Abou-Zakaria, fit partie des bâtiments militaires, de
1837 à 1853. Il était situé entre l'arsenal et la pharmacie de
Vhôpitai; on y conservait le matériel du Génie. En 1853 il fut
abattu presque en entier.
Djama' el-Kbir est sise entre la place dite El-belha, le mar-
ché aux cuirs et l'hôtel des Mines. L'intendance de cette
mosquée à appartenu pendant plusieurs siècles aux Beni-Lef-
goun, dans la famille desquels s'était maintenue jusqu'à l'ar-
rivée des Français, la dignité de Cheikh-el-islam « Pontife de
(1) J'ai fait connaître et développé Sa constitution de ces ordres reli-
gieux dans deux notices insérées, l'une au Journal asiatique (décembre
1852), sous le titre de Catéchisme des Rahmaniem ; l'autre aux Nou-
velles Annales des Voyages, sous celui de biographie du vénérable
Mohammed-Ibn-el-Habib (1849).
(2) Dynastie berbère qui régna pendant quatre siècles et maintint sou*
■i-on autorité toute la province de Tripoli, celles de Tunis, de Constat»-
line, du Djerid, du Zab et une partie de celle d'Alger.
(3) Voir le deuxième exîrait de la Farésiade, traduit par l'auteur de la
présente notice (Journal asiatique, mars 1849, p. 197).