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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,1.1904

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Klingsor, Tristan: Les dessins de Paul Renouard au Musée de Luxembourg
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https://doi.org/10.11588/diglit.36674#0086
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L'ART DÉCORATIF

acteurs ou hommes politiques, on rencontre
bon nombre de véritables portraits. Ainsi,
ceux de Delaunay, de Regnier dans Scapin ;
de Got, prêt à se moucher; de Sardou; de
M. deLacretelle, de dos avec les cheveux
frisottant sur le crâne; de Chevreul, dont la
tête est toute enveloppée de mèches folles et
dont les yeux encore vifs apparaissent au-
dessus des lunettes chevauchant sur le nez.
Mais Renouard saisit non seulement la
grimace caractéristique d'une profession,
non seulement l'expression particulière d'un
personnage; il surprend chez le même indi-
vidu vingt expressions diverses. C'est par là
surtout qu'il nous retient. Rien n'est com-
parable à la suite de ses Gambetta, de ses
Deschanel, de ses Labori. Et c'est là aussi
que sa maîtrise s'affirme pleinement. Son
dessin se libère; il n'est plus l'esclave de la
forme, il la domine. La ressemblance du
personnage est rendue en quelques traits
caractéristiques merveilleusement indiqués,
et en même temps que cette ressemblance,
l'expression particulière et le geste qui sou-
lignent la phrase de l'orateur ou de Lavocat.
Mais quand Renouard est arrivé à ce


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degré de verve, le cadre de son observation
s'élargit: le visage et l'être humain ne lui
suffisent plus; il s'attaque aux animaux et
fixe leurs airs et leurs attitudes d'extra-
ordinaire façon. Les mouvements les plus
imprévus, les raccourcis les plus étonnants,
les silhouettes les plus drôles, lui semblent
familières. Ce sont des coqs qui se prennent
de bec, des poussins autour de leur mère,
des chèvres, des chats, des singes, des lapins
d'un dessin invraisemblable et qu'on sent
pourtant vrai. Cette faculté de traduire les
attitudes les plus diverses, Renouard l'avait
du reste déjà appliquée aux enfants, si
comiques parfois, et à l'homme même,
comme dans ses acrobates qui sont d'une
incomparable cocasserie.
C'est le moment aussi où Renouard
sent que le crayon ou la plume et les pro-
cédés ordinaires de reproduction deviennent
insuhisants. Il veut, en évitant l'intervention
d'un procédé mécanique, faire goûter toute
la saveur de son œuvre dans sa fraîcheur et
sa netteté. Il se fait graveur. Mais non gra-
veur de métier : sa gravure est essentielle-
ment de la gravure de peintre. Et ce qui

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