L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,2.1906)

p. DUBREUIL UrUe po:n*

AU SALON DE PHOTOGRAPHIE

T INTÉRÊT très vif du Salon International
1 y de Photographie, organisé par le Photo-
Club, consiste chaque année dans les progrès
et les diversités apportées aux recherches
d'art. Il y a des années déjà que la photo-
graphie est entrée indiscutablement dans le
domaine artistique, mais les ressources du
praticien deviennent sans cesse plus abon-
dantes et mieux appropriées aux résultats
désirés ; les effets obtenus deviennent plus
complets, plus différents, plus personnels.
Non point assurément que le but de la
photographie soit d'imiter l'aquarelle, l'eau-
forte, la lithographie, le crayon ou le fusain;
mais elle doit chercher des notations équi-
valentes, puisqu'elle se propose, avec raison,
d'arriver à des oeuvres individuelles, c'est-
à-dire à une vision qui sacrifie certains
effets pour en accuser d'autres, qui choisit
et synthétise.
Ces préoccupations spéciales influent à
la fois sur le tirage de l'épreuve et sur
l'obtention du cliché. En ce qui concerne
les épreuves, nous avons de jour en jour
plus de facilités avec les papiers mêmes
qui sont mis dans le commerce à la dispo-
sition des amateurs, et qui comprennent
tous les grains et tous les tons de pigment
sensible. En dehors même des diverses
préparations de papiers à la gomme ou des

compositions qui s'en rapprochent, papiers
((Artistiques, Fresson, Artigue, Ozotype, il
est encore d'autres séries, comme les papiers
Luna, les Cellérier, les papiers au platine,
qui donnent des effets très particuliers. L'ar-
tiste est donc absolument maître du carac-
tère qu'il veut donner à son épreuve, sui-
vant le caractère même de chaque cliché
ou la variation qu'il veut en tirer. Il choisit
son papier, tout comme un dessinateur ou
un graveur, et ses effets de coloris, précis
ou gras, menus ou enveloppés.
Pour ce qui est des clichés, on s'in-
géniait surtout jusqu'à présent à ne pas
pousser la mise au point à son degré d'exac-
titude parfaite, afin de laisser à la vision
photographique le flou nécessaire. Or, voici
que la grande nouveauté de l'année, ce
sont les objectifs (( d'artiste w de MM. de Pul-
ligny et Puyo, dont la disposition permet
justement de ne jamais arriver à la séche-
resse des contours, et cela sans se préoc-
cuper d'avoir à tricher avec la mise au
point normale. Un bon nombre des meil-
leurs portraits exposés cette année étaient
obtenus au moyen de ces nouveaux objec-
tifs, qui ont ainsi permis d'apprécier leur
souplesse.
On peut donc dire maintenant que,
d'une façon générale, la photographie n'a

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