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L’ART FRANÇAIS

SALON DE 1891

(C hamp-de-Mars )

Scène bachique, par M. Jules Dalou. — La sculpture, au Salon du
Champ-de-Mars, a été admirablement installée. Un jardin féerique a
surgi du sol. Les cloisons des salles inoccupées, au rez-de-chaussée du
palais des Beaux-Arts, sont tombées d’elles-mêmes, élargissant ainsi
le champ nécessaire à l’éparpillement des bronzes et des marbres. Un
décor merveilleux a été improvisé par M. Jambon. M. Alphand, de sa
baguette magique, a fait pousser des bouquets de bois, des pelouses,
des haies touffues, capricieusement, et de magnifiques fontaines se
sont mises à verser leurs eaux murmurantes au milieu des larges allées
soigneusement sablées et bordées de gazons tout neufs.

Adossée à un massif de sapins enguirlandés de lierre, se dresse la
fontaine dont M. Jules Dalou a été à la fois l’architecte et le sculpteur.
Une stèle très simple, décorée d’un haut-relief circulaire représentant
une Scène bachique. A sa partie inférieure, est percée une ouverture
d’où les eaux s’épandent doucement dans une vasque à angles droits.
C’est ce monument qu’on peut voir reproduit à notre première page.

Deux bacchantes, rieuses, folles, se lutinent avec deux bacchants.
L’une d’elles a été renversée, l’autre se penche sur sa compagne et la
maintient pour permettre à l’un des bacchants de lui écraser sur les
lèvres une grappe de raisin. Le second, qui tient un gobelet vide,
assiste à ce jeu dont il suit, en souriant, les péripéties. Comme tou-
jours, le maitre sculpteur a su donner, aux personnages de cette scène,
un mouvement endiablé, une vie extraordinaire, et le marbre, sous sa
main géniale, s’est une fois de plus animé. Quelle poésie dans cette
harmonieuse disposition des quatre figures ! Et comme on devine,
dans le rire de la belle fille étendue sur la mousse, qu’elle se souvient
de T aventure d’Erigone ! Qui sait, en effet, si Bacchus lui-même ne
s’est pas, cette fois encore, changé en grappe de raisin pour séduire
cette bacchante, comme lorsqu’il séduisit la fille d’Icarius ?

Ce qu’il y a de certain, c’est que M. Dalou a séduit tous ceux qui
ont déjà pu voir ce haut-relief, véritable poème auquel le murmure
de l’eau tombant dans la vasque fait comme un accompagnement
musical.

Dans l’œuvre d’un tel maître, il n’y a pas de détail insignifiant.
Aussi admirons-nous jusqu’à ce cep de vigne jeté négligemment sur
l’orifice destiné à l’écoulement de l’eau, et dont les raisins et les
pampres rappellent et complètent si heureusement le motif de la
décoration principale.

D’ailleurs, nous retrouverons M. Jules Dalou lorsque nous nous
occuperons des bustes exposés au Salon National, où le maitre a
envoyé deux ouvrages de premier ordre : les portraits de M. Albert
Wolff et de M. Liouville.

Entre amies, par M. Prinet. — Il nous faut remonter aux salles de
peinture si nous voulons apprécier comme elle le mérite la charmante
scène mondaine que M. Prinet intitule : Entre amies, et que nous
publions également aujourd’hui.

Est-ce un bal blanc ? Pas même : c’est une sauterie improvisée. Il
n’y a pas eu de préméditation, et c’est par hasard (un hasard bien
regrettable pour notre sexe) que les hommes ont été exclus. Bref, les
jeunes filles ont organisé un semblant de bal. L’une d’elles s’est mise
au piano, les autres se sont élancées, deux à deux, dans le tourbillon
d’une valse « entraînante »>. Et l’espiègle musicienne, avec un malicieux
sourire sur les lèvres, retourne la tête pour juger de l’effet de sa vir-
tuosité. Cet effet est des plus réussis.

O11 n’a pas oublié les « danseuses» que M. Prinet exposait l’an der-
nier et qui lui valurent un très grand succès. L’excellent artiste, on le
voit, persiste dans une voie pleine de séduction. Le regretté John
Lewis-Brown disait un jour qu’il n’admettait pas qu’un peintre pût
représenter un couple de valseurs sans savoir valser lui-même. S’il en
est ainsi, M. Prinet doit valser comme une toupie d’Allemagne.

La Musique, par M. Henri Gervex. — Ici, il ne s’agit plus d’un
k tour de valse », mais bien d’une glorification de la musique dans son
expression la plus élevée. Nous sommes en présence d’une grande allé-
gorie que M. Gervex a conçue et exécutée avec sa verve et sa liberté
habituelles pour un plafond de l’Hôtel-de-Viile.

Allégorie n’est peut-être pas le mot.

Toute la partie inférieure de cette ingénieuse composition est, en

effet, empruntée à la réalité. Le peintre nous transporte à l’Opéra, en
pleine représentation d'Hamlet. Ophélic est seule en scène. Du public,
nous n’apercevons que le dos de quelques spectateurs de l’orchestre. Et
dans une loge, des femmes du monde, indolentes, avec, derrière elles,
un élégant, qui a braqué sa lorgnette sur quelque personnage invisible
pour nous.

Mais, avec la partie supérieure, l’allégorie reprend ses droits. Au
centre déjà, l’évocation commence de la piusique rétrospective. L’art
du dix-huitième siècle est, ici, symbolisé par des femmes de Watteau
ou de Lancret, jouant du violoncelle, par un « marquis » soupirant
quelque ariette attendrie sur la flûte aux sons plaintifs, tandis qu’autour
d’eux plane, dans les nues, toute l’envolée des amours.

Au-dessus, dominant l’ensemble de la scène, une Gloire descend du
ciel, apportant aux maîtres de tous les âges le laurier qui doit les
immortaliser.

Nous avons cru devoir donner à l’œuvre de M. Henri Gervex une
importance exceptionnelle, en en faisant paraître la reproduction sur
double page.

Ajoutons que le jeune maitre expose également plusieurs toiles de
chevalet et d’excellents portraits, ouvrages sur lesquels nous revien-
drons prochainement. y. j.

SALON DE 1891

( Champs-lîlysccs)

Dépôt sacré, par M. Grolleron. — Le drame est d’un intérêt immé-
diat, et j’ajoute : d’un intérêt particulièrement poignant.

Sur un grabat, dans une maison de village aux murs nus, un jeune
officier français est étendu, mourant. D’un geste qui dénote un suprême
effort, il entr’ouvre Sa tunique et montre, soigneusement dissimulé sur
sa poitrine, un drapeau qu’il a sauvé, arraché à l’ennemi. Près de lui,
un prêtre se penche avec l’intention de recueillir le dépôt sacré.

A travers une fenêtre sans rideaux, on distingue, dans la cour de la
maison, des soldats allemands, le fusil au poing..

C’est là tout le drame, et M. Grolleron l’a traité avec une sobriété,
une concision remarquables. L’excellent peintre militaire a rarement
atteint à plus de grandeur. f, j.

jA C H O S R TI S T I ((MJ E S

La commission des achats d’œuvres d’art pour le compte de l'Etat a com-
mencé ses acquisitions au Salon des Champs-Elysées. Voici une première liste :

Le Village de Gruissan (Aube), tableau de M. L. Bill. — Perdus au lann>
tableau par M. E. Chigot. — Le Pont de Saint-Béneget, à Avignon, tableau par

M. C. Dutour. — Un Chemin au Mesnil, tableau par M. Julien Dupré. _Eu

Province, pastel par M. Léandre. — Plein midi (Auvergne), tableau par
M. Gagliardini. — Le Port de Menton (Alpes-Maritimes), tableau par Lan-
syer.— Verdun, le soir,tableau par M. Petitjean. — Les‘Bois en novembre, pastel
par M. Pointelin. — Œufs sur le plat, tableau par M. Joseph Bail. — A l'Asile
de Nuit, tableau par M. J. Geoffroy. — L’Aïeule, tableau par M. V. Marée.—
E Automne, vue sur le Rajfond-sur-Lofoedon (Norvège) (épreuve), de M. Nor-
mann. — Saint Georges, statuette bronze (épreuve), par M. Frémiet. — Le
Sommeil de l'Enfant Jésus, groupe marbre, par J. Gardet. — La Prairie et
le Ruisseau, groupe plâtre, par M. R. Larché.

La commission s’est rendue ensuite au Champ-de-Mars pour y faire le
choix des œuvres qu’acquerra l’Etat,

X

M. Léon Glaize vient de terminer les peintures décoratives dont il avait été
chargé, à la suite d’un concours, pour la salle des fêtes de la Mairie du ving-
tième arrondissement.

L’éminent artiste, qui avait a couvrir quatre panneaux, a choisi pour
sujets: le Triomphe de la CRJpublique, la Postérité décernant l'immortalité aux héros
républicains, Y Allégorie du mariage et enfin le Travail et la Famille.

L’œuvre est d’importance, et nous espérons y revenir à loisir. Mais nous
tenions à la signaler dès aujourd’hui et à féliciter chaudement M. Léon Glaize
d’avoir mené à bien une aussi vaste entreprise.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE
Glyplograpkitt SILVESTRE & C"1, rue Obcrkampf, 97, à Paris.
 
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