ESTAMPES DES PETITS MAITRES
Pourquoi Étienne de Laune, Beham, AI dégrever
et d’autres graveurs, appelés petits maîtres} exé-
cutèrent-ils de nombreuses estampes à dimensions
restreintes que les amateurs recherchent avec
ardeur aujourd’hui ? A cette question fréquemment
posée la réponse est facile. Au xvie siècle, la mode
prescrivait à tout seigneur de suspendre à son
ceinturon des fermoirs richement ouvragés, de
porter des épées couvertes d’ornements délicats,
de fixer à sa coiffure une médaille d’or ou d’argent
l’effigie de son patron, de gratifier son église d’une paix", d’un calice
ou d’un reliquaire enrichi de plaques niellées ou gravées, de couvrir ses
dressoirs de pièces d’orfèvrerie ciselées et ses bahuts de boîtes rehaus-
sées de morceaux d’ivoire ou de bois sculptés, de plaques d’argent gra-
vées ou de pâtes modelées. Pour satisfaire ces goûts les grands seigneurs,
les riches communautés, qui payaient largement, s’adressaient à des
orfèvres en renom travaillant eux-mêmes d’après leurs propres composi-
tions ; mais ceux qui étaient moins favorisés de la fortune ne pouvaient
se permettre les mêmes exigences. Les travaux moins rémunérés étaient
exécutés dans l’atelier par des apprentis chargés de traduire la pensée
du maître, et plus souvent encore par des orfèvres secondaires qui tra-
vaillaient au dehors d’après des dessins dus à des artistes célèbres,
ou d’après des estampes achetées. Dans son Traité ci’ orfèvrerie, Ben ve-
nu to Cellini nous apprend en effet que les compositions d’Antonio Pol-
Pourquoi Étienne de Laune, Beham, AI dégrever
et d’autres graveurs, appelés petits maîtres} exé-
cutèrent-ils de nombreuses estampes à dimensions
restreintes que les amateurs recherchent avec
ardeur aujourd’hui ? A cette question fréquemment
posée la réponse est facile. Au xvie siècle, la mode
prescrivait à tout seigneur de suspendre à son
ceinturon des fermoirs richement ouvragés, de
porter des épées couvertes d’ornements délicats,
de fixer à sa coiffure une médaille d’or ou d’argent
l’effigie de son patron, de gratifier son église d’une paix", d’un calice
ou d’un reliquaire enrichi de plaques niellées ou gravées, de couvrir ses
dressoirs de pièces d’orfèvrerie ciselées et ses bahuts de boîtes rehaus-
sées de morceaux d’ivoire ou de bois sculptés, de plaques d’argent gra-
vées ou de pâtes modelées. Pour satisfaire ces goûts les grands seigneurs,
les riches communautés, qui payaient largement, s’adressaient à des
orfèvres en renom travaillant eux-mêmes d’après leurs propres composi-
tions ; mais ceux qui étaient moins favorisés de la fortune ne pouvaient
se permettre les mêmes exigences. Les travaux moins rémunérés étaient
exécutés dans l’atelier par des apprentis chargés de traduire la pensée
du maître, et plus souvent encore par des orfèvres secondaires qui tra-
vaillaient au dehors d’après des dessins dus à des artistes célèbres,
ou d’après des estampes achetées. Dans son Traité ci’ orfèvrerie, Ben ve-
nu to Cellini nous apprend en effet que les compositions d’Antonio Pol-