Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 13.1917)

HARPIGNIES

(1819-1916)

Amis, admirateurs ou élèves
de Harpignies, nous avions
espéré qu’il nous serait donné
de fêter le centenaire du grand
paysagiste. Harpignies, du reste,
l’espérait fort, tout le premier,
par bien des motifs dont le prin-
cipal était cet ardent amour de
la vie qui ne le quitta pas jusqu’à
la dernière heure. Il ne put,
hélas! à trois ans près, atteindre
le bout de son siècle : il expirait
le 28 août 1916, et le 31 nous
le conduisions à sa dernière
demeure, dans ce petit village
de Saint-Privé que son œuvre a
tant de fois commenté en pages
universellement connues et qui,

PORTRAIT DE HARPIGNIES, J

d’après une photographie (1900) grâce au prestige de son talent,

est devenu désormais illustre.

C’était le lendemain d’un jour de pluie diluvienne; le soleil s’était
levé plus chaud et plus clair dans un beau ciel pur, lavé comme dans
les plus éclatantes aquarelles du maître et, à cette heure qui pen-
chait vers le soir, la lumière estivale était plus blonde et plus ver-
meille. On se réunissait dans cette jolie maison châtelaine de la
Trémellerie, haut juchée au bout du village, gaie, aérée, avenante,
toute décorée à l’intérieur d’études ou de photographies sur des
tentures cramoisies ou vieux rose, donnant une image de l’ordre