Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 13.1917)

JEAN HENNECART

PEINTRE DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE

LETTRE ORNEE DE DEUX C
DÉCORANT L’ « INSTRUCTION
D’UN JEUNE PRINCE »

(Ms. 5104, Bibliothèque de l’Arsenal, Paris.)

harles le Téméraire n’a pas été, comme
son père Philippe le Bon, un amateur
passionné des beaux livres. On comp-
terait aisément les manuscrits de luxe
qu’il fit exécuter. Reconnaissons, du
reste, que le temps lui a manqué pour
se livrer à ces pacifiques occupations.
Violent et agressif, partisan enthou-
siaste de la chevalerie à une époque où
il n’y avait plus de chevaliers, Charles
de Bourgogne ne songea guère qu’aux
joutes et aux combats jusqu’au jour où, en 1477, il tombait devant
Nancy, victime de son humeur querelleuse. D’autre part, s’il avait
eu vraiment un goût prononcé pour les bonnes lettres et pour les
belles « histoires », n’aurait-il pas trouvé de quoi le satisfaire dans
l’admirable bibliothèque que son père lui avait léguée? Quelle qu’en
soit la cause, les volumes qu’il a fait écrire et illustrer sont rares.
Les artistes, toutefois, ne lui firent pas défaut. Plusieurs qui avaient
été au service de Philippe le Bon demeurèrent en la même qualité
auprès du nouveau duc. Si celui-ci ne leur fit décorer de miniatures
qu’un fort petit nombre de manuscrits, du moins-—les comptes sont
là pour en témoigner — ne les laissa-t-il pas sans emploi.

Parmi les peintres qui semblent avoir joui de la faveur du duc
Charles, il en est deux surtout dont les noms retiennent l’attention.
Ce sont Jean Hennecart1 et Pierre Coustain. Mais de tous ceux qui

1. On trouve le peintre Jean Hennecart désigné sous les noms de « Jehan
Hennecart », de « Jehan Hennekart », de « Jehan Hennequart », et aussi de
« Jehannin Hannequart ».