UNE EXPOSITION D’INGRES1
Ingres, qui a procédé à de si
glorieuses apothéoses, reçoit au-
jourd’hui la sienne. Ne l’avait-il
point, d’ailleurs, prévue ? Les hon-
neurs qui, depuis son retour en
France, s’étaient accumulés sur sa
tête n’avaient point suffi à son
légitime orgueil ; il avait compté
sur la postérité. Ses mânes peuvent
être satisfaits. L’unanimité qui se
produit aujourd’hui sur son nom
comble les vœux du maître; mais,
du fond de l’Empyrée, ne doit-il
pas constater avec quelque surprise
de quel côté lui viennent les plus
robustes coups d’encensoir?
Sans doute l’avons-nous assez
longtemps méconnu. Notre éduca-
tion nous a faits héritiers des pré-
jugés romantiques. Peut-être aussi
est-ce bien sa faute à lui-même. Il a beaucoup peint, ne nous en plaignons
pas ! mais il a beaucoup trop parlé. Il lui est arrivé à peu près la même aven-
ture qu’à Courbet. Celui-ci s’était rendu odieux à ses contemporains par ses
hâbleries et les outrances de sa vanité exaspérée, et ce n’est que d’aujour-
d’hui que nous rendons pleine justice à la puissance de son génie réalisateur.
i. Ouverte à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 18, rue de la Ville-l’Evêque, du 7 mai
au 12 juin au profit des mutilés de la face.
II . - 5P PÉRIODE.
Phot. J.-E. Bulloz.
PORTRAIT DE J.-A.-D. INGRES
PAR LUI-MÊME (l86a)
(Appartient à Mme Albert l\amel.)
1
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Ingres, qui a procédé à de si
glorieuses apothéoses, reçoit au-
jourd’hui la sienne. Ne l’avait-il
point, d’ailleurs, prévue ? Les hon-
neurs qui, depuis son retour en
France, s’étaient accumulés sur sa
tête n’avaient point suffi à son
légitime orgueil ; il avait compté
sur la postérité. Ses mânes peuvent
être satisfaits. L’unanimité qui se
produit aujourd’hui sur son nom
comble les vœux du maître; mais,
du fond de l’Empyrée, ne doit-il
pas constater avec quelque surprise
de quel côté lui viennent les plus
robustes coups d’encensoir?
Sans doute l’avons-nous assez
longtemps méconnu. Notre éduca-
tion nous a faits héritiers des pré-
jugés romantiques. Peut-être aussi
est-ce bien sa faute à lui-même. Il a beaucoup peint, ne nous en plaignons
pas ! mais il a beaucoup trop parlé. Il lui est arrivé à peu près la même aven-
ture qu’à Courbet. Celui-ci s’était rendu odieux à ses contemporains par ses
hâbleries et les outrances de sa vanité exaspérée, et ce n’est que d’aujour-
d’hui que nous rendons pleine justice à la puissance de son génie réalisateur.
i. Ouverte à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 18, rue de la Ville-l’Evêque, du 7 mai
au 12 juin au profit des mutilés de la face.
II . - 5P PÉRIODE.
Phot. J.-E. Bulloz.
PORTRAIT DE J.-A.-D. INGRES
PAR LUI-MÊME (l86a)
(Appartient à Mme Albert l\amel.)
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