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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0150

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2

LA LUNE

ANDRÉ GILL

Ne maudissons jamais l'auteur du genre humain,

Dit Azaïs : — Là haut, souvent il élucubro

Des compensations charmantes, — et sa main

Sait mettre un joyeux Gill près d'un Magnard lugubrel

S'il fait l'un triste comme un centenaire aigri,
Et dès l'enfance, hélas! bien dépouillé de charme*,.
Il fait l'autre beau, jeune et gai comme un mari
Qui va prendre le train sans son épouse en larmes.

Celui-ci, retroussant sa moustache, riant
De son rire muet, fait resplendir la Lune;
Celui-là, dans sa barbe obscure maugréant.
Voit dans le Figaro décliner sa fortune.

Mognard est sombre; il pense à la gloire d'Hugo.
Et l'en dirait qu'il pleut à verse dans son âme.
Du railleur Démocrite, étrange alter ego,
Gill, aux vers du géant de Guernesoy, se pâme!

0 caricaturiste ! ô poète bouffon !

Je t'aime 1 — Mais Francis, l'homme aux ciseaux, me semble

Mélancolique ainsi qu'un vide carafon.

(On le dit estimé dans la Nouvelle-Zemble?)

N'en parlonB plus ! — D'ailleurs il est grandement temps,
André, de dire un mot de ;a biographie :
« — Cinq pieds six pouces, fort comme un turc, vingt-sept ans,
« Des cheveux que jarhais le fer ne modifie ;

» Fils de Paris , aimant en vrai Napolitain

» A regarder le ciel, tout de son long dans l'herbe ;

» Dessinant quelquefois; ignorant le matin;

» Emu, mais affectant le calme froid d'un Serbe,

» Et n'arrivant jamais à l'heare au rendez-vous,
» Quoiqu'il aime à trôner au sein d'une voiture ;
» Tel est Gill, le rêveur aux paradoxes fous,
» Le noctambule qui médit de la peinture ! »

Abonnés et lecteurs, que vous dirais-je encor?
Moi, parler du talent du prince de la charge?
Allons dohel vous l'avez suivi, dès son essor,
Son beau coup de crayon franc, carré, gros et l;irge!

Et son esprit exquis, vous le voyez? Ses doigts

Le sèment largement dans ses folles binettes.

Mais il est un détail secret que je vous dois :

— Gill est né de parents pauvres, mais très honnêtes !

Ernest d'Hrrtilly.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN FROTTHHJR(l)

Glatiarny (Albert)

Une de l'Ecole-de-Médecine, maison des bains. — A fait re-
présenter un acte en vers : Sous les Saules, et un prologue d'ou-
verture, aussi en vers —Trame en ce moment une tragédie
odêonesque : Le Comte de Saldagne; la scène se passe à l'Alca-
zar... rien du faubourg Poissonnière.

" m Voir les numéros des 24 et 31 mars, 14, 21 et 28 avril, 19 et 26
mai, 9, 16 et 23 juin, fi, "H et. 28 juillet, 4, 11, 18 août et 8 septembre.

Le grand Albert professe un profond mépris pour MM. les vau-
devillistes, qu'il appelle les épiciers de LA littérature.

Et pourtant il a sous plume te Bouillant Achille et la Femme du
quincaillier, deux vaudevilles.

Avant d'être auteur, Glaligny a joué la tragédie ; avant d'être
Improvisateur, Glatigny a improvisé.

Il jouait Pylade en province, et pour jeter un peu d'imprévu
dans Andromaque, il décocha certain soir, au moment où Her-
mione allait entrer en scène, ]e quatrain suivant à son ami
Oresle :

ltermione est ici, près de nous je la vols;
Je reconnais son pas, je reconnais sa voix
Et, si celle du san^ n'est pas une ehimère,
Tombe aux pieds de ce sexe à qui lu dois ta mère.

Ce soir là, feu Racine devait des droits d'auteur à son confrère
Glatigny ; il est vrai que, de eon côté, GlVigny en redevait à Le-
gouvê père.

Grange (Eugène)

51, rue Saint-Lazare. — Un ciseleur de couplets, le Benvenuto
de la chanson.

Maître G. Vapereau, ordinairement si parcimonieux pour les
vaudcvillieulteurs, dans son Année littéraire et dramatique, a, dans
le dernier volume, reproduit tout au long un rondeau de notre
auteur; il est vrai que ce rondeau est un bijou.

Grangé a abordé tous les genres et réussi dans tous.

Il aurait dû hériter de la croix de Lambert.

Guillemot ( Gabriel )

A l'hôtel de ville. — A été l'un deséchotiers les plus réussis du
Figaro et l'un de ses plus ardents franc-tireurs, avant de devenir
Un ugréable vaudevilliste.—A un homonyme au théâtre, ce qui
cause son désespoir.— Le jour où Gabriel fait jouer au Gymnase
VAmour d'une ingénue. Jules y fait représenter le Marie ge à l'e chère ;
Gabriel n'ayant rien en ce moment sur l'affiche, Jules triomphe
seul avec la Victoire d'Annibal.— Allons, G. G , tirez nous quelque
chose de votre Carnet.

Halévy (Ludovic)

— Monsieur Ludovic Halévy, s'il voi's pteilî

— C'est ici, donnez-vous la peine d'entrer; pardon, permettez-
moi quelques mots bien sentis, avant de vous laisser franchir ce
seuil.

— Vous avez quelque chose à me, diro?

— L'Académie est heureuse et fière, Monsieur, d'avoir à vous
admettre dans son illustre sein.

— Moi!...

— Déjà l'opinion publique vous avait désigné à ses suffrages,
Vous êtes de ces hommes que la docte assemblée n'hésite pas à
aller prendre par la main dans le silence du travail, pour les
conduire au fauteuil : Ce n'est pas lorsqu'on redore le dôme des
Invali ies, que celui de l'Institut doit briller d'un moins vif éclat;
prenez donc, moï.sieur, la place que vous avez si dignement con-
quise et que votre gloire redore la nôtre.

— Mais je suis tout bonnement frotteur et je venais savoir si
ce beau brun de M. Ludovic habite ou non à l'Institut.

— Bon ! Je vous prenais pour un récipiendaire.

C'est bien en eff t au Palais Mazarin qne demeure l'heureux
auteur de la Belle Hélène, seulement le coHaborami de M. Meilhac
n'est pas encore académicien ; en revanche son portier croit de-
voir faire à chaque visiteur un petit discours de réception, dam !
Le concierge de l'Institut !

MM. Meilhac et Halévy ont créé un genre et leurs couplets,

qui passent toujours si victorieusement leur examen à'Offenba-

chalauréat, font fortune — absolument comme eux du reste ;

pointant leurs vess coupés à la Bu qui s'avance, Bu, ou à la

Grande-Duchesse, chessf, né sont qu'un rajeunissement, témoin la

chanson de Panard :

Pour nous mettre en train
Ti'in, trin, trinquons cher Grégoire ;

Avec le bon l in
Vain, vain, vainquons l'humeur noire...

.c

N'importe! Ils se sont associés pour le succès , et le publi
n'est pas près de prononcer la dissolution de leur société.
M. Ludovic Halévy a dû souscrire à la statue de Voltaire.

H«'nnc<|ciin {Paul)

On me signale deux chapeliers de ce nom : l'un rue Saint-Ho-
noré, l'autre p!ace des Victoires, lequel est notre vaudevilliste ?

— Vous voulez rirel... s'exclame le lecteur Lunatique. — De-
puis quan 1 le théâtre et la chapellerie marchent-ils de front?

-- Depuis que M. Delormel, chapelier-vaudevilliste, a fait jouer
aux Folies-Dramatiques les Amazones de Nxnterchinn et, aux Me-
nus Plaisirs, l'Ahuri de Chaillot.

J'ignore si M. Hinnequin est de la partie, mais je sais que le
public est coiffé de sa pièce : les Ficelles du Docteur.

Allons, messieurs les fabricants de chapeaux, courage ! En de-
hors de vous, pas de salut !

Du reste la chapellerie a ceci de eurieux que beaucoup des.
noms de ses honorables fabricants ont été appelés à briller et
brillent encore au soleil du lustre : Augier, Bayard, Bernard,
Bouillet, Cordier, Desnoyers, Duflot, Fournier, Grangé, Lefranc,
Leroy, Monnier, Moreau, Renard, Rousseau, Simonnin, Varin,
Vincent, etc..

Ouvrir pour s'en convaincre le premier Didot-Bottin venu.

Justin Langlois.

(La mite au procltain numéro )

COLIFICHETS

Un bourgeois, enrichi dans le commerce des bouchoi.s, se
passe lo luxe d'épouser une actrice.

Au bout de deux nu trois lunes, — plus rousses que de miel —
il est forcé de s'en repentir, et se décide à demander la sépa-
ration.

Il charge un homme d'affaires de le couper en deux, — c'est-
à-dire de le séparer de sa moitié.

Un an plus lard, l'homme d'affaires lui remet un compte de
frais ainsi détaillé :

Courses à pied pour surveiller madame............ 10 fr.

Courses en voiture pour suivre madame........... 400

Avoir dissuadé madame d'aller trop souvent à

Asnières.......................................... 100

Avoir essayé de lui l'aire comprendre que, passé dix
heures du soir, il est inutile de baisser les slores d'un

liane pour se garantir du soleil..................... 800

Avoir obtenu la liste de ses... cousins.............. 3

Avoir fait une seule copie do ce document......... 200

Avoir surabondamment démontré que M*** est...
fondé I demander la Réparation..................... 3.000

Total..................... 4.513

M. **' regrette sa femme, et — surtout —sa demande.

*
* *

M. B... avait fait demander une bonne dans un bureau de
placement.

Le bureau de placement lui adressa une grosse tille à l'œil
hardi comme la Schneider, à la voix sonore comme la Thérèse,
au ger-te délibéré comme la Frigard.

B... refusa ses services.

Quelques jours après elle revint chez lui et lui renouvela ses
offres de service.

— Encore vous! lui dit-il fort surpris de sa nouvelle visite,
vous vous rappelez bien que je vous ai déjà refusée.

— Mais, monsieur, je viens d'un autre bureau!

— Savez-vous, demandait-on à Clairville, quel est le général,

les

TR

ENTE-DEUX DENTS

DU PENDU w

IX

Un duel éti ans •

— Suite —

Lorsque le disque du soleil eut disparu tout entier sous la ligne

de l'horizon, l'étranger, dénué de tout rudiment de nez, tomba
sur le, dos, tout à coup, en disant : « Adieu, madame Amjuste! »
Ce furent ses dernières paroles.

— Vite, s'écria Hoxton, vite Bagg ! à l'œuvre. Il est inort.

_Tohy ! Snob ! courez à l'hôtel ! Préparez nos bagages. Nous

partirons dans deux heures pour Paris, cria le docteur.

Quand les deux jeunes gens eurent pris leurs jambes à leur
cou, Bagg tira de sa poche nne clef de Garengeot et arracha pres-
tement trois dents au malheUieux étendu devant lui.

— Et de trois ! hurla Hoxton, en glissant ces dénis au fonds de
sa boîte d'or. Et un rire de triomphe éclata dans l'air tranquille,

_Hâtons-nous de fuir maintenant, insinua le docteur.

— Oui, fuyons. D'autres soins nous réclament.
11 m'en manque encore vingt-neuf I

_Vingt-neuf! murmura le docteur Bagg. Elles avaient bien

repris dans la mâchoire tout de môme ! — C'est égal , je n'ai
pas commis do crime. Cet étranger n'a que ju lq HSgPâins d'o
pium dans l'estomac. Il n'y pen-era plus demain, ajoutait-il à

voix basse.
Trois heures après

le dénoûmenfc inattendu de ce duel d'un

(1) Voir les numéros paru» depuis le 4 août

genre nouveau, les quatre acteurs de ce drame sans second -
iilaient sur Paris au trot vigoureux de quatre chevaux de poste.

Instruite par la rumeur publique du départ du beau jeune
hemme pâle, miss B 'Isy, cachant sa douleur aux yeux d'un
inonde cruel et désormais sans charmes, se confina dans son

cabinet d'études, à l'Hôtel du
( Impum-Rouge.

Pour distraire ses ennuis,
elle apprit à dire le nom
du bien-aimé de son âme, à
vingt-deux sansonnets; puis
elle les lâcha dans la cam-
pagne verte.

Les oiseaux parleurs se
sont multipliés naturellement
d'années en années, et les
enfants ont répété les rado-
tages de leurs pères.

C'est pourquoi , mainte-
nant, le promeneur solitaire
qui traverse les dunes aux
environs de Dunkerque, s'en-
tend appeler de tous les cô-
tés par ie» voix inv sibles : « my dear William! my dear Wil-
liam ! »

Ernest d'Hervilly.

(La suite au prochain numéro).
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 80, S. 80_2

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
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Universitätsbibliothek Heidelberg
 
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