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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0154

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2

LA LUNE

JOSEPH GARIBALDI

Giuseppe (Jaribaldi est né à Nice, le 22 juillet 1807.
Aujourd'hui, on le voit par ce qui précède, le vaillant Piémoa
tais, dont nous avons suivi les nombreuses évolutions avec une
fraternelle sympathie, est devenu notre compatriote , par an

nexion.

Je ne sais ce qu'en pense Garibaldi. Pour moi, en l'ait d'al-
liance, je crois qu'on pouvait tomber plus mal.

Bizarre coïncidence ! c'est dans la chambre môme où Masséna
poussait son premier cri que le futur commandant des chemises
rouges a vu le jour!

L'ancienne maison du boulanger, père du duc de Rivoli, prince
d'Essling, serait-elle devenue une mine « d'enfants chéris de la
Victoire? » L'avenir le dira.

Le père et le.grand-père de Garibaldi étaient de simples ma-
rins, peu fortunés, mais enfin propriétaires de petits navires.

Sa famille, dont quelques membres habitent encore le dépar-
tement des Alpes-Maritimes, ne cessa jamais de jouir de la par-
' faite et fortifiante estime du public.

Garibaldi, élevé rudement au milieu des matelots et des pê-
cheurs, passait tour à tour d'une étude sérieuse et suivie des
mathématiques et de la physique, sous la direction de M. Arena
(actuellement vivant), aux plus violents exercices du corps, en
compagnie de ses petits camarades.

S'ils jouèrent souvent à la bataille, pas n'est besoin de le de-
mander.

Quant à dire que dans ces jeux guerriers on voyait déjà le
germe du général d'aujourd'hui, je ne l'oserais vraiment. Je n'y
étais pas d'abord, et d'ailleurs tous les enfants qui se battent
comme des lions, en pantalon fendu par derrière, ne deviennent
pas nécessairement des héros, plus tard.

Cependant Garibaldi, engagé dans la marine sarde, aussitôt
qu'il sût les rudiments du métier, ne te.rda pas à se faire distin-
guer par son activité et par son sang-froid.

A la suite du mouvement insurrectionnel de 1831, compromis
à Gênes, il se réfugia en France, à Marseille. Il y compléta son
éducation nautique. Bientôt il prit du service dans la marine du
bey de Tunis, qu'il quitta pour celle de la république de l'Uru-

gay-

Les prodiges de valeur que lit Garibaldi pendant deux ans, sur
cette terre classique des épouvantables combats à l'indienne,
peuvent se résumer dans les souvenirs qu'il a laissés dans le
pays, et qui se traduisent par ce mot des naturels :
« Garibaldi n'est pas un homme, c'est un diable 1 »
Par exemple, avec douze hommes, sur un simple bateau de
pêche, 11 surprend une goélette armée de six canons, et s'en rend
maître.

Ou bien, luttant contre les Anglais, dans une rivière, il aime
mieux, brûler sa flotte au ne* de l'ennemi que de la voir tomber
entre ses mains.

On se rappelle, je suppose, la Légion italienne de Montevideo, si
fatale à Rosas. Temps homérique! Garibaldi, à la tête de treis
cents braves, tombait à la baïonnette sur trois mille hommes, et
les mettait en déroute.

Tel est l'homme, le sabre en main !

A côté de lui marchait déjà, compagne ardente et dévouée du
soldat de fortune, la belle Anita, une Brésilienne, sa femme ado-
rée, la mère de ces deux nobles enfants : Menotti, Ricciotti.

Tout à coup le général revient en Italie. C'était, on le devine,
en 1848.

Comment il se comporta dans le Tyrol; avec quelle habileté il
tira parti de ses faibles ressources à Rome, c'est ce que nous
n'avons pas à dire.

L'histoire contemporaine ést là, ouverte, à ceite page; que
d'autres la lisent pour nous.

Un an pins tard, Garibaldi reprenait le chemin de l'Amérique
avec ses enfants. Anita, succombant aux fatigues, à la misère,
était restée à San-Alberto, morte.

En 1852, Garibaldi commandait en chef dans l'armée péru-
vienne.

Puis, la paix signée, citoyen paisible, il retourne en Italie ; Ca-
prera, une île inculte, lui do;t en grande partie ses défriche-
ments et sa fécondité naissante,

Enfin, l'époque glorieuse où la patrie du grand aventurier de-
vait se lever tout entière, criant : « Vive la liberté 1 » sous la mi-
traille de Giulay, d'Haban et de François II, arriva, et Garibaldi
reprit son sabre légendaire et son costume, commode, léger,
chaud, d'une couleur qui ne passe pas, qu'on trouve théâtral.
Quand on ne songe pas aux climats exceptionnels, brûlants le jour,
glacés la nuit, sous lesquels le général a vécu, couchant sur la
terre nue, sans tente le plus souvent, le ventre vide parfois.

Dans cette biographie au pas de cr.irse d'une vie aussi bien
remplie, nous ne pouvons toucher un seul mot (l'espace nous
manquerait) des événements à jamais mémorables auxquels Ga-
ribaldi a pris une si grande part en Sicile.

Les faits sont amplement connus d'ailleurs.

Mais nous nous hâtons da dire que cet honnête homme, de
mœurs si douces et si simples, qui ne respire que pour sa patrie,
a bien mérité de sa patrie! Et nous comprenons l'intérêt univer-
sel qui a entouré le chevet du soldat blessé.

Maintenant, Garibaldi a des cheveux blancs et rares. Sa figure
avenante est ridée, mais elle conserve ses trait3 plus fins q'. e
grands et moins austères qu'épanouis et de bon accueil. Les yeux
bleus sont devenus plus pâles; ils tirent sur le gri?, pourtant leur
regard est toujours le même, brillant, incisif et parfois bon-
homme.

Quant à sa voix, elle est restée ce qu'elle a toujours été : exces-
sivement harmonieuse, allant au cœur, droit, et le caressant.

Garibaldi n'a rien perdu de sa force. Sa blessure le l'ait boiter
légèrement ; mais, à cheval, l'écuyer qui étonnait les gauchos est
encore digne de ces maîtres sauvages en fait d'équitation.

Que l'enthousiasme que la gloire pure de Garibaldi a exeité
chez les Anglais et chez nous, s'éteigne peu à peu, cela se com-
prend. Nous avons, nos voisins et nous, bien d'autres chats à fes-
ser ! et nous trouvons que cette « héroïque ganache, » que n ce fou
dangereux » vit par trop longtemps, et que Chaillot l'attend, ce
qui est drôle à dire.

Mais j'ose espérer que par-ci, par-là, en Europe, dans les
endroits arriérés où on lit, non les journaux, mais l'histoire, il
est encore pas mal de gens « mal élevés » dont le cœur bat au seul
nom du loyal libérateur de l'Italie.

Le Coucin Jacques.

LES MIETTES DE LA SEMAINE

Le nuage momentané, qnl a jeté dernièrement du Iroid fur les rela-
tions entre journalistes et sergents de ville, ne doit pas nous empêcher
de signaler les réparties heureuses dont, ces derniers sont susceptibles.

L'autre jour, un individu trouve à la gare de l'Ouest, un paletot de
caoutchouc, qu'il s'empresse de mettre sous son bras.

Vous en eussiez peut-être l'ait autant. Mais un sergent de ville, auquel
la manœuvre n'avait point échappé, l'engagea à en faire le dépôt à la pré-
lecture de police. L'autre refusa et insulta même l'agent de l'autorité,
qui se hâta de le conduire à l'endroit où il lui conseillait, de déposer le
paletot. On fouilla l'homme, et on le trouva nanti de plusieurs porte-
monnaie, de trois montres et d'une cafetière.

— Voilà un gaillard que j'ai suspecté tout de suite, dit le sergent de
ville, car rien qu'en le voyant ramasser ce vêlement de caoutchouc, je me
suis douté qu'il avait la conscience élastique.

venu, après des années d'abando
carrée...

détrôner son rival le képy à la

La charge en douze temps a fait le sien. Les conscrits de tous les régi-
ments reçoivent des Chasse-pot et en apprennent le maniement, la clari-
nette ancien modèle devant définitivement être abandonnée.

Je ne puis la voir partir sans regret, celle bonne vieille clarinette de
cinq pieds, dont nos troupiers ont joué avec un certain succès aux quatre
coins du globe.

Reléguée au rang des armes réformées, elle va devenir... ce que
deviennent les vieilles lunes... elle va aller rejoindre les anciens briquets
d'infanterie, le» fusils à silex les habits queue de morue des voltigeurs
de 1830... jusqu'à ce qu'un jour, quand on sera blasé sur le Chasscpot,
elle tes ienne triomphante comme l'antique bonnet de police qui est re-

draÏ-enlr Ï ^ "G ^ ''cfllsc (,e ''«-voir
dételle la contrefaçon?... Moi je ne suis
a\ec plaisir.

pas

l'or belge Crain-
si difficile : je l'accedle

Le Boston Adoertiser
Japon. Le Japonais abondant, en ce moment, sur la place, ce détail es^
est écrasant d'actualité. Donc, les Japonais ne se servent ni de mouchoirs
de soie ni de mouchoirs de coton : ils se mouchent dans du papier.

« En résumé », ajoute la feuille américaine, » le Japon ne pourrait
« exister sans papier. L'importance que ce peuple altache.au papier est si
« nranitc, qu'une mère ne mariera pas sa fille sans stipuler que le mari sera
« tenu de fournir à sa femme l'Ile nuantité de papier estimée né a
« aux lesoini de la vie... »

Ce dernier membre de phrase est effroyable de

nous conte que le papier joue un grand rôle au

:essairc

Je réalisme.

Le

trônés : place au feu et à la chandelle souverains dé-

2 Ô^STftf* J"CfIUe9 11 d'A""'eterre à Saint-
al* as de Pologne a Nancy, Christine de Suède à Ponta
Carlos d'Espagne à Bourges...
On pourrait bien, il nous semble, héberger Orélie

Germain, Sla-
a Fontainebleau, Don

1er... à Charenton.

Eue Frebault.

BEAUDELAIRE AUX CHAMPS-ELYSÉES

les Chamy.s-Elyiée; aux enfers. Ûac barque qui vient de traverser le
Styx ahorde et Charles Baudelaire en descend ; il porte trois jeunes
chats dans ses bras.

Des ombres qui. se promènent par groupes de deux ou trois s'avancent
vers lui et le saluent gravement.

lambekt thiboust, accourant vers Baudelaire. — Tiens, c'est
Baudelaire ! Te voilà déjà, ma pauvre vieille ! Qu'est-ce que tu
viens faire ici ? Es-tu venu par les Batignoiles '!... Qu'est-ce que
tu as là? Tes chats?...

baulelaire, d'une voix douce :

L'Erèbe les eut pris pour ses coursiers funèbres
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
lambekt thiboust. — Sans doute,
Tu es venu seul?

je ne dis pas le contraire.

kauoei.aire.

Oui,

route, car
in de lui serrer
veux-tu que je te

mais Commerson doit être en
WoliT affirme qu'il a un pied et demi dans la tombe.

Léon rossignol. — Ah ! tant mieux ! j'ai beso
les phalanges, à ce bon vieux.

lambekt thiboust. — Dis donc, Baudelaire
présente à Poë ?

baudklaire.— Certainement. Est-il là?

I.AMBKRT THIBOUST. - Tu VaS VOIT.

(Lambwt Thiboust se fait un porte voix de ses deux mains : Ohé !
Poë ! Ohé ! Par ici, ma vieille !)

(Poé arrive en donnant le bras à Hoffmann et à Swedenborg : Que
voulez-vous, Thiboust ?
lambkrt THiBousT, chantant sur iair : En revenant oe Flandre :
Tiens, voilà Baudelaire!
Tiens, tiens, voilà Baudelaire !

poe. —Monsieur, je vous suis obligé de l'honneur que voua
m'avez fait.

Baudelaire. — 11 n'y a pas de quoi! Je vous ai traduit parce
que mon âme avait les mêmes mobiles primordiaux que la vôtre;
j'ai élé charmé de trouver daus vos œuvres ces études subtiles
de la perversité et du mensonge, météores des marécages, et.....

hoki'mann. — Vousaveï là de bien jolis chats.

BAUDKUUIÉ.—

Leurs reins féconds sont pleins d étincelles mystique
béranorr. — Sont-ils de race anglaise ?

LES

TRENTE-DEUX DENTS

DU PENDU "

I.e colonel Fourïi-ebleu

La plupart de nos lecteurs ont la fibre délicate. Nous ne fein-
drons pas de l'ignorer plus longtemps.

Hâtons-nous donc de les rassurer sur le
sort déplorable du gentleman si mécham-
ment dépouillé de ses dents, et laissé pour
mort dans les Dunes.

Cet intéressant individu, après avoir er-
ré au milieu des sables, pendant huit jours,
vivant du produit de sa chasse et de sa
pêche, fut enfin rencontré par des pô-
à la jupe courte, aux jambes nues.

cheuses

crevettes

(1) Voir les numéros parus depuis le 4 août.

Ces honorables travailleuses de la mer voulurent bien remettre
sur le chemin de l'hôtel du Chaperon-Bouge levoyageur égaré. Les
informations ultérieures que nous avons prises sur le compte de
ce dernier nous permettent d'affirmer qn'il ne conserva d'autres
souvenirs de cette aventure inouïe qu'un état perpétuel d'étonne-
ment stupido.

— Peuh !

Maintenant, précédons à ParÏ3 la malle-poste qui brûle le pavé
ài a toutes royales, cahotant dans son sein peu capitonné Jame ;
Hoxlon et consorts.

Rue Saint-Honoré, n° 92 ou 91, au cinqirôme étage, dans un
appartement composé d'une anticham-
bre et d'un cabinet, demeurait, depuis e-à^
son retour du Texas, c'est-à-dire de- qjà ^ ,

puis environ dix-huit ans, un ancien
colonel de dragons sous l'empire, sexa-
génaire, bilieux et d'aspect désagréa-
ble, nommé Porphyre Foudrebleu.
* Commo tous ses contemporains e /—i
collègues, il avait eu, à la suite du
Héros, quelquochose de roti en Egypte,
de gelé en Russie et de cassé à Wa-
terloo. I ; -,

L'œil gauche et le bras droit lui jjwt^W
manquaient; il avait laissé à Mont- Jifl^Jk^T' Pi—^
Saint-Jean ces deux fragmenta de sa
personne.

Et le colonel Foudrebleu pouvait dire avec justesse, comme
l'homme charitable : « Ma main gauche ignore parfaitemeut ce
que fait ma droite ! »

Itevenu du Champ-d'Asile, en 1818, nous l'avons dit plus haut,
et possesseur de quelques petites rentes, grossies de dépouilles
opimes, souvenirs des Espagnes, il occupait ses loisirs de la fa-
çon suivante :

Levé dès l'aube, chaque jour, il se manifestait d'abord aux
yeux éblouis de son concierge, vers neuf heures, sous les appa-
Image description

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
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Digitales Bild
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Public Domain Mark 1.0
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La Lune, 3.1867, Nr. 81, S. 81_2

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