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22 octobre 1871.

REVUE COMIQUE 17

LE MUSEE DES SOUVERAINS

II

BARTHÉLÉMY SAINT-HILAIRE

Habit noir, cravate blan-
che, l'attirail d'un hom-
me qui va dans le monde;
il est huit heures vingt-
cinq minutes du soir, et

c'est dans cet attirail que
je traverse la grande salle de la gare de l'Ouest, rive droite.
Je prends mon billet pour Versailles et je me dirige vers
les wagons.

Dans le trajet, j'entends des gens qui se disent :

— « Voilà un monsieur qui va en soirée chez M. Thiers. »
Parbleu ! un homme qui va à Versailles en cravate blan-
che !

A la gare d'arrivée, les douaniers se rangent devant ma
cravate et se murmurent de l'œil :

— « Chez M. Thiers. »

Dix minutes après, un liacro me dépose sur le perron du
palais de la Présidence.

Deux huissiers assis dans le vestibule se lèvent. Je iip
salue pas — ils me prendraient pour un provincial — et
j'eniile crânement le couloir de droite. Au premier étage,
le valet de chambre m'ouvre la porte do la galerie, en me
disant :

— « C'est dans le petit salon. »

Petit salon cela signilie .- petit comité, c'est-à-dire pres-
que personne. Au fait! il brouillasse !

Le grand salon n'est éclairé que par doux lampes placées
sur la cheminée, « aspect provisoire ; » l'emblème du gou-
vernement.

Je suis sur le seuil du sanctuaire, et d'un coup d'œil je
saisis l'ensemble : trois femmes causent presque à voix
basse dans un coin : Madame Thiers Mademoiselle Dosne
et la jeune Madame de Rémusat, la bru des affaires étran-
gères.

M. Thiers dort sur un canapé. Barthélémy Saint-Hilaire
page du nouvel empereur, accoudé sur le marbre de la che-
minée, veille sur le sommeil de son maître.

Dans l'embrasure d'une fenêtre, je vois se dessiner le
profll du député Ducuing, dit la Grande-Ourse, en conver-
sation politique ou économique avec Grangier de la Mari-
nière, un des secrétaires du président.

Je dépose mes hommages. Madame Thiers me dit : « Le
président est très-fatigué ce soir ; il est très-fatigué. On ne
le réveillera que s'il vient un personnage, n'est-ce pas ? —
Vlan, Barthélémy Saint-Hilaire me reste ; allons serrer la
main de ce mamoluck.

Arrêtons-nous ici.

M. Barthélémy Saint-Hilaire a débuté par les finances.
Il était sous la Restauration employé au Trésor (on disait le
Trésor), qu'il abandonna pour tartiner au Globe, avec Du-
bois et Pierre Leroux. En 1830, il lit le coup de fusil, signa
la protestation des journalistes, écrivit au National, puis
vers 1833, il tomba dans Aristotc. Un homme politique à la
mer! — Pas du tout. Aristote l'a conduit à l'Institut, l'Ins-
titut au collège de France, le collège de Franco à l'Assem-
blée nationale de 1848, et l'Assemblée nationale chez
M. Thiers.

L'amitié de M. Thiers pour Saint-Hilaire date du coup
d'Etat. Celui-ci, administrateur élu du collège de France,
refusa le serment et il était pauvre. Il ne lui resta que son
maigre traitement de membre de l'Institut jusqu'à la mort
de Victor Cousin, qui lui avait assuré par testament une
feule do dix mille francs.

Touché du désintéressement de Saint-Hilaire, M. Thiers
se prit d'une chaude amitié pour le traducteur d'Aristote.
Saint-Hilaire devint le commensal, le familier de l'hôtel
Saint-Georges. 11 n'y couchait pas, mais il y demeurait. Ma-
dame Mère, autrement dit Madame Dosne. ne pouvait plus
se passer d'Aristote II; c'est ainsi qu'elle appelait Saint-
Hilaire,

Le soir, à l'heure du thé. si Mademoiselle Dosne était fa-
tiguée, M. Thiers lui disait : « No te dérange pas, Félicie.
c'est Saint-Hilaire qui versera.

Et Saint-Hilaire prenait la théière et accomplissait avec
empressement la fonction de Ganymèdo, successeur ou plu-
tôt remplaçant d'Hébé, fonction qui lui était parfois dispu-
tée par Prévost-Paradol.

Un pleur sur celui-là i Avec M. Thiers, chef du pouvoir,
jusqu'où n'eût-il pas été, s'il n'avait eu la mauvaise idée
d'aller en Amérique ?

A force de voir M. Thiers, d'entendre M. Thiers, de vivre
avec M. Thiers, Saint-Hilaire devint le clair de lune de ce
soleil. Contrairement à l'homme d'Hoffman, qui avait perdu
son ombre, lui perdit sa personnalité. Il est l'ombre d'un
esprit, le rellet d'une intelligence.

M. Thiers adore les reflets.

Quand on lui dit qu'il n'y a plus d'hommes, son petit œil

gris a l'air d'éclater do rire derrière ses lunettes..... Plus

d'hommes, et moi donc !

Le mot de Médéo : Moi seul, et c'est assez.

Saint-Hilaire est le factotum universel de la Présidence.
11 travaille alternativement avec M. et Madame Thiers.
L'un lui recommande de veiller à la nomination de tel can-
didat à une préfecture, et l'autre à l'accommodement de la
carpe qu'on servira le soir à dîner,
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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Barthélemy Saint-Hilaire
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La revue comique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
ZST 3069 C RES::1.1871

Objektbeschreibung

Kommentar
Siehe auch: http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/revuecomique1871/0135

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Reiter <Motiv>
Frankreich
Karikatur
Insekten <Motiv>
Satirische Zeitschrift
Thema/Bildinhalt (normiert)
Barthélemy Saint-Hilaire, Jules

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
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Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
La revue comique, 1.1871, Nr. 2, S. 17.

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