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REVUE COMIQUE
2C> novembre 1871.
Quelle était mon idée, sinon de faire comprendre à la
France qu'elle n'avait que ce qu'elle mérite, d'aiguillonner 1rs
forces vives qui lui donneront une nouvelle existence, et de
la retremper dans ces épreuves providentielles qui sont le
salut des peuples.
C'est moi qui lui ai fourni Ollivier,
un autre Kmile, celui-là, le ministre
au cœur léger.
C'est moi, souvenez-vous, 6 Thiers,
qui ai crié le premier : à Berlin! et
mes disciples ont répété comme moi,
d'une voix ferme : à Berlin! à Berlin!
La guerre contre la Prusse était
aussi une épreuve salutaire que j'en-
trevoyais pour refaire à mon pays une
virginité.
Vous, Thiers, dans un corps étroit, l'on no saurait vous
blâmer de renfermer un esprit comme votre corps. Aussi
vous n'avez pas compris la grandeur de mes pensées.
Voici pourquoi vous n'avez pas craint de vous opposer à
cotte guerre, à cette défaite pressentie, qui devait amener
pour l'avenir d'éclatantes modifications que votre myopie
vous défendait de voir.
Seriez-vous président de la République si je n'avais fait
Napoléon III et poussé à la guerre contre Guillaume ?
J'ai crié : A Berlin ! c'est vrai ! et j'ai été à Bordeaux. Je
ne m'en cache pas.
Je suis myope aussi.
Mais c'est une de ces myopies qui dérobent les petites
choses, et ne laissent apercevoir que les grandes.
Faites grand, disait un autre de mes disciples à celui que
j'avais contribué à placer sur les coussins du char de
L'Etat.
On ne peut lui reprocher de ne pas avoir fait grand.
Sedan n'est-il pas plus grand que Waterloo ?•
érité, en vérité, je vous le dis, celui qui a vu si
, celui pour lequel l'avenir a si peu de secrets, cclui-
joil être écouté.
Lise/, mes alinéas, lisez-les, ô vieillard à courte vue. pé-
nétrez-vous do ce pain sacré, aliment premier des âmes
fortes.
L'avenir, c'est la liberté ; la liberté, c'est l'avenir.
Le tiers est plus petit que la moitié, la moitié est moins
grande que le tout, le tout est plus grand que la partie.
La partie n'est pas perdue. Sauvons le tout.
.1 ai dit.
#
M. Thiers s'inclina, essuya d'un mouchoir fiévreux le
cristal de ses lunettes d'or.
Quand il les replaça sur son nez présidentiel, Girardin
Kmile avait disparu.
Une gerbe de précieux alinéas, souvenir muet de sa pré-
sence, éclairait de vagues lueurs le cabinet du chef de
l'Etat.
Et l'on entendait les disciples répéter en chœur : Resur-
rexit, sicul dixil ■. Alleluial
Fendant ce temps, les hommes attachés au souvenir d'un
autre temps envoient des bouquets, des vœux et des con-
seils à l'étranger. Il a été avéré que, sur les deux millions
d'habitants qui peuplent Paris, vingt-trois mille signatures
ont enjolivé le papier qui entourait le timide bouquet de
violettes envoyé en Espagne.
23 mille ! Onz < et demi pour cent de la population! Il n'y
a pas à dire, c'est un chiffre. Et cela donne sérieusement à
rétléchir.
D'autre part, soixante dé-
putés, nous assure-t-on .
sont partis pour Lucerne
visiter le comte de Cham-
bord. 12 0/0. c'est un chiffre,
et cela donne à réfléchir.
On annonce que Figaro,
le spirituel barbier, a obte-
nu ses petites et ses gran-
des entrées.
Le comte de Chambord
conserve toute sa barbe.
Mystère!
* #
Une députation des fruits secs, renvoyés des pontons après un examen d'insuffisance, .vient, nous dit-on, de porter au
citoyen Vcrmesch un bouquet pour célébrer sa condamnation.
L'honorable père Duchéne a répondu aux délégués :
— Ah! nom de D... ! une condamnation, je m'en f... un peu! Ici, nous nous tenons les pieds chauds, et nous buvons frais
Et nous faisons un petit journal salé qui n'a pas froid aux yeux, pour faire condamner les crétins assez idiots pour ne pas
s'être poussé de l'air, et les Jean f... de patriotes qui ne se sont pas tiré les pattes quand toute la boutique est tombée dans
l'ouvrage. C'est ça qui no sera pas une perte. (Bravos unanimes.)
REVUE COMIQUE
2C> novembre 1871.
Quelle était mon idée, sinon de faire comprendre à la
France qu'elle n'avait que ce qu'elle mérite, d'aiguillonner 1rs
forces vives qui lui donneront une nouvelle existence, et de
la retremper dans ces épreuves providentielles qui sont le
salut des peuples.
C'est moi qui lui ai fourni Ollivier,
un autre Kmile, celui-là, le ministre
au cœur léger.
C'est moi, souvenez-vous, 6 Thiers,
qui ai crié le premier : à Berlin! et
mes disciples ont répété comme moi,
d'une voix ferme : à Berlin! à Berlin!
La guerre contre la Prusse était
aussi une épreuve salutaire que j'en-
trevoyais pour refaire à mon pays une
virginité.
Vous, Thiers, dans un corps étroit, l'on no saurait vous
blâmer de renfermer un esprit comme votre corps. Aussi
vous n'avez pas compris la grandeur de mes pensées.
Voici pourquoi vous n'avez pas craint de vous opposer à
cotte guerre, à cette défaite pressentie, qui devait amener
pour l'avenir d'éclatantes modifications que votre myopie
vous défendait de voir.
Seriez-vous président de la République si je n'avais fait
Napoléon III et poussé à la guerre contre Guillaume ?
J'ai crié : A Berlin ! c'est vrai ! et j'ai été à Bordeaux. Je
ne m'en cache pas.
Je suis myope aussi.
Mais c'est une de ces myopies qui dérobent les petites
choses, et ne laissent apercevoir que les grandes.
Faites grand, disait un autre de mes disciples à celui que
j'avais contribué à placer sur les coussins du char de
L'Etat.
On ne peut lui reprocher de ne pas avoir fait grand.
Sedan n'est-il pas plus grand que Waterloo ?•
érité, en vérité, je vous le dis, celui qui a vu si
, celui pour lequel l'avenir a si peu de secrets, cclui-
joil être écouté.
Lise/, mes alinéas, lisez-les, ô vieillard à courte vue. pé-
nétrez-vous do ce pain sacré, aliment premier des âmes
fortes.
L'avenir, c'est la liberté ; la liberté, c'est l'avenir.
Le tiers est plus petit que la moitié, la moitié est moins
grande que le tout, le tout est plus grand que la partie.
La partie n'est pas perdue. Sauvons le tout.
.1 ai dit.
#
M. Thiers s'inclina, essuya d'un mouchoir fiévreux le
cristal de ses lunettes d'or.
Quand il les replaça sur son nez présidentiel, Girardin
Kmile avait disparu.
Une gerbe de précieux alinéas, souvenir muet de sa pré-
sence, éclairait de vagues lueurs le cabinet du chef de
l'Etat.
Et l'on entendait les disciples répéter en chœur : Resur-
rexit, sicul dixil ■. Alleluial
Fendant ce temps, les hommes attachés au souvenir d'un
autre temps envoient des bouquets, des vœux et des con-
seils à l'étranger. Il a été avéré que, sur les deux millions
d'habitants qui peuplent Paris, vingt-trois mille signatures
ont enjolivé le papier qui entourait le timide bouquet de
violettes envoyé en Espagne.
23 mille ! Onz < et demi pour cent de la population! Il n'y
a pas à dire, c'est un chiffre. Et cela donne sérieusement à
rétléchir.
D'autre part, soixante dé-
putés, nous assure-t-on .
sont partis pour Lucerne
visiter le comte de Cham-
bord. 12 0/0. c'est un chiffre,
et cela donne à réfléchir.
On annonce que Figaro,
le spirituel barbier, a obte-
nu ses petites et ses gran-
des entrées.
Le comte de Chambord
conserve toute sa barbe.
Mystère!
* #
Une députation des fruits secs, renvoyés des pontons après un examen d'insuffisance, .vient, nous dit-on, de porter au
citoyen Vcrmesch un bouquet pour célébrer sa condamnation.
L'honorable père Duchéne a répondu aux délégués :
— Ah! nom de D... ! une condamnation, je m'en f... un peu! Ici, nous nous tenons les pieds chauds, et nous buvons frais
Et nous faisons un petit journal salé qui n'a pas froid aux yeux, pour faire condamner les crétins assez idiots pour ne pas
s'être poussé de l'air, et les Jean f... de patriotes qui ne se sont pas tiré les pattes quand toute la boutique est tombée dans
l'ouvrage. C'est ça qui no sera pas une perte. (Bravos unanimes.)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La semaine
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La revue comique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 3069 C RES::1.1871
Objektbeschreibung
Kommentar
Evtl. Personen identifizieren und anlegen
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La revue comique, 1.1871, Nr. 7, S. 74
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg