La revue comique (1.1871)

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REVUE COMIQUE

17 décembre 1871.

COUPS DE LORGNETTE

lia

Palais-Royal.

Nous avons trouvé dans la boîte du Journal un prospectus
dont voici le texte et qui nous a été adressé sans doute par les
frères siamois du succès Meilhac et Halévy :

Agence Tricoche ei Cacolet.

L'agence Tricoche et Cacolet, dont l'honorabilité est suffisam-
ment établie par vingt années d'exercice sur la place de Paris,
a l'honneur de vous informer que, vu l'empressement du
public et dans le but de satisfaire une clientèle aussi nom-
breuse que choisie, elle vient d'établir ses bureaux dans un
nouveau local, dont les dimensions plus vastes lui permettront
de donner à ses opérations tout le développement qu'elles com-
portent et de satisfaire ainsi à toutes les demandes qui lui
parviennent journellement de la France et de l'étranger.

Comme par le passé, l'agence se charge de toutes les mis-
sions secrètes et délicates de nature à intéresser les particu-
liers.

Est-il nécessaire de rappeler que la maison tkicoche et cacolet,
fondée en 1852, a pour spécialité :

1° De surveiller les femmes pour le compte des maris;

2° D'espionner les maris au profit des femmes;

8° De découvrir et de cacher les femmes en rupture de «m-
jungo;

4° De retrouver les animaux perdus, tels que : chiens, perro-
quets, débiteurs, créanciers, etc.....

5» De fournir des renseignements aux familles honorables
qui désirent trouver des partis sérieux pour leurs enfants.
(M. de Foy n'est qu'un farceur.)

6° Etc., etc....................

La maison Tricoche et Cacolet, afin de parer aux exigences
delà situation, vient de s'attacher un grand nombre de nou-
veaux agents précieux à divers titres et ayant exercé avec
succès dans les quatre parties du monde et sous toutes les
latitudes connues et inconnues.

Faut-il citer les fameux Brasseur et (lil-pérès, dont la re-
nommée est universelle !

Les bureaux sont donc, à dater du 1er décembre, installés dans
le local spacieux, luxueux et aéré du Théâtre du Palais-Royal.

Vu la rigueur de la saison, la salle sera chauffée. Quoi qu'il
en soit, les prix ne seront pas augmentés.

Honnêteté, économie, célérité et discrétion, telle a toujours été
et telle sera toujours la devise de la maison
Tricoche et Cacolet
Hue Beaujolait et nie Montpensier

I'ai.ais-Hoyal.

(Tous les soirs, de 8 heures ii minuit, on ne paye qu'en en-
trant.)

Ohatelel

Par une froide soirée du mois de décembre 1871. quinze cents
citoyens des deux deux sexes, appartenant à toutes les classes
de la société, s'étaient donné rendez-vous dans la vaste salle
du Chàtelet...

Au dehors, il neigeait; quelques passants attardés longeaient
les maisons.

Dans l'obscurité des ruelles sombres, on entendait grelotter
le mendiant.

La Seine charriait d'énormes glaçons, qui allaient se. briser
avec fracas contre les piles des ponts.

Et les vieux de la vieille disaient avec un soupir : «Cela rap-
pelle le passage de la Bérésina.»

Mais pourquoi ces quinze cents citoyens étaient-ils venus
occuper les fauteuils et les loges du Chàtelet?

Pour assister à la reprise du Juif Errant, direz-vous ?

Erreur, profonde erreur!

Ils étaient venus pour voir s'il est possible, grâce aux pro-
grès de la science, de produire dans un lieu clos et couvert la
température sibérienne de la rue.

Et ils n'ont pas perdu leur temps.

Les efforts des excellents directeurs P. Deshayes et Lacres-
sonniére ont été couronnés de succès.

Il fait plus froid dans la salle du Chàtelet que sur la place.

Cet abaissement considérable de la température a même
produit des effets curieux et saisissants.

Quelques exemples entre mille :

L'embonpoint de Céline Montaland a subitement fondu. La
voix de Dumaine est devenue douce et harmonieuse. Le style
de Paul Foucher est devenu élégant. Jouvin a brisé son binocle
désormais inutile. Le député Ordinaire est devenu poli. Enfin,
le bœuf gras qui paraît dans l'acte de la Ilacchaiiale a retrouvé
son sexe.

Conclusion :

Allez voir le Juif-Errant: on ne saurait trop applaudir une
pièce qui produit des effets aussi curieux!

Lvh balM masqués.

Valentino a donné samedi le premier bal masqué.

Il y avait foule, cohue à Valentino, mais peu ou point de dé-
guisements.

Amis du carnaval, vous pouvez vous écrier :

« Adieu paniers, vendanges sont faites! »

Pierrot a été empoisonné par son blanc, Arlequin a avalé sa
batte et la Folie a mis ses clochettes au clou.

L'illustre Markowski a également inauguré ses fêtes de nuit,
chères au high-life parisien.

Le classique maestro di ballo a cru devoir, pour la circons-
tance, composer un quadrille dit « de l'Avenir » intitulé la Re-
couche.

Halte là. maître Markowski. Il est des choses sacrées, qui
n'ont rien à faire dans votre bastringue.

En souvenir de vos compatriotes communeux, mettez-moi
bien vite la Revanche des Polonais. Autrement Crispino cesserait

de rire, et quand il cesse de rire, il est b.....méchant.

Crispino.

LE DENTISTE ET LA NOIX

FABLE

Un dentiste s'extirpe,'un jour, mu' molaire
En coulant cadser mie noir.
•■ Ce procédé me plaît : il est très bon, je crois. »
Dit-il. — Mais c'est en vain qu'il cent extraire
Les dents ainsi ; car, chaque fois,
La molaire reste enchâssée
El la noix est toujours cassé"...

Qu'est-ce que ça prouverait bie?i?
.le n'en, sais rien