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Départeounts, 9 fr. Étranger, h trÙ \ W^nfliJi^3i^3^^mS^^f^^ l^TuSVife^rl^I o I^SÎW^^ P AR lS
s.^î-lt.csmanusciits et dessins no»
Six mon: France, 5 fr. Etranger, b iH-^p\OjV\/\ \^ ^fàFélix JU%N,\^ect<fyr.j*^ , ^ 2s3 Vmscrcs ne sont pa? rendus.
— Ayez pi'tiè J'un pauvre patron sans emploi..
— Allons! c'est bon, voyons voir tes certificats.
— Ah! mon gaillard, tes ouvriers t'ont renvoyé?
— Oui, ma tète ne leur plaisait pas.
humaine. Ils sont en notre âme comme le sang est dans nos veines,
T 'Ï? TV IV lr? 1VT ï 1HYT ï et le plus grand génie ne saurait empêcher l'homme de pleurer ou
Kl fh k\ k\ aAAw (je rjre> pas pius qUe \e pouvoir des papes n'a pu empêcher la terre
de tourner.
M. Paul Adam n'a jamais vu rire une jolie femme. M. Paul Adam On peut reprocher à un écrivain d'être lourd, pâteux, fat etassom-
n'a jamais vu rire un petit enfant. mant, d'écrire pour ne rien dire, de prendre un lieu-commun
Les gens qui rient à son nez ou à sa barbe sont d'atroces com- p0ur un jugement hardi et neuf, de confondre sa suffisance avec
pagnons ou d'abominables mégères au nez aplati, « aux narines l'éloquence; mais on ne peut pas reprocher à un homme déverser
évasées entre les ballons des joues, » à la bouche, gouffre visqueux, des larmes, s'il souffre, de rire aux éclats, s'il est heureux, s'il
découvrant l'absurde clavier des dents unies par des fils de salive. s'amuse ou si on l'amuse. Voilà pourquoi le rire serait indestruc-
II déclare donc dans un article récent que le rire est hideux. tible et inattaquable, si les jouissances qu'il nous donne et si
De ce que M. Paul Adam n'a rencontré que des gens au masque l'oubli qu'il nous verse ne nous le rendaient pas sacré,
répugnant et à la bouche immonde, Victor Hugo a eu tort d'écrire: Et, preuve admirable de la beauté du rire! c'est la justice que
Il me riait, et moi, quand je le voyais rire, lui rendent les plus nobles penseurs, les écrivains les plus purs.
J'avais, pauvre vieillard, un soleil dans le cœur! Si cette cause avait besoin d'avocats, toutes les gloires passées,
Le rire n'a jamais mis de soleil dans le cœur de M. Paul Adam. futures et présentes se lèveraient en sa faveur.
Et, cependant, Arthur Schopenhaûer —, père du pessimisme — Denis Diderot disait : « Tout ce qui amuse et fait rire est fort
était gai! bon. » Courrier ajoutait : « Il n'y a de bonnes gens que ceux qui
Si le rire est la manifestation de la joie humaine, il devient par- rient. » Un jour, Mme de Girardin, qui avait l'horreur du grossier
fois noble et triste. Le chef des pessimistes ne riait pas comme un et du vulgaire, fut plus sévère et écrivit que les sots ne savent
butor... Supporter la vie et ses douleurs, opposer la gaieté à la jamais rire.
souffrance, la raillerie victorieuse aux imbéciles, aux importants, Théophile Gautier, lui-même, honore le rire. Il le réserve aux
aux niais, aux coquins tout puissants, ce n'est pas être léger, ce hommes et aux Dieux, qui n'ont pas d'autre plaisir dans l'Olympe,
n'est pas être hideux, ce n'est pas être cruel et barbare. C'est être à côté du grand Michelet qui le considère comme une fonction
fort. C'est jouir de la santé de l'esprit. C'est répandre autour de soi essentielle de notre nature et de Toussenel qui en fait la faculté
l'oubli, la consolation et l'espoir. Une boutade de Rochefort, une caractéristique de la supériorité de l'homme.
légende de Forain, voilà la première revanche de tout un peuple Ce rire dénoncé comme hideux, le voici donc symbole de la
contre ses tyranneaux et contre ses spoliateurs! bonté, de l'esprit, de l'intelligence, quand ce sont nos meilleurs
La liberté, la vérité s'étaient réfugiées dans le rire. M. Paul maitres qui le jugent et l'analysent!
Adam prend sa trique et veut les en débusquer. Ah 1 si M. Paul Adam avait dénoncé l'ordure, la bêtise, ces fanges
La burlesque tentative et l'inutile effort 1 M. Paul Adam veut qui ne souillent pas plus la gaieté que l'ineptie de feuilletons pleu-
charger le Rire et, de l'attaquer, devient grotesque. Son invective rards et de larmoyants mélodrames ne diminue la grandeur tra-
ne souille ni ne tue ceux qu'elle veut abaisser ou exterminer. Elle gique, nous lui donnerions mille fois raison. Il faut séparer je
fait de lui simplement un écrivain gai sans le savoir et un rigolo comique du trivial, la réelle et auguste douleur de la pleurnicherie
malgré lui. conventionnelle et l'éloquence du fatras et de l'enflure, mais il na
Quand la fureur n'est ni légitime ni éloquente, elle est grotesque. faut pas rougir d'avoir ri, car on ne rit jamais assez souvent, ini
En lisant cette diatribe inattendue, dont le besoin ne se faisait nul- assez haut.
lement sentir, chacun s'est demandé si M. Paul Adam était un La Bruyère et le grave Montesquieu avaient des mouvements
nouveau Sâr, s'il débutait dans les Péladan; et l'on a jugé, gêné- de gaieté enfantine; Chamfort jugeait perdue la journée où l'on n'a
ralement, que son Manifeste n'égalait pas en beauté 1 inoubliable point ri; Jean-Jacques, à travers les amertumes de sa vie et de son
Mandement à la femme Rothschild... Mais l'éreintement dégénère cœur, s'écrie, sans en éprouver la moindre honte :
depuis que le robuste Veuillot n'éreinte plus que les anges du ciel, « Qui de vous n'a pas regretté cet âge où le rire est toujours sur
et, quand M. Paul Adam nous promet de nous démolir, nous ne les lèvres? » ,
sommes pas démolis du tout : nous ne sommes que volés comme Rousseau croyait qu'il n'y aurait personne pour renier un sen-
au coin d un Bloy. timent aussi vieux que l'Humanité. Il s'est trompé : il y avait
C'est que la Douleur et le Rire ne dépendent pas de la volonté M. Paul Adam ! Edmond Deschaumes.
Départeounts, 9 fr. Étranger, h trÙ \ W^nfliJi^3i^3^^mS^^f^^ l^TuSVife^rl^I o I^SÎW^^ P AR lS
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Six mon: France, 5 fr. Etranger, b iH-^p\OjV\/\ \^ ^fàFélix JU%N,\^ect<fyr.j*^ , ^ 2s3 Vmscrcs ne sont pa? rendus.
— Ayez pi'tiè J'un pauvre patron sans emploi..
— Allons! c'est bon, voyons voir tes certificats.
— Ah! mon gaillard, tes ouvriers t'ont renvoyé?
— Oui, ma tète ne leur plaisait pas.
humaine. Ils sont en notre âme comme le sang est dans nos veines,
T 'Ï? TV IV lr? 1VT ï 1HYT ï et le plus grand génie ne saurait empêcher l'homme de pleurer ou
Kl fh k\ k\ aAAw (je rjre> pas pius qUe \e pouvoir des papes n'a pu empêcher la terre
de tourner.
M. Paul Adam n'a jamais vu rire une jolie femme. M. Paul Adam On peut reprocher à un écrivain d'être lourd, pâteux, fat etassom-
n'a jamais vu rire un petit enfant. mant, d'écrire pour ne rien dire, de prendre un lieu-commun
Les gens qui rient à son nez ou à sa barbe sont d'atroces com- p0ur un jugement hardi et neuf, de confondre sa suffisance avec
pagnons ou d'abominables mégères au nez aplati, « aux narines l'éloquence; mais on ne peut pas reprocher à un homme déverser
évasées entre les ballons des joues, » à la bouche, gouffre visqueux, des larmes, s'il souffre, de rire aux éclats, s'il est heureux, s'il
découvrant l'absurde clavier des dents unies par des fils de salive. s'amuse ou si on l'amuse. Voilà pourquoi le rire serait indestruc-
II déclare donc dans un article récent que le rire est hideux. tible et inattaquable, si les jouissances qu'il nous donne et si
De ce que M. Paul Adam n'a rencontré que des gens au masque l'oubli qu'il nous verse ne nous le rendaient pas sacré,
répugnant et à la bouche immonde, Victor Hugo a eu tort d'écrire: Et, preuve admirable de la beauté du rire! c'est la justice que
Il me riait, et moi, quand je le voyais rire, lui rendent les plus nobles penseurs, les écrivains les plus purs.
J'avais, pauvre vieillard, un soleil dans le cœur! Si cette cause avait besoin d'avocats, toutes les gloires passées,
Le rire n'a jamais mis de soleil dans le cœur de M. Paul Adam. futures et présentes se lèveraient en sa faveur.
Et, cependant, Arthur Schopenhaûer —, père du pessimisme — Denis Diderot disait : « Tout ce qui amuse et fait rire est fort
était gai! bon. » Courrier ajoutait : « Il n'y a de bonnes gens que ceux qui
Si le rire est la manifestation de la joie humaine, il devient par- rient. » Un jour, Mme de Girardin, qui avait l'horreur du grossier
fois noble et triste. Le chef des pessimistes ne riait pas comme un et du vulgaire, fut plus sévère et écrivit que les sots ne savent
butor... Supporter la vie et ses douleurs, opposer la gaieté à la jamais rire.
souffrance, la raillerie victorieuse aux imbéciles, aux importants, Théophile Gautier, lui-même, honore le rire. Il le réserve aux
aux niais, aux coquins tout puissants, ce n'est pas être léger, ce hommes et aux Dieux, qui n'ont pas d'autre plaisir dans l'Olympe,
n'est pas être hideux, ce n'est pas être cruel et barbare. C'est être à côté du grand Michelet qui le considère comme une fonction
fort. C'est jouir de la santé de l'esprit. C'est répandre autour de soi essentielle de notre nature et de Toussenel qui en fait la faculté
l'oubli, la consolation et l'espoir. Une boutade de Rochefort, une caractéristique de la supériorité de l'homme.
légende de Forain, voilà la première revanche de tout un peuple Ce rire dénoncé comme hideux, le voici donc symbole de la
contre ses tyranneaux et contre ses spoliateurs! bonté, de l'esprit, de l'intelligence, quand ce sont nos meilleurs
La liberté, la vérité s'étaient réfugiées dans le rire. M. Paul maitres qui le jugent et l'analysent!
Adam prend sa trique et veut les en débusquer. Ah 1 si M. Paul Adam avait dénoncé l'ordure, la bêtise, ces fanges
La burlesque tentative et l'inutile effort 1 M. Paul Adam veut qui ne souillent pas plus la gaieté que l'ineptie de feuilletons pleu-
charger le Rire et, de l'attaquer, devient grotesque. Son invective rards et de larmoyants mélodrames ne diminue la grandeur tra-
ne souille ni ne tue ceux qu'elle veut abaisser ou exterminer. Elle gique, nous lui donnerions mille fois raison. Il faut séparer je
fait de lui simplement un écrivain gai sans le savoir et un rigolo comique du trivial, la réelle et auguste douleur de la pleurnicherie
malgré lui. conventionnelle et l'éloquence du fatras et de l'enflure, mais il na
Quand la fureur n'est ni légitime ni éloquente, elle est grotesque. faut pas rougir d'avoir ri, car on ne rit jamais assez souvent, ini
En lisant cette diatribe inattendue, dont le besoin ne se faisait nul- assez haut.
lement sentir, chacun s'est demandé si M. Paul Adam était un La Bruyère et le grave Montesquieu avaient des mouvements
nouveau Sâr, s'il débutait dans les Péladan; et l'on a jugé, gêné- de gaieté enfantine; Chamfort jugeait perdue la journée où l'on n'a
ralement, que son Manifeste n'égalait pas en beauté 1 inoubliable point ri; Jean-Jacques, à travers les amertumes de sa vie et de son
Mandement à la femme Rothschild... Mais l'éreintement dégénère cœur, s'écrie, sans en éprouver la moindre honte :
depuis que le robuste Veuillot n'éreinte plus que les anges du ciel, « Qui de vous n'a pas regretté cet âge où le rire est toujours sur
et, quand M. Paul Adam nous promet de nous démolir, nous ne les lèvres? » ,
sommes pas démolis du tout : nous ne sommes que volés comme Rousseau croyait qu'il n'y aurait personne pour renier un sen-
au coin d un Bloy. timent aussi vieux que l'Humanité. Il s'est trompé : il y avait
C'est que la Douleur et le Rire ne dépendent pas de la volonté M. Paul Adam ! Edmond Deschaumes.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Ayez pitié d'un pauvre patron sans emploi....
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 2.1895-1896, No. 55 (23 Novembre 1895), S. 2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg