A Ntniî\/T7I ï TT MÉDÎT rAQDIÏ7MMT7 V.ous,conn.ai>sez I(?s deux premières, permettez-moi de vous pré-
^ i\UU VlLLLll IVlrilAll. U/iOl iCilN IN IL senter la troisième, la dernière venue dans cette grande armée.
Au physique, elle est absolument semblable aux deux autres;
sans être de noir vêtue, elle leur ressemble comme une sœur, niais
pour bien prouver qu'au moral elle est digne do faire partie de la
Mais tout d'abord, une explication classe, je vais vous cher deux petits faits significatifs,
pour les profane?. D'abord, c'est elle qui a inventé le coup de la perruque.
Il ne s'agit pas ici du grand lac si-
tué entre l'Europe et l'Asie. Non, la Quand M"c Conrad a plu a un homme jeune encore et qu'elle re-
mère Caspienne, puisque vous igno- <.'0lt ses visites intéressées (des deux parts), sa mère, dont la pré-
rez la géographie parisienne, est bor- sence est peu gênante, tournaille dans la salle à manger-salon, mi-
née au nord par un indéfinissable lete> avec ses cheveux noirs naturels; mais quand c'est un vieux
chapeau cabriolet aux plumes multi- monsieur, avec ou sans décoration, qui vient apporter à la jeune
colores et gigantesques, dit chapeau personne ses hommages tremblants, maman se casque alors d'une
de théâtre, au sud par une paire de perruque blanche, afin d'avoir l'air plus vénérable,
snow-boots — pointure transatlanti-
que —, à l'est par son mari et à Le second fait est... un simple mot que vous allez savourer, ie
l'ouest par son parapluie. l'espère, du moins.
La mère Caspienne a mérité ce Elle disait à une amie, dei ■incrément :
cognomen au Conservatoire national _ c'est inouï tout de même, ce que le monde est calomnieux '
de musique et de déclamation ou elle Vous savez, notre vieil ami, l'académicien qui vient chez nous, tous
accompagnait sa fille qui suivait les ies 2 de chaque mois, toujours soutenu par son domestique, eh bien,
cours de ....., de la Comedie-rrrran- sous prétexte qu'il a offert un coupé à filille et qu'il l'a priée d'ac-
çaise. • . 0 cepter le beau collier qu'elle met les soirs de première, ne s'avise-
Pourquoi mere Caspienne t.on pas de dire que fifille est sa maîtresse, quand au contraire, s'il
Parce qu'elle ne communiquait avec vient à la maison... c'est pour moi !
aucune autre mère.
On donne chaque année ce titre à
une nouvelle titulaire, mais moi qui D ailleurs, 1 amour maternel lui inspire souvent des mots déli-
vous parle, j'ai connu, que dis-je con- cieux, tel celui-ci :
nu? fréquenté la vraie, la seule, Pu- L'année dernière, Fred. Febvre jouait un soir, en province, son
nique mère Caspienne, la créatrice rôle de Bernard Stamply du Marquis de ia Seigiière, en toUré d'élèves
pas <ju genre, la chefesse d'emploi — ne du Conservatoire ornés de quelques artistes odéonteux. Filille était
Mctnuv^er^ comme le ferait remarquer 'mon très regretté confrère de la partie.
. 0r Hugo, que dans ce doux mot « chefesse », il y a « chef ». Llle devait faire sa première entrée au bras du marquis, joué par
un acteur quelconque et M"10 Conrad demanda gentiment :
» Je lln . . . ,, • , — Est-ce que ma fille ne pourrait pas entrer au bras do M. Febvre?
Mi(l0 !• 111 aventurerai pas, petit téméraire, après l'exquis et subtil
ltlaît,II'*.IIillcvy, de vous photographier cette bravo femme. Non, le „,,.,,..,«„•', Ar , ,r
cUl '11 e rirait; il rirait, le maître. Aujourd'hui, Mme Cardinal est un Eulalie, 1 ainee des filles de Mmo Conrad, car Mma Conrad est
ne n r°> "ne personnalité comme Harpagon ou Tartuffe — ou pour comme son mari, elle en a deux, a remporté il y a quelques années
elle|il!s sortir du beau sexe, comme M'"e la comtesse d'Escarbagnas; un deuxième accessit au Conservatoire et, comme en sortant, la
EjP*1 un peu 1U0i,ls noble, voilà tout, mais aussi célèbre. foule encombrait les abords du temple du faubourg Poissonnière,
^trio0 s'est modernisée, forcément, parbleu! Elle no prise plus, elle elle criait, agitée : _
elle . Gt elle 'm fume que le Nil — voyez ses bouts de doigs jaunis ; — Laissez passer ma fille qui a été primée !
aPPell remPlacé l'antique cabas par le réticule à la mode (qu'elle
térie,,' elle, son rididule, afin d'en avoir un de plus); mais, si l'ex-
^'tfeu ta 1111 Peu varié, l'intérieur est le même et il est complet, l'in-
qutn''!':ette mère, qu'elle est belle et qu'elle est donc insondable! —
teldu tlis insondable, je ne parle pas chirurgicalement, bien en-
oflv0' 1Cp°'t la connaître et chaque jour on la découvre... elle vous
Ue nouvelles beautés !
L>
& ela re j0u1\ je suis allé au Conservatoire, prendre à la sortie de
élèv dSse, mon ami Emile Pessard, et comme il s'attardait avec ses
s°Uve' Je déambulais dans cette cour que jadis j'ai traversée si
jfl mM WÂwm 9k Propriétaire de cette haute récompense, Eulalie Conrad entra de
M mm WÊttm m\ suite au Palais-Royal... où, pendant de longs mois, elle ne fit rien;
Au mP^^âKn m\ niais crédulité étail grande, on lui monta une de ces tri-
m w fl& rômes de dimension plutôt fantastique ; on lui persuada que, dans
m) ^^m\ m 1:1 pièce nouvelle, elle jouait le principal rôle, celui d'une jeune
H poitrinaire qui meurl en scène, au troisième acte, et qu'il lui fau-
fl drait nécessairement aller demander des conseils à la grande
m? artiste qui ne sa 11 rai 1 pas ne pas mourir en public, chaque soir (deux
^^mMSBIav^^ fois le dimanche). El le comble, c'esl qu'elle raconta la chose à un de
j^t ses amants, rédacteur d'un des principaux journaux de Paris, qui
naïvement annonça la nouvelle. Vous voyez ça d'ici, la poitrinaire
qui meurt en scène au PaUtis-Royal.
Cette Eulalie, qui n'avait rien pour elle, habitait autrefois un
-uaiichaballe et Mme Conrad. appartement assez gentillet.
c'iois ' n de moi stationnait, près de l'urinoir — pourquoi avoir
Je 1 COt endroit? — trois grosses dames très bijoutées.
Mm■ JlH reconnus aussitôt, c'étaient Mme Cardinal, un peu vieillie,
^ i\UU VlLLLll IVlrilAll. U/iOl iCilN IN IL senter la troisième, la dernière venue dans cette grande armée.
Au physique, elle est absolument semblable aux deux autres;
sans être de noir vêtue, elle leur ressemble comme une sœur, niais
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Mais tout d'abord, une explication classe, je vais vous cher deux petits faits significatifs,
pour les profane?. D'abord, c'est elle qui a inventé le coup de la perruque.
Il ne s'agit pas ici du grand lac si-
tué entre l'Europe et l'Asie. Non, la Quand M"c Conrad a plu a un homme jeune encore et qu'elle re-
mère Caspienne, puisque vous igno- <.'0lt ses visites intéressées (des deux parts), sa mère, dont la pré-
rez la géographie parisienne, est bor- sence est peu gênante, tournaille dans la salle à manger-salon, mi-
née au nord par un indéfinissable lete> avec ses cheveux noirs naturels; mais quand c'est un vieux
chapeau cabriolet aux plumes multi- monsieur, avec ou sans décoration, qui vient apporter à la jeune
colores et gigantesques, dit chapeau personne ses hommages tremblants, maman se casque alors d'une
de théâtre, au sud par une paire de perruque blanche, afin d'avoir l'air plus vénérable,
snow-boots — pointure transatlanti-
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l'ouest par son parapluie. l'espère, du moins.
La mère Caspienne a mérité ce Elle disait à une amie, dei ■incrément :
cognomen au Conservatoire national _ c'est inouï tout de même, ce que le monde est calomnieux '
de musique et de déclamation ou elle Vous savez, notre vieil ami, l'académicien qui vient chez nous, tous
accompagnait sa fille qui suivait les ies 2 de chaque mois, toujours soutenu par son domestique, eh bien,
cours de ....., de la Comedie-rrrran- sous prétexte qu'il a offert un coupé à filille et qu'il l'a priée d'ac-
çaise. • . 0 cepter le beau collier qu'elle met les soirs de première, ne s'avise-
Pourquoi mere Caspienne t.on pas de dire que fifille est sa maîtresse, quand au contraire, s'il
Parce qu'elle ne communiquait avec vient à la maison... c'est pour moi !
aucune autre mère.
On donne chaque année ce titre à
une nouvelle titulaire, mais moi qui D ailleurs, 1 amour maternel lui inspire souvent des mots déli-
vous parle, j'ai connu, que dis-je con- cieux, tel celui-ci :
nu? fréquenté la vraie, la seule, Pu- L'année dernière, Fred. Febvre jouait un soir, en province, son
nique mère Caspienne, la créatrice rôle de Bernard Stamply du Marquis de ia Seigiière, en toUré d'élèves
pas <ju genre, la chefesse d'emploi — ne du Conservatoire ornés de quelques artistes odéonteux. Filille était
Mctnuv^er^ comme le ferait remarquer 'mon très regretté confrère de la partie.
. 0r Hugo, que dans ce doux mot « chefesse », il y a « chef ». Llle devait faire sa première entrée au bras du marquis, joué par
un acteur quelconque et M"10 Conrad demanda gentiment :
» Je lln . . . ,, • , — Est-ce que ma fille ne pourrait pas entrer au bras do M. Febvre?
Mi(l0 !• 111 aventurerai pas, petit téméraire, après l'exquis et subtil
ltlaît,II'*.IIillcvy, de vous photographier cette bravo femme. Non, le „,,.,,..,«„•', Ar , ,r
cUl '11 e rirait; il rirait, le maître. Aujourd'hui, Mme Cardinal est un Eulalie, 1 ainee des filles de Mmo Conrad, car Mma Conrad est
ne n r°> "ne personnalité comme Harpagon ou Tartuffe — ou pour comme son mari, elle en a deux, a remporté il y a quelques années
elle|il!s sortir du beau sexe, comme M'"e la comtesse d'Escarbagnas; un deuxième accessit au Conservatoire et, comme en sortant, la
EjP*1 un peu 1U0i,ls noble, voilà tout, mais aussi célèbre. foule encombrait les abords du temple du faubourg Poissonnière,
^trio0 s'est modernisée, forcément, parbleu! Elle no prise plus, elle elle criait, agitée : _
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térie,,' elle, son rididule, afin d'en avoir un de plus); mais, si l'ex-
^'tfeu ta 1111 Peu varié, l'intérieur est le même et il est complet, l'in-
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jfl mM WÂwm 9k Propriétaire de cette haute récompense, Eulalie Conrad entra de
M mm WÊttm m\ suite au Palais-Royal... où, pendant de longs mois, elle ne fit rien;
Au mP^^âKn m\ niais crédulité étail grande, on lui monta une de ces tri-
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m) ^^m\ m 1:1 pièce nouvelle, elle jouait le principal rôle, celui d'une jeune
H poitrinaire qui meurl en scène, au troisième acte, et qu'il lui fau-
fl drait nécessairement aller demander des conseils à la grande
m? artiste qui ne sa 11 rai 1 pas ne pas mourir en public, chaque soir (deux
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j^t ses amants, rédacteur d'un des principaux journaux de Paris, qui
naïvement annonça la nouvelle. Vous voyez ça d'ici, la poitrinaire
qui meurt en scène au PaUtis-Royal.
Cette Eulalie, qui n'avait rien pour elle, habitait autrefois un
-uaiichaballe et Mme Conrad. appartement assez gentillet.
c'iois ' n de moi stationnait, près de l'urinoir — pourquoi avoir
Je 1 COt endroit? — trois grosses dames très bijoutées.
Mm■ JlH reconnus aussitôt, c'étaient Mme Cardinal, un peu vieillie,
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 3.1896-1897, No. 114 (9 Janvier 1897), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg