v >! y xy \ y y t> X (PYAAT 7t ATYP Q rkYTVfï?T3 ceux d'avril". C'était un tronçon supposé de serpent de mer servr
Jb IJM V A K A A AU1\ A rAo JJAlMJ&tt dans un vieeux numéro du Oonstitutionnel.
__ La conversation, alors, quelque peu s'anima. On applaudissait par-
ticulièrement aux traits d'humour dont le rédacteur « d'entre-filets >>
Les sept ou huit otages furent essoufflants à gravir. chargé de la cuisine de l'ancien journal avait assaisonné la descrip-
MM. Rédièze ci Fondazur pénétrèrent avec un léger retard dans tion du fabuleux ophidien océanique,
la délabrée mansarde de leur amphytrion, M. Dupoussin. La contemplation d'une large tranché de porc frais, autrefois
Les conviés étaient avertis de la négative bombance qui les atten- peinte « de chic » par M. Dupoussin, figura le rôti et déchaîna la
dait. Il était convenu que le « menu » serait digne de son nom res- gaitô générale.
trictif en ce sens qu'il se réduirait à totalement rien. — On dirait du neveu de bœuf! exprima M. Fondazur.
On prit place autour de la table déjà toute desservie et l'illusoire — On en mangerait! convint M. Rédièze.
féstin aussitôt commença par l'absorption d'un potage inexistant. Le dessert alla de soi. (les messieurs représentaient autant de
Expliquons ici que les trois commensaux étaient d'anciens « nour- « fruits secs » et sur les traditionnels « quatre mendiants » ils étaient
rissons » des muses, expression classique, mais légendairement au moins trois. Quelques vers débiles par M. Fondazur déterminé-
empreinte d'ironie. rent l'illusion que le fromage marchait tout seul.
M. Rédièze, se croyant un symphoniste « consommé » ne récoltait La partie bachique ne fut pas moins brillante :
de la culture des « sons » qu'un pain quotidien symbolique. — Tout est vain! avait philosophiquement proféré M. Fondazur.
M. Fondazur s'adonnait au contradictoire exercice de vivre en Grâce à cet à-peu-près vinicole et biblique, la griserie morale ne
poète parnassien. Ses longs cheveux étaient ceux qu'il se faisait. connut plus de limites. Les bavardages, les effusions allaient cres-
M. Dupoussin, peintre d'attributs pour salle à manger, gouachait cendo.
notamment des volailles et gibiers lesquels, bien que pris <' sur le M. Dupoussin rappelait les constants et décisifs insuccès de jadis,
vif», avaient le défaut de n'assumer aucune signification postbu- — C'était le mauvais temps! regretta M. Rédièze.
mement culinaire. Jamais M. Dupoussin n'avait pu suivre jusqu'au — J'ai échoué comme un simple homme de génie, proclama
bout l'intéressante évolution libre-échangiste et monétaire que par- M. Fondazur; et pourtant — ajouta-t-il en se frappant le front d'un
court une victuaille pour passer de l'esthétique picturale à des états coup sec — et pourtant, il n'y avait rien la !...
nutritifs. Les esprits emballes de la sorte, on se persuada que le chimérique
Le même M. Dupoussin ayant autrefois juré de brosser probable- banquet ne pouvait dignement se clôturer que par un fort semblant
ment les décors d'un opéra que MM. Redieze et Fondazur élucubre- de liqueurs assorties. On huma l'hypothèse de quelques rhums rés-
ilient peut-être, en collaboration, la triple intimité s'était conclue tés à la Jamaïque, on se complut à des idées de fines-chanipagnes,
au cri fameux de : d'une finesse de parfait irréel ; outrant, enfin, l'apparence d'orgie
« Place aux jeunes! » on feignit un abus des suggestifs élixirs distillés par les Chartreux,
11 s'ensuivit une ère de privations tellement persistante que M. Du- C'était par trop de simulée intempérance!
poussin résolut, enfin, de commémorer la situation par cet imagi- Successivement les pseudo-boustifailleurs roulèrent sous la table,
naire petit repas allégorisé comme cela, sans façon, sur le pouce. M. Fondazur était gave d'inanition, M. Dupoussin bourré de vide et
La causerie resta d'abord languissante ainsi qu'il arrive au début M. Rédièze saturé de néant,
de toute agape et, surtout, durant les préliminaires d'une fictive ré- C'était bien ce que le vulgaire appelle « une fausse digestion ».
fection. Le lendemain, jour d'ailleurs fixé par le proprio pour l'expulsion
— D'où vient cette ombre de tapioca? — fit pourtant M. Fondazur. de l'insolvable Dupoussin, on trouva le trio complètement défunt
— Elle est vraiment d'une impalpabilite charmante! dans l'intention, sans doute narquoise, de ne paraître qu'ivre-mort.
— Ma foi ! répliqua modestement M. Dupoussin, j'ai commandé D'où le pipelet estima qu'il est imprudent de ne rien prendre
notre non-dîner au « Veau qui ne tette pas », restaurant assez entre les absences de repas et que ces messieurs les « artistes » ont
connu du monde artistique et littéraire. tort de toujours crier :
L'immatériel bouillon fut suivi d'un plat de poisson à l'instar de « Place au jeûne 1 » Louis Mullem.
SUSCEPTIBILITÉS COSMOPOLITES
Monsieur Durand, vous êtes un vieux farceur... ^*^» — Permettez, monsieur, je suis grec... veuillez rétracter vos paroles.
Je ne jouerai plus avec vous; vous trichez comme un grec. ~ 1]é ! monsieur ! quelle querelle d'allemand!...
- MorblJSf^linSi Sï,± SUiS ,Allemand è] ne so»»ïirai pas... : - Vive la Pologne ! monsieur ! Faites-moi des excuses .
Permettrebleu! messiems! Ltes^ous saouls, comme des Polonais, pour vous - Ah! ça!... vous êtes-vous juré de me prendre pour tête de
Turc?... etc., etc..
Jb IJM V A K A A AU1\ A rAo JJAlMJ&tt dans un vieeux numéro du Oonstitutionnel.
__ La conversation, alors, quelque peu s'anima. On applaudissait par-
ticulièrement aux traits d'humour dont le rédacteur « d'entre-filets >>
Les sept ou huit otages furent essoufflants à gravir. chargé de la cuisine de l'ancien journal avait assaisonné la descrip-
MM. Rédièze ci Fondazur pénétrèrent avec un léger retard dans tion du fabuleux ophidien océanique,
la délabrée mansarde de leur amphytrion, M. Dupoussin. La contemplation d'une large tranché de porc frais, autrefois
Les conviés étaient avertis de la négative bombance qui les atten- peinte « de chic » par M. Dupoussin, figura le rôti et déchaîna la
dait. Il était convenu que le « menu » serait digne de son nom res- gaitô générale.
trictif en ce sens qu'il se réduirait à totalement rien. — On dirait du neveu de bœuf! exprima M. Fondazur.
On prit place autour de la table déjà toute desservie et l'illusoire — On en mangerait! convint M. Rédièze.
féstin aussitôt commença par l'absorption d'un potage inexistant. Le dessert alla de soi. (les messieurs représentaient autant de
Expliquons ici que les trois commensaux étaient d'anciens « nour- « fruits secs » et sur les traditionnels « quatre mendiants » ils étaient
rissons » des muses, expression classique, mais légendairement au moins trois. Quelques vers débiles par M. Fondazur déterminé-
empreinte d'ironie. rent l'illusion que le fromage marchait tout seul.
M. Rédièze, se croyant un symphoniste « consommé » ne récoltait La partie bachique ne fut pas moins brillante :
de la culture des « sons » qu'un pain quotidien symbolique. — Tout est vain! avait philosophiquement proféré M. Fondazur.
M. Fondazur s'adonnait au contradictoire exercice de vivre en Grâce à cet à-peu-près vinicole et biblique, la griserie morale ne
poète parnassien. Ses longs cheveux étaient ceux qu'il se faisait. connut plus de limites. Les bavardages, les effusions allaient cres-
M. Dupoussin, peintre d'attributs pour salle à manger, gouachait cendo.
notamment des volailles et gibiers lesquels, bien que pris <' sur le M. Dupoussin rappelait les constants et décisifs insuccès de jadis,
vif», avaient le défaut de n'assumer aucune signification postbu- — C'était le mauvais temps! regretta M. Rédièze.
mement culinaire. Jamais M. Dupoussin n'avait pu suivre jusqu'au — J'ai échoué comme un simple homme de génie, proclama
bout l'intéressante évolution libre-échangiste et monétaire que par- M. Fondazur; et pourtant — ajouta-t-il en se frappant le front d'un
court une victuaille pour passer de l'esthétique picturale à des états coup sec — et pourtant, il n'y avait rien la !...
nutritifs. Les esprits emballes de la sorte, on se persuada que le chimérique
Le même M. Dupoussin ayant autrefois juré de brosser probable- banquet ne pouvait dignement se clôturer que par un fort semblant
ment les décors d'un opéra que MM. Redieze et Fondazur élucubre- de liqueurs assorties. On huma l'hypothèse de quelques rhums rés-
ilient peut-être, en collaboration, la triple intimité s'était conclue tés à la Jamaïque, on se complut à des idées de fines-chanipagnes,
au cri fameux de : d'une finesse de parfait irréel ; outrant, enfin, l'apparence d'orgie
« Place aux jeunes! » on feignit un abus des suggestifs élixirs distillés par les Chartreux,
11 s'ensuivit une ère de privations tellement persistante que M. Du- C'était par trop de simulée intempérance!
poussin résolut, enfin, de commémorer la situation par cet imagi- Successivement les pseudo-boustifailleurs roulèrent sous la table,
naire petit repas allégorisé comme cela, sans façon, sur le pouce. M. Fondazur était gave d'inanition, M. Dupoussin bourré de vide et
La causerie resta d'abord languissante ainsi qu'il arrive au début M. Rédièze saturé de néant,
de toute agape et, surtout, durant les préliminaires d'une fictive ré- C'était bien ce que le vulgaire appelle « une fausse digestion ».
fection. Le lendemain, jour d'ailleurs fixé par le proprio pour l'expulsion
— D'où vient cette ombre de tapioca? — fit pourtant M. Fondazur. de l'insolvable Dupoussin, on trouva le trio complètement défunt
— Elle est vraiment d'une impalpabilite charmante! dans l'intention, sans doute narquoise, de ne paraître qu'ivre-mort.
— Ma foi ! répliqua modestement M. Dupoussin, j'ai commandé D'où le pipelet estima qu'il est imprudent de ne rien prendre
notre non-dîner au « Veau qui ne tette pas », restaurant assez entre les absences de repas et que ces messieurs les « artistes » ont
connu du monde artistique et littéraire. tort de toujours crier :
L'immatériel bouillon fut suivi d'un plat de poisson à l'instar de « Place au jeûne 1 » Louis Mullem.
SUSCEPTIBILITÉS COSMOPOLITES
Monsieur Durand, vous êtes un vieux farceur... ^*^» — Permettez, monsieur, je suis grec... veuillez rétracter vos paroles.
Je ne jouerai plus avec vous; vous trichez comme un grec. ~ 1]é ! monsieur ! quelle querelle d'allemand!...
- MorblJSf^linSi Sï,± SUiS ,Allemand è] ne so»»ïirai pas... : - Vive la Pologne ! monsieur ! Faites-moi des excuses .
Permettrebleu! messiems! Ltes^ous saouls, comme des Polonais, pour vous - Ah! ça!... vous êtes-vous juré de me prendre pour tête de
Turc?... etc., etc..
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 3.1896-1897, No. 135 (5 Juin 1897), S. 4
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg