— Un morceau bien dur, n'est-ce pas, monsieur?
— Pourquoi donc ça, bien dur ?
— Parce que si vous me donnez un morceau bien tendre papa mangera
tout ! Dessin de G. Delaw.
L'ADDITION
On sait maintenant pourquoi Vacher n'a pas été gardé à l'asile
de fous où il était enfermé.
C'est qu'il était trop dangereux.
Quel directeur d'asile se soucierait de garder parmi ses pension-
naires un forcené pareil?
D'ailleurs le chemineau demanda lui-même à sortir de l'asile.
On se rendit à son désir et il commença son tour de France.
Actuellement, le département de l'Ain (si paisible d'ordinaire) est
tout agité par la sinistre légende de ce barbe-bleue ambulant.
Il était un bergère — et ron ron ron, petit patapon — il était
un' bergère — qui gardait ses moutons.
Le second couplet emprunte à la situation un petit je ne sais quoi
d'horreur sauvage :
Vacher qui la regarde — et ron ron ron, petit patapon — Vacher
qui la regarde — avec un airfripjon.
Et l'innocente bergère continue à garder ses moutons et ses
bœufs. Ah ! si tu savais, vachère!
Quel est le compte exact de ses crimes, à ce grand fournisseur de
faits-divers? On a accusé la justice d'en grossir la liste. Elle s'en
est défendue par une note communiquée aux journaux.
« Le parquet entend examiner .avec le dernier soin les dossiers
qui lui seront communiqués et ne pas profiter de l'occasion pour
liquider d'anciens crimes restés impunis. »
Et pourquoi donc ça? Quelle meilleure occasion peut-on trouver?
On craint sans doute que les véritables auteurs ne viennent ré-
clamer.
Ils le peuvent évidemment, s'ils sont couverts par la prescription.
Qu'arriverait-il si un journal publiait la lettre suivante :
Monsieur le Directeur,
Je lis dans votre estimable feuille une interview de mon confrère
M. Vacher, au cours de laquelle il se serait prétendu l'auteur d'un
crime commis sur une bergère, à Bagnolet.
Ayant précisément tué une bergère à la même époque et dans la
même localité, je voudrais savoir s'il n'y a pas quelque confusion
dans les déclarations de M. Vacher. On retrouvera la trace de ce
crime dans les journaux. Le signalement de la victime publié alors,
correspondait exactement à celui de la personne que je me trouve
avoir mise à mort. S'il s'est commis deux crimes au même moment
et au même endroit, je tiens à établir que celui dont il a été parlé
m'appartient en propre, et n'est pas imputable à M. Vacher.
Ceci n'est pas une revendication. C'est la simple constatation d'urf
fait. Je compte sur votre impartialité pour porter à la connaissance
de vos lecteurs, etc..
Agréez, etc. Maurice Lefémur,
Courtier de commerce, capitaine de route du G. Z. W. K.J,
secrétaire du Comité d'action de la Ligue nationale pour
le remplacement des chiffres romains par des chiffres
arabes sur les cadrans de pendules et d'horloges.
11 est cependant à peu près prouvé que Vacher s'est introduit, èù
l'âge de sept ans, et sous le nom de Walder, dans une pharmacie de
la place Beauveau, qu'après y avoir servi pendant quelque temps
comme aide-pharmacien, il a quitté sa place un beau soir, ayant fait
à son patron et à la bonne d'icelui, de ces blessures qu'on ne par-
donne pas. Le parquet l'a recherché longtemps pour lui demander
compte de son manquement à son devoir (car il avait négligé d'asep^-
tiser le couteau qui trancha la carotide du malheureux pharmacien)..
Quoi qu'il en soit, la prescription lui étant acquise, Vacher ne
sera pas poursuivi pour ce crime.
Sera-t-il condamné pour les autres, et n'est-il pas irresponsable?
Beaucoup de bons esprits pensent qu'il ne doit pas être fou,
puisque l'asile ne l'a pas gardé.
D'autres personnes seraient ennuyées que Vacher fût déclaré
irresponsable, car, dans ce cas, son record de vingt crimes (qui bat
de loin le record anglais de Jack I'éventreur) ne serait plus consi-
déré comme valable.
Et puis, ce serait vraiment effroyable, si après une semblable con-^
sommation de forfaits, l'accusé répondait tranquillement, au moment
où on lui demande de solder l'addition :
« Je regrette beaucoup. J'ai un conseil judiciaire. Mieux que ça,
je suis interdit. Il ne fallait pas nie servir de bergers.
« Je ne marche pas, Messieurs les juges. J'ai le cou nickelé. »
Tristan-Bernard.
Les garçons bouchers en grève débinent les trucs de leurs patrons,
(Les journaux.)
— Monstrueuses, ces révélations!... les bouchers en sont arrivés à souffler
la viande maigre pour la rendre potelée.
— Belle découverte... pour ceux qui ont des filles maigres à marier.
Dessin de M. Radiguet.
— Pourquoi donc ça, bien dur ?
— Parce que si vous me donnez un morceau bien tendre papa mangera
tout ! Dessin de G. Delaw.
L'ADDITION
On sait maintenant pourquoi Vacher n'a pas été gardé à l'asile
de fous où il était enfermé.
C'est qu'il était trop dangereux.
Quel directeur d'asile se soucierait de garder parmi ses pension-
naires un forcené pareil?
D'ailleurs le chemineau demanda lui-même à sortir de l'asile.
On se rendit à son désir et il commença son tour de France.
Actuellement, le département de l'Ain (si paisible d'ordinaire) est
tout agité par la sinistre légende de ce barbe-bleue ambulant.
Il était un bergère — et ron ron ron, petit patapon — il était
un' bergère — qui gardait ses moutons.
Le second couplet emprunte à la situation un petit je ne sais quoi
d'horreur sauvage :
Vacher qui la regarde — et ron ron ron, petit patapon — Vacher
qui la regarde — avec un airfripjon.
Et l'innocente bergère continue à garder ses moutons et ses
bœufs. Ah ! si tu savais, vachère!
Quel est le compte exact de ses crimes, à ce grand fournisseur de
faits-divers? On a accusé la justice d'en grossir la liste. Elle s'en
est défendue par une note communiquée aux journaux.
« Le parquet entend examiner .avec le dernier soin les dossiers
qui lui seront communiqués et ne pas profiter de l'occasion pour
liquider d'anciens crimes restés impunis. »
Et pourquoi donc ça? Quelle meilleure occasion peut-on trouver?
On craint sans doute que les véritables auteurs ne viennent ré-
clamer.
Ils le peuvent évidemment, s'ils sont couverts par la prescription.
Qu'arriverait-il si un journal publiait la lettre suivante :
Monsieur le Directeur,
Je lis dans votre estimable feuille une interview de mon confrère
M. Vacher, au cours de laquelle il se serait prétendu l'auteur d'un
crime commis sur une bergère, à Bagnolet.
Ayant précisément tué une bergère à la même époque et dans la
même localité, je voudrais savoir s'il n'y a pas quelque confusion
dans les déclarations de M. Vacher. On retrouvera la trace de ce
crime dans les journaux. Le signalement de la victime publié alors,
correspondait exactement à celui de la personne que je me trouve
avoir mise à mort. S'il s'est commis deux crimes au même moment
et au même endroit, je tiens à établir que celui dont il a été parlé
m'appartient en propre, et n'est pas imputable à M. Vacher.
Ceci n'est pas une revendication. C'est la simple constatation d'urf
fait. Je compte sur votre impartialité pour porter à la connaissance
de vos lecteurs, etc..
Agréez, etc. Maurice Lefémur,
Courtier de commerce, capitaine de route du G. Z. W. K.J,
secrétaire du Comité d'action de la Ligue nationale pour
le remplacement des chiffres romains par des chiffres
arabes sur les cadrans de pendules et d'horloges.
11 est cependant à peu près prouvé que Vacher s'est introduit, èù
l'âge de sept ans, et sous le nom de Walder, dans une pharmacie de
la place Beauveau, qu'après y avoir servi pendant quelque temps
comme aide-pharmacien, il a quitté sa place un beau soir, ayant fait
à son patron et à la bonne d'icelui, de ces blessures qu'on ne par-
donne pas. Le parquet l'a recherché longtemps pour lui demander
compte de son manquement à son devoir (car il avait négligé d'asep^-
tiser le couteau qui trancha la carotide du malheureux pharmacien)..
Quoi qu'il en soit, la prescription lui étant acquise, Vacher ne
sera pas poursuivi pour ce crime.
Sera-t-il condamné pour les autres, et n'est-il pas irresponsable?
Beaucoup de bons esprits pensent qu'il ne doit pas être fou,
puisque l'asile ne l'a pas gardé.
D'autres personnes seraient ennuyées que Vacher fût déclaré
irresponsable, car, dans ce cas, son record de vingt crimes (qui bat
de loin le record anglais de Jack I'éventreur) ne serait plus consi-
déré comme valable.
Et puis, ce serait vraiment effroyable, si après une semblable con-^
sommation de forfaits, l'accusé répondait tranquillement, au moment
où on lui demande de solder l'addition :
« Je regrette beaucoup. J'ai un conseil judiciaire. Mieux que ça,
je suis interdit. Il ne fallait pas nie servir de bergers.
« Je ne marche pas, Messieurs les juges. J'ai le cou nickelé. »
Tristan-Bernard.
Les garçons bouchers en grève débinent les trucs de leurs patrons,
(Les journaux.)
— Monstrueuses, ces révélations!... les bouchers en sont arrivés à souffler
la viande maigre pour la rendre potelée.
— Belle découverte... pour ceux qui ont des filles maigres à marier.
Dessin de M. Radiguet.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 158 (13 Novembre 1897), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg