puis me
— Il me semble avoir vu celle figure-lt
quelque part. Dessin de J. Dépaquit.
décider à te présenter verbalement.
« Nous avons tous nos petits dé-
fauts. Tu m'as souvent dit les
miens; laisse-moi, pour une
fois, analyser les tiens.
D'abord tu es d'une inexac-
titude désespérante. L'au-
tre jour encore je t'avais
donné rendez-vous au
bureau d'omnibus de
la rue LepelLetier
fBatignolles-Clïchy-
Odéon) ; tu t'es
amenée tranquil-
lement à onze
heures et de- _
mie. Il y /vcS'.^i
avait cinq
bonnes mi-
nutes que
j'atten-
dais,
/ "H
LE PARFAIT SECRETAIRE DES AMOUREUX
N° 1. — Lettre d'un jeune amant à sa maîtresse, contenant, ^Jr^ °MV
parmi quelques reproches usuels, beaucoup d'obser- ^d^^mKm'^'^â^moi j'é-
vations fines comme des cheveux. Mi ta^s arrivé
à onze heures
vingt-cinq, te sa-
Tu m'as demandé de t'ôcrire tontes j0f^éSKK^%C'1^*^^' chant toujours en re-
les fois que nous resterions quelques ^s^^^mm^'^' t/ tard
jours sans nous voir. Je le fais v^l^^^ « Ces cinq minutes que fai
avec damant plus de v^*"^Égfê ™ ^ O W passées à poireauter comme im-
que javais depuis long- jœg®f'f j&h 7jT bécile m'ont paru cinq siècles. Tu te
temps formé le l'^J^^^SfPffl/ %L j¥ dches de cela, je le sais bien, mais à la
de t adresser par jCSM/mt^vT- ■ i ■> t.- . n ■
stëfiiffl//MM^ JZï-V longue tous ces siècles additionnes finiront
écrit certaines f sV/yniIyc=-' r^1 ni- i .
>^~*2SlIK/<hIrP^Jz&J *v Par mettre entre nous l abîme du temps el de
observations jr-~&JBÊuNtJ\Wz^!?K / j
S^SÊ^\Wîr'*vfà / !<>space. /M ui ne comprends pas, tant pis.
^Qn° jll^^fm^^Mlf^/^Q^-^ j/ " -S'0te fue Pour toute excuse tu allègues des ora-
\*l>Jl\~s2 Jr nibus archi-complets ou des tramways en retard,
menues contingences qui n'existent pas, qui ne doi-
vent pas exister pour l'amour, car l'amour prend des
iiaercs aujourd'hui (cela ne coûte presque rien, et c'est
plus sûr que les ailes mythologiques).
« Quand c'est chez moi que je t'attends, c'est pis encore :
tu n'as [dus d'heure du tout, et c'est généralement quand, las
de t'attendre, je ne t'attends plus, qu'un terrible coup de son-
nette me jette dans dus transes indicibles.
» Tu me diras ce que tu voudras, je n'ai jamais pu m'habituer à
ces coups de sonnettes furibonds. Ça are tourne les sangs, comme
tu dirais, toi. Je m'imagine que c'est un créancier, je deviens
blême, je flageole, et alors adieu l'amour, j'en ai pour une heure à
me remettre,— tu as dû t'en apercevoir.
« Passons à un ordre d'observations [tins délicat, plus intime. Tu n'as
pas la notion de la propriété, je veux dire du tien et du mien. Quand
chez moi tu trouves un objet à ton goût, tu l'emportes, et cela sans
>A/7 f me prévenir. De sorte qu'avant d'être pénétré de la certitude que l'objet
Xi/ on question a pris le chemin de tes poches, je bouleverse l'appartement
et je perds ainsi un temps précieux que je suis forcé de rattraper ensuite
en prenant sur mes nuits.
« Pas plus tard qu'avant-hicr tu as fait disparaître ainsi un démêloir
auquel je tenais beaucoup, non pour sa valeur (je l'avais acheté dans un
bazar à treize), mais parce que ma chevelure surabondante ne rne permet
pas de m'en passer, et que c'est le sixième que tu emportes ainsi (tu dois
les collectionner). De sorte que j'en suis réduit maintenant à renoncer
aux démêloirs, comme j'ai dû renoncer déjà aux parapluies, n'en ayant
jamais pu garder un seul depuis que je te connais.
« Crois-moi, ce n'est pas pour te faire des reproches que je te dis cela,
mais tu dois bien comprendre que je ne puis renouveler mon mobilier
sans cesse, et que, si tu devais persévérer dans cette voie fâcheuse, tu
Unirais par me mettre
sur la paille.
« En attendant, je te
\^ pardonne et baise tes
petites mains klepto-
manes, avec l'espoir
qu'elles me rapporte-
ront après-demain mon
démêloir, — j'y compte.
'^s? /j^^v Viens à deux heures,
* et tache d'être exacte.
Je t'attendrai jusqu'à
quatre heures seule-
ment.
« A toi,
« Gûoéox. »
Pour copie :
Jules Hochf ,
— Vous avez du coton ?
— Pourquoi faire?
— Je le plains s'il tombe dans ses griffes; la bougresse a les dents longues... j'en _ pour me mettre dans les oreilles,
sais quelquo chose : c'est moi qui ai payé son râtelier. Dessin de Radiguet. __ D'mande pardon, mais nous ne vendons
qu'au détail. Dessin de J. Dépaquit.
— Il me semble avoir vu celle figure-lt
quelque part. Dessin de J. Dépaquit.
décider à te présenter verbalement.
« Nous avons tous nos petits dé-
fauts. Tu m'as souvent dit les
miens; laisse-moi, pour une
fois, analyser les tiens.
D'abord tu es d'une inexac-
titude désespérante. L'au-
tre jour encore je t'avais
donné rendez-vous au
bureau d'omnibus de
la rue LepelLetier
fBatignolles-Clïchy-
Odéon) ; tu t'es
amenée tranquil-
lement à onze
heures et de- _
mie. Il y /vcS'.^i
avait cinq
bonnes mi-
nutes que
j'atten-
dais,
/ "H
LE PARFAIT SECRETAIRE DES AMOUREUX
N° 1. — Lettre d'un jeune amant à sa maîtresse, contenant, ^Jr^ °MV
parmi quelques reproches usuels, beaucoup d'obser- ^d^^mKm'^'^â^moi j'é-
vations fines comme des cheveux. Mi ta^s arrivé
à onze heures
vingt-cinq, te sa-
Tu m'as demandé de t'ôcrire tontes j0f^éSKK^%C'1^*^^' chant toujours en re-
les fois que nous resterions quelques ^s^^^mm^'^' t/ tard
jours sans nous voir. Je le fais v^l^^^ « Ces cinq minutes que fai
avec damant plus de v^*"^Égfê ™ ^ O W passées à poireauter comme im-
que javais depuis long- jœg®f'f j&h 7jT bécile m'ont paru cinq siècles. Tu te
temps formé le l'^J^^^SfPffl/ %L j¥ dches de cela, je le sais bien, mais à la
de t adresser par jCSM/mt^vT- ■ i ■> t.- . n ■
stëfiiffl//MM^ JZï-V longue tous ces siècles additionnes finiront
écrit certaines f sV/yniIyc=-' r^1 ni- i .
>^~*2SlIK/<hIrP^Jz&J *v Par mettre entre nous l abîme du temps el de
observations jr-~&JBÊuNtJ\Wz^!?K / j
S^SÊ^\Wîr'*vfà / !<>space. /M ui ne comprends pas, tant pis.
^Qn° jll^^fm^^Mlf^/^Q^-^ j/ " -S'0te fue Pour toute excuse tu allègues des ora-
\*l>Jl\~s2 Jr nibus archi-complets ou des tramways en retard,
menues contingences qui n'existent pas, qui ne doi-
vent pas exister pour l'amour, car l'amour prend des
iiaercs aujourd'hui (cela ne coûte presque rien, et c'est
plus sûr que les ailes mythologiques).
« Quand c'est chez moi que je t'attends, c'est pis encore :
tu n'as [dus d'heure du tout, et c'est généralement quand, las
de t'attendre, je ne t'attends plus, qu'un terrible coup de son-
nette me jette dans dus transes indicibles.
» Tu me diras ce que tu voudras, je n'ai jamais pu m'habituer à
ces coups de sonnettes furibonds. Ça are tourne les sangs, comme
tu dirais, toi. Je m'imagine que c'est un créancier, je deviens
blême, je flageole, et alors adieu l'amour, j'en ai pour une heure à
me remettre,— tu as dû t'en apercevoir.
« Passons à un ordre d'observations [tins délicat, plus intime. Tu n'as
pas la notion de la propriété, je veux dire du tien et du mien. Quand
chez moi tu trouves un objet à ton goût, tu l'emportes, et cela sans
>A/7 f me prévenir. De sorte qu'avant d'être pénétré de la certitude que l'objet
Xi/ on question a pris le chemin de tes poches, je bouleverse l'appartement
et je perds ainsi un temps précieux que je suis forcé de rattraper ensuite
en prenant sur mes nuits.
« Pas plus tard qu'avant-hicr tu as fait disparaître ainsi un démêloir
auquel je tenais beaucoup, non pour sa valeur (je l'avais acheté dans un
bazar à treize), mais parce que ma chevelure surabondante ne rne permet
pas de m'en passer, et que c'est le sixième que tu emportes ainsi (tu dois
les collectionner). De sorte que j'en suis réduit maintenant à renoncer
aux démêloirs, comme j'ai dû renoncer déjà aux parapluies, n'en ayant
jamais pu garder un seul depuis que je te connais.
« Crois-moi, ce n'est pas pour te faire des reproches que je te dis cela,
mais tu dois bien comprendre que je ne puis renouveler mon mobilier
sans cesse, et que, si tu devais persévérer dans cette voie fâcheuse, tu
Unirais par me mettre
sur la paille.
« En attendant, je te
\^ pardonne et baise tes
petites mains klepto-
manes, avec l'espoir
qu'elles me rapporte-
ront après-demain mon
démêloir, — j'y compte.
'^s? /j^^v Viens à deux heures,
* et tache d'être exacte.
Je t'attendrai jusqu'à
quatre heures seule-
ment.
« A toi,
« Gûoéox. »
Pour copie :
Jules Hochf ,
— Vous avez du coton ?
— Pourquoi faire?
— Je le plains s'il tombe dans ses griffes; la bougresse a les dents longues... j'en _ pour me mettre dans les oreilles,
sais quelquo chose : c'est moi qui ai payé son râtelier. Dessin de Radiguet. __ D'mande pardon, mais nous ne vendons
qu'au détail. Dessin de J. Dépaquit.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 191 (2 Juillet 1898), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg