5° Vous hésitez entre la plage mondaine, la plage bourgeoise et une seule personne, les cuvettes fuient, les armoires ne ferment
le trou pas cher. La plage mondaine? Fi! La plage bitumée, plantée pas, si les tiroirs refusent de s'ouvrir. Il n'y a pas de glace et le
de réverbères, avec ce casino monstre où grincent les tziganes, où papier se décolle. Et il faudra payer tout cela de votre poche;
l'on joue les vieux succès de l'année, où l'on triche, où l'on coudoie e) Que les cloisons sont trop minces, en sorte que si les mani-
les rastas et les grecs; la plage où les demi-mondaines « font leur festations passionnelles de vos voisins n'ont rien de secret pour
varech » de quatre à six; et, le soir, les scandales derrière les ca- vous (ce qui est assez agréable pour les gens blasés), les vôtres leur
bines, les histoires de jeu. Vous n'irez pas là. sont également connues.
La plage bourgeoise? Peuh! il n'y a pas de casino; alors on
s'ennuie. A quoi employer les longues journées et les soirées inter-
minables; l'entourage est potinier et malveillant, et indiscret. Il
s'ensuit des hostilités qui gâtent vite le séjour.
Surtout, évitez le trou pas cher! Pas de poste, pas de journaux,
pas de chemins de fer, pas de médecin; on est bloqué au milieu des
sauvages. Or, rappelez-vous que vous allez à la mer pour lire les
journaux de Paris et les lettres de vos amis de Paris, et pas pour
autre chose. C'est cela qui vous fait constater que vous vous
reposez.
6° Choisissez votre villa. Vous aurez toutes les peines du monde à
en trouver une au bord de la mer; on exigera de vous des sommes
démentes, le prix d'un appartement au premier sur le bou-
levard des Capucines. Vous serez trop heureux de payer ce
qu'on vous demandera. Et après vous vous apercevrez :
a) Qu'il n'y a pas d'eau dans la villa, car sur toute l'étendue des
côtes de France l'eau potable manque absolument. Vous serez
obligés d'aller chercher à un kilomètre de chez vous de l'eau où
vous ne pourrez même pas vous laver les mains, tant elle con-
tiendra de chaux en dissolution. Et on ne peut pas, à moins d'être
millionnaire, faire sa toilette avec de Peau minérale. Il vaut mieux
renoncer a se laver; 7, Attenlion au „ coup d(3 la eabine ». On vous persuadera aisé-
b) Quil n'y a pas de cabinets d'a1Sance dans la villa. Il n'y a pas ment de ^ nécessité d>avoir une cabine a vous gur la plage. 0n
une villa sur dix mille qui possède ce genre d'agrément. Au fond voUg la louera trèg cher. on VQUS comptera, en outre, des frais de
du jardin se dresse une guérite dont la porte ne ferme pas; au fond location de terraill) de transport, de mise en place. Et, quand elle
de la guérite, une planche au-dessus d'un gouffre, et voilà. Cette gera fixée? voug découvrirez que votre voisin de gauche apprend le
planche a ceci de commun avec la guillotine, que tous sont égaux saxophone) que vos voisins de droite hurlent en m0uillant du matin
devant elle, domestiques et maîtres. Les nuits d'ouragan, la visite à au SQn% et que de§ bande§ d.enfants creusent devant vous des
la guérite est spécialement effrayante ; chausse-trapes où vous vous casserez la figure.
c) Qu il n'y a pas de volets, et que les fenêtres sont mal closes;
d) Que le mobilier est infâme; on dirige sur les villes d'eau les 8° Et les fournisseurs! Songez que vous êtes la proie guettée
vieux mobiliers réformés, les chaises boiteuses, les fauteuils traîtres, depuis des mois; l'épicier, le bouclier, le boulanger, le pharmacien
les divans dangereux. Les lits sont trop étroits pour contenir fut-ce et le mercier sont décidés à ne pas vous laisser une chemise sur le
le trou pas cher. La plage mondaine? Fi! La plage bitumée, plantée pas, si les tiroirs refusent de s'ouvrir. Il n'y a pas de glace et le
de réverbères, avec ce casino monstre où grincent les tziganes, où papier se décolle. Et il faudra payer tout cela de votre poche;
l'on joue les vieux succès de l'année, où l'on triche, où l'on coudoie e) Que les cloisons sont trop minces, en sorte que si les mani-
les rastas et les grecs; la plage où les demi-mondaines « font leur festations passionnelles de vos voisins n'ont rien de secret pour
varech » de quatre à six; et, le soir, les scandales derrière les ca- vous (ce qui est assez agréable pour les gens blasés), les vôtres leur
bines, les histoires de jeu. Vous n'irez pas là. sont également connues.
La plage bourgeoise? Peuh! il n'y a pas de casino; alors on
s'ennuie. A quoi employer les longues journées et les soirées inter-
minables; l'entourage est potinier et malveillant, et indiscret. Il
s'ensuit des hostilités qui gâtent vite le séjour.
Surtout, évitez le trou pas cher! Pas de poste, pas de journaux,
pas de chemins de fer, pas de médecin; on est bloqué au milieu des
sauvages. Or, rappelez-vous que vous allez à la mer pour lire les
journaux de Paris et les lettres de vos amis de Paris, et pas pour
autre chose. C'est cela qui vous fait constater que vous vous
reposez.
6° Choisissez votre villa. Vous aurez toutes les peines du monde à
en trouver une au bord de la mer; on exigera de vous des sommes
démentes, le prix d'un appartement au premier sur le bou-
levard des Capucines. Vous serez trop heureux de payer ce
qu'on vous demandera. Et après vous vous apercevrez :
a) Qu'il n'y a pas d'eau dans la villa, car sur toute l'étendue des
côtes de France l'eau potable manque absolument. Vous serez
obligés d'aller chercher à un kilomètre de chez vous de l'eau où
vous ne pourrez même pas vous laver les mains, tant elle con-
tiendra de chaux en dissolution. Et on ne peut pas, à moins d'être
millionnaire, faire sa toilette avec de Peau minérale. Il vaut mieux
renoncer a se laver; 7, Attenlion au „ coup d(3 la eabine ». On vous persuadera aisé-
b) Quil n'y a pas de cabinets d'a1Sance dans la villa. Il n'y a pas ment de ^ nécessité d>avoir une cabine a vous gur la plage. 0n
une villa sur dix mille qui possède ce genre d'agrément. Au fond voUg la louera trèg cher. on VQUS comptera, en outre, des frais de
du jardin se dresse une guérite dont la porte ne ferme pas; au fond location de terraill) de transport, de mise en place. Et, quand elle
de la guérite, une planche au-dessus d'un gouffre, et voilà. Cette gera fixée? voug découvrirez que votre voisin de gauche apprend le
planche a ceci de commun avec la guillotine, que tous sont égaux saxophone) que vos voisins de droite hurlent en m0uillant du matin
devant elle, domestiques et maîtres. Les nuits d'ouragan, la visite à au SQn% et que de§ bande§ d.enfants creusent devant vous des
la guérite est spécialement effrayante ; chausse-trapes où vous vous casserez la figure.
c) Qu il n'y a pas de volets, et que les fenêtres sont mal closes;
d) Que le mobilier est infâme; on dirige sur les villes d'eau les 8° Et les fournisseurs! Songez que vous êtes la proie guettée
vieux mobiliers réformés, les chaises boiteuses, les fauteuils traîtres, depuis des mois; l'épicier, le bouclier, le boulanger, le pharmacien
les divans dangereux. Les lits sont trop étroits pour contenir fut-ce et le mercier sont décidés à ne pas vous laisser une chemise sur le
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Conseils aux gens qui vont à la mer
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 196 (6 Août 1898), S. 5
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg