LA REVISION
— Allez toujours, mon cher Brisson. Il
n'arrivera plus rien s'il n'y a plus de ver-
tige. {Floh, Vienne.)
le tsvr.- Pourquoi accabler nos concitoyens sous le fardeau désarmées
permanentes quand tant de grandes victoires sont remportées par ^volon-
taires? ' (■l"(ige> rsiew-ioïK.j Les suites probables de la circulaire du tsar. ■
^r^^^ (Neue Glùhlicter, Vienne.)
LA PENDULE
« Les fleuves résultat complet des
sources ». Cortambert
Les premières difficultés vinrent d'une chute sur le parquet
du salon.
Je tenais la pendule pour la remonter. C'est une excellente
pendule suisse, de Manchester. Elle fait l'orgueil de ma che-
minée. Deux touffes d'orchidées plantées dans une paire de
vieux snow-boots l'encadrent gracieusement.
A ce moment-là passait près de moi la tortue apprivoisée,
qui, munie d'une brosse sous le ventre, est, dans mon appar-
tement, chargée des fonctions de frotteur.
Mon pied glissa. Je crus bien que la dernière heure de ma
pendule était venue.
Elle s'abîma sur le sol.
Depuis lors, elle marche encore, mais elle s'arrête exacte-
ment toutes les trois heures environ.
Elle a le souffle un peu court. un peu_
J'ai consulté les médecins. Ils l'ont auscultée, puis ont se-
coué la tête avec découragement. Le seul parti à prendre fut
de la remonter toutes les trois heures.
Mais, la nuit?
Tout d'abord, je la déposais, le soir, auprès de mon lit. A
chaque réveil nocturne, après avoir élevé mon âme à Dieu, je
tournais le remontoir avec énergie.
Mais ma santé périclita. Ces éveils continuels amenèrent,
chose bizarre, une insomnie chronique. Mon sommeil, si je
m'endormais cinq minutes, était vague comme la mer.
Une idée plus simple se présenta.
Je laisse maintenant ma pendule dormir comme moi toute beaucoup*
la nuit.
Depuis de longues années, mon habitude est, en effet, de
me lever à huit heures.
Il est donc, quand je m'éveille, huit heures; je saute du lit.
Je remets les aiguilles à l'endroit voulu et je remonte le tout.
Si je me trompe d'une heure ou deux, le détail n'a nulle
importance. Quand ma pendule marque onze heures, il est
l'heure de mon déjeuner. Que peut-il me faire qu'au dehors il
soit neuf heures ou midi, puisque je déjeune chez moi?
Il est ridicule, d'ailleurs, de nous rendre, comme nous fai-
sons, les esclaves des objets.
_ Ne serait-il pas plus méritoire — et plus digne d'un siècle passionnément,
libre — que chacun de nous eût son heure, comme le berger,
le crime, la mort et tant d'autres privilégiés ?
Si les jours ne sont pas assez longs pour satisfaire tout le
monde et donner à chaque particulier une heure bien person-
nelle, nous pourrions avoir, du moins, tous tant que noua
sommes, un quart d'heure, comme Rabelais.
Et que, dans tous les cas, on nous affranchisse d'une servi-
tude qui a trop duré. Nous avons bien le droit, ce me semble,
même en plein soleil, de mettre les aiguilles sur minuit et,
comme un général hébreu célèbre, de suspendre le cours de
cet astre, si Josué m'exprimer ainsi. l»s du tout!
Gabriel de Lautrec. (Fliegende Bldlter, Munich.}
L'imprimeur- Gérant : Léon Tonnklh " citchy. — Tmp. spéciale du Rire, lî, nie du RaotfAiaier»».
— Allez toujours, mon cher Brisson. Il
n'arrivera plus rien s'il n'y a plus de ver-
tige. {Floh, Vienne.)
le tsvr.- Pourquoi accabler nos concitoyens sous le fardeau désarmées
permanentes quand tant de grandes victoires sont remportées par ^volon-
taires? ' (■l"(ige> rsiew-ioïK.j Les suites probables de la circulaire du tsar. ■
^r^^^ (Neue Glùhlicter, Vienne.)
LA PENDULE
« Les fleuves résultat complet des
sources ». Cortambert
Les premières difficultés vinrent d'une chute sur le parquet
du salon.
Je tenais la pendule pour la remonter. C'est une excellente
pendule suisse, de Manchester. Elle fait l'orgueil de ma che-
minée. Deux touffes d'orchidées plantées dans une paire de
vieux snow-boots l'encadrent gracieusement.
A ce moment-là passait près de moi la tortue apprivoisée,
qui, munie d'une brosse sous le ventre, est, dans mon appar-
tement, chargée des fonctions de frotteur.
Mon pied glissa. Je crus bien que la dernière heure de ma
pendule était venue.
Elle s'abîma sur le sol.
Depuis lors, elle marche encore, mais elle s'arrête exacte-
ment toutes les trois heures environ.
Elle a le souffle un peu court. un peu_
J'ai consulté les médecins. Ils l'ont auscultée, puis ont se-
coué la tête avec découragement. Le seul parti à prendre fut
de la remonter toutes les trois heures.
Mais, la nuit?
Tout d'abord, je la déposais, le soir, auprès de mon lit. A
chaque réveil nocturne, après avoir élevé mon âme à Dieu, je
tournais le remontoir avec énergie.
Mais ma santé périclita. Ces éveils continuels amenèrent,
chose bizarre, une insomnie chronique. Mon sommeil, si je
m'endormais cinq minutes, était vague comme la mer.
Une idée plus simple se présenta.
Je laisse maintenant ma pendule dormir comme moi toute beaucoup*
la nuit.
Depuis de longues années, mon habitude est, en effet, de
me lever à huit heures.
Il est donc, quand je m'éveille, huit heures; je saute du lit.
Je remets les aiguilles à l'endroit voulu et je remonte le tout.
Si je me trompe d'une heure ou deux, le détail n'a nulle
importance. Quand ma pendule marque onze heures, il est
l'heure de mon déjeuner. Que peut-il me faire qu'au dehors il
soit neuf heures ou midi, puisque je déjeune chez moi?
Il est ridicule, d'ailleurs, de nous rendre, comme nous fai-
sons, les esclaves des objets.
_ Ne serait-il pas plus méritoire — et plus digne d'un siècle passionnément,
libre — que chacun de nous eût son heure, comme le berger,
le crime, la mort et tant d'autres privilégiés ?
Si les jours ne sont pas assez longs pour satisfaire tout le
monde et donner à chaque particulier une heure bien person-
nelle, nous pourrions avoir, du moins, tous tant que noua
sommes, un quart d'heure, comme Rabelais.
Et que, dans tous les cas, on nous affranchisse d'une servi-
tude qui a trop duré. Nous avons bien le droit, ce me semble,
même en plein soleil, de mettre les aiguilles sur minuit et,
comme un général hébreu célèbre, de suspendre le cours de
cet astre, si Josué m'exprimer ainsi. l»s du tout!
Gabriel de Lautrec. (Fliegende Bldlter, Munich.}
L'imprimeur- Gérant : Léon Tonnklh " citchy. — Tmp. spéciale du Rire, lî, nie du RaotfAiaier»».
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Judge, New York Neue Glühlichter, Vienne Fliegende Blätter, Munich
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 205 (8 Octobre 1898), S. 9
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg