SCÈNES TOUTES FAITES POUR REVUES DE FIN D’ANNÉE
LE PRÉCIEUX ALLIÉ
de deux
La scène se passe à trois- heures du matin, à l’angle ~
rues désertes. Un brave Français, sortant d’une réunion nationa-
liste dans laquelle on vient d’acclamer l'alliance russe, s engage
dans l’ombre.
le français, chantant
Vivent le czar et l'alliance
Permettant aux enfants do France
De marcher le front haut
Entre les deux drapeaux.
Dans l'obscurité du coin d'une porte où il se tenait blotti, un
Anglais surgit. Il est protégé par une cuirasse et son chef est orne
d'an casqué. Il traîne un canon nouveau modèle, des yatagans
pendent à sa ceinture, ses mains sont pleines de pistolets et de
revolvers.
l’anglais, très calme.— Je serais désolé, monsieur, de vous cher-
cher noise ; vous pouvez voir, du reste, à ma tenue, que mes inten-
tions sont pacifiques... (Il arme ses revolvers et pointe son canon.)
le français, intimidé :
A mes nombreux malheurs aucun re s'associe
Mais toi, viens me défendre, ô ma sœur,la Russie.
A ces mots, un Russe pénètre du fond et s'approche du duo.
l’anglais, au Russe. — Donnez-vous donc la peine do vous
asseoir, j'aurai terminé monsieur (Il désigne le Français) dans
quelques minutes.
Le Russe s'assied sur le bord du trottoir et met en musique la
circulaire du comte Mouraview sur le désarmement. ^
l’anglais, au Français. — Voyons... donnez-moi d’abord votre
pardessus dont je vais avoir grand besoin cet hiver... puis votre
paletot... votre gilet... vos chaussures... Vos chaussettes. . (Il le
déshabille complètement.)
le français, suppliant, au Russe : #
Fils de Nicolas II du nom
Viens apporter ton entremise
O u sinon
Il va me chiper ma chemise.
le russe, très calme. — Ne brusquez rien,
mon cher allié, il n’y a pas de péril immé-
diat. (Il tourne le dos à la scène et attrape
quelques mouches, histoire de s’occuper.)
l'anglais, continuant son petit manègev
Maintenant votre gilet de flanelle... Ali ! j ou-
bliais... vos bagues... (Il va pour sortir.)Rë-
_ Du est-ce que Monsieur pense de nos haricots verts?
-Mon Dieu, mon ami, ie pense, qu’ils sont encore très verts.
U fl rm I > .1 X il , ,,
Dessin de G. Dei.a
flexion faite, par pure huma-
nité et pour vous éviter un
rhume, je vous laisse votre
caleçon de bain... (Il sort
après avoir désarmé ses re-
volvers, salué le Russe et déchargé
son canon.)
le français, au Russe :
Regarde, mon grand ami,
Dans quel état il m’a mis.
le russe, un doigt vers l'est :
Tra la la la meurtrie...
Tra la la la succès...
Tra la la la patrie...
Tra la la la Français...
(Il insiste.)
Tra la la la espérance...
Tra la la la tombeau...
Tra la la la drapeau...
Tra la la la alliance...
i.e français, nu comme un verre
de lampe et pleurant. — Vous avez
raison. (Il lui serre la main.) Excusez-
moi de vous recevoir dans cette te-
nue...
le russe. — Mais, mon cher allié,
vous êtes d’une élégance de formes...
le français, Jier.— Trop aimable...
Vous n’avez besoin do rien?...
le russe. — Si... En qualité do pré-
cieux allié, j’avais l’intention de vous
taper de cent sous... mais comme
vous ne devez pas les avoir sur vous
en ce moment... je prendrai seule-
ment votre caleçon de bain...
le français.— Vous daigneriez?...
(Il le lui donne.)
le russe, lui serrant la main. —
Ne suis-je pas votre ami?...
(Il sort sur laritournelle : Alliance,
drapeau. Une seconde après le Fran-
çais est flanqué au poste par quatre
sergents de ville aux poings solides.)
La Revue continue.
pour
Charles Quinel.
l’age des automobiles
SAISIE MANQUÉE
Le bruit a couru do la saisie de notre numéro exceptionnel la
Tournée Guillaume II, le jour mémo de la mise en vente.
, * A la demande de l’ambassade d’Allemagne », disait-on, i c qui,
a.juste titre, avait paru un peu vif à quelques-uns do nos jjonlrètes.
Cette saisie n’a pas eu lieu, nous devons le dire. Cependant, un
commencement d’opérations, assez mystérieux, a ou lieu dans plu-
sieurs quartiers par le ministère- de leurs commissaires de police.
Sans chercher à approfondir cette énigme, nous nous contente-
r°us d’enregistrer le succès qu’a obtenu en France et même en
Allemagne, l’amusant numéro dos Veber’s, et nous remercions
cordialement nos confrères qui, à cette occasion, ont bien voulu nous
accorder leur sympathie, ou simplement leur attention. Nous tenons
surtout à déclarer que nous sommes absolument étrangers au
trafic éhonté auquel nombre de vendeurs se sont livrés et que
oous n’avons pas vendu un seul exemplaire au delà du prix
Marqué. Le Rire.
J'vas 1
Mais,
■ ('a ne
■elavei-b
puisque v
fait lion,
ous n avez
on relaie c
plus de chevaux?
tuand même.
Dessin d’André IIellé.
LE PRÉCIEUX ALLIÉ
de deux
La scène se passe à trois- heures du matin, à l’angle ~
rues désertes. Un brave Français, sortant d’une réunion nationa-
liste dans laquelle on vient d’acclamer l'alliance russe, s engage
dans l’ombre.
le français, chantant
Vivent le czar et l'alliance
Permettant aux enfants do France
De marcher le front haut
Entre les deux drapeaux.
Dans l'obscurité du coin d'une porte où il se tenait blotti, un
Anglais surgit. Il est protégé par une cuirasse et son chef est orne
d'an casqué. Il traîne un canon nouveau modèle, des yatagans
pendent à sa ceinture, ses mains sont pleines de pistolets et de
revolvers.
l’anglais, très calme.— Je serais désolé, monsieur, de vous cher-
cher noise ; vous pouvez voir, du reste, à ma tenue, que mes inten-
tions sont pacifiques... (Il arme ses revolvers et pointe son canon.)
le français, intimidé :
A mes nombreux malheurs aucun re s'associe
Mais toi, viens me défendre, ô ma sœur,la Russie.
A ces mots, un Russe pénètre du fond et s'approche du duo.
l’anglais, au Russe. — Donnez-vous donc la peine do vous
asseoir, j'aurai terminé monsieur (Il désigne le Français) dans
quelques minutes.
Le Russe s'assied sur le bord du trottoir et met en musique la
circulaire du comte Mouraview sur le désarmement. ^
l’anglais, au Français. — Voyons... donnez-moi d’abord votre
pardessus dont je vais avoir grand besoin cet hiver... puis votre
paletot... votre gilet... vos chaussures... Vos chaussettes. . (Il le
déshabille complètement.)
le français, suppliant, au Russe : #
Fils de Nicolas II du nom
Viens apporter ton entremise
O u sinon
Il va me chiper ma chemise.
le russe, très calme. — Ne brusquez rien,
mon cher allié, il n’y a pas de péril immé-
diat. (Il tourne le dos à la scène et attrape
quelques mouches, histoire de s’occuper.)
l'anglais, continuant son petit manègev
Maintenant votre gilet de flanelle... Ali ! j ou-
bliais... vos bagues... (Il va pour sortir.)Rë-
_ Du est-ce que Monsieur pense de nos haricots verts?
-Mon Dieu, mon ami, ie pense, qu’ils sont encore très verts.
U fl rm I > .1 X il , ,,
Dessin de G. Dei.a
flexion faite, par pure huma-
nité et pour vous éviter un
rhume, je vous laisse votre
caleçon de bain... (Il sort
après avoir désarmé ses re-
volvers, salué le Russe et déchargé
son canon.)
le français, au Russe :
Regarde, mon grand ami,
Dans quel état il m’a mis.
le russe, un doigt vers l'est :
Tra la la la meurtrie...
Tra la la la succès...
Tra la la la patrie...
Tra la la la Français...
(Il insiste.)
Tra la la la espérance...
Tra la la la tombeau...
Tra la la la drapeau...
Tra la la la alliance...
i.e français, nu comme un verre
de lampe et pleurant. — Vous avez
raison. (Il lui serre la main.) Excusez-
moi de vous recevoir dans cette te-
nue...
le russe. — Mais, mon cher allié,
vous êtes d’une élégance de formes...
le français, Jier.— Trop aimable...
Vous n’avez besoin do rien?...
le russe. — Si... En qualité do pré-
cieux allié, j’avais l’intention de vous
taper de cent sous... mais comme
vous ne devez pas les avoir sur vous
en ce moment... je prendrai seule-
ment votre caleçon de bain...
le français.— Vous daigneriez?...
(Il le lui donne.)
le russe, lui serrant la main. —
Ne suis-je pas votre ami?...
(Il sort sur laritournelle : Alliance,
drapeau. Une seconde après le Fran-
çais est flanqué au poste par quatre
sergents de ville aux poings solides.)
La Revue continue.
pour
Charles Quinel.
l’age des automobiles
SAISIE MANQUÉE
Le bruit a couru do la saisie de notre numéro exceptionnel la
Tournée Guillaume II, le jour mémo de la mise en vente.
, * A la demande de l’ambassade d’Allemagne », disait-on, i c qui,
a.juste titre, avait paru un peu vif à quelques-uns do nos jjonlrètes.
Cette saisie n’a pas eu lieu, nous devons le dire. Cependant, un
commencement d’opérations, assez mystérieux, a ou lieu dans plu-
sieurs quartiers par le ministère- de leurs commissaires de police.
Sans chercher à approfondir cette énigme, nous nous contente-
r°us d’enregistrer le succès qu’a obtenu en France et même en
Allemagne, l’amusant numéro dos Veber’s, et nous remercions
cordialement nos confrères qui, à cette occasion, ont bien voulu nous
accorder leur sympathie, ou simplement leur attention. Nous tenons
surtout à déclarer que nous sommes absolument étrangers au
trafic éhonté auquel nombre de vendeurs se sont livrés et que
oous n’avons pas vendu un seul exemplaire au delà du prix
Marqué. Le Rire.
J'vas 1
Mais,
■ ('a ne
■elavei-b
puisque v
fait lion,
ous n avez
on relaie c
plus de chevaux?
tuand même.
Dessin d’André IIellé.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
-Qu’est-ce que Monseiur pense de nos haricots verts?;
-Petit sale, vous en faite du propre!
L’âge des automobiles
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)