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Le rire: journal humoristique — 5.1898-1899 (Nr. 209-260)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16983#0086

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LA PXXXEOSOPXXXE DES OMNXBUS

— Oui, Monsieur, me dit cet excellent homme, on a raison de se plaindre de la dépravation
de nos mœurs, cle la corruption de notre époque. Notre société dégénérée s’en va vers l’abime.
Mais savez-vous une des principales causes du mal dont nous gémissons?

Ne gémissant d’aucun mal, je fis signe que j’ignorais cette cause.

Alors l’homme, de son doigt vibrant de colère, me désigna une lourde voiture qui remontait
péniblement le boulevard, bondée de monde à l'intérieur, à l’impériale et jusque sur la
plate-forme.

— La principale cause de notre démoralisation, me dit-il, la voilà!

Je demeurai stupéfait:

— Comment, les omnibus?

— Parfaitement, répondit le vieillard ; vous ne vous doutez pas
combien ces voitures sont dangereuses...

— En effet, repris-je, subitement éclairé; elles sont très dange-
reuses, surtout quand le pavé est glissant comme aujourd’hui. Et
avec l'encombrement de nos carrefours !... C’est même étonnant
qu’il n’arrive pas plus d’accidents...

Mais mon interlocuteur me toisa d’un air de mépris.

— 11 s’agit bien de ces vétilles ! réprimanda-t-il sévèrement.

Qu 'importe la dislocation de quelques fiacres ou l’écrasement de
quelques vagues humanités ! Non, jeune homme, le danger est plus
grand. Je vous dis que les omnibus sont de terribles agents de dé-
moralisation.

Voulez-vous un exemple? Vous vous plaignez des dangers de
l’alcoolisme. Eli bien, Monsieur, le quartier Pigalle renferme une
population honnête, laborieuse et sobre. Si sobre que les habitants
ont creusé sur la place un bassin où ils viennent puiser de l’eau
pour se désaltérer. Or, que voyons-nous? Tous les jours, et combien
de lois par heure, on prend ces braves gens et on les entasse dans
des omnibus qui les conduisènt à la Halle aux vins. Comment voulez-vous que ces
malheureux, une fois livrés à eux-mêmes, no succombent pas à la tentation et ne
finissent par devenir des ivrognes invétérés !

Montons plus haut, vers Montmartre. Là, les naturels sont attachés à la maison
qui les a vu naître. Ils y ont grandi, ils y ont leurs occupations, leurs affections,
leur vie bien réglée. Un beau jour, on les met dans des omnibus qui les déposent
à la place Saint-Jacques. Que peuvent-ils y faire ? Sans ressources, ne connaissant
personne, impuissants à subvenir à leurs besoins, ils-tombent fatalement dans la
paresse, dans la débauche, et s’en vont grossir l’armée du crime.

Et ces braves petits rentiers bien paisibles, qu’on enlève à Passy pour les trans-
porter à la Bourse! La lièvre de la spéculation les gagne; en un instant, leur ca-
pital, péniblement amassé par toute une existence de labeur, est perdu, et c’est
pour eux la ruine, le désespoir, la folie! Que de crimes sont ainsi commis !

Et tous ces infortunés qu'on arrache au Louvre, pour aller les noyer dans le lac
Saint-Fargeau ! Et ceux que du Palaùs-Royal on mène aux Buttes-Chaumont, pour
les précipiter du haut du fameux pont de briques ! Et ces pâles troupeaux humains

INTÉRIEUR POURGEOIS (fin du xix* siècle)

Après le vote de l’impôt sur le revenu basé sur les signes extérieurs de la richesse...

Dessin de IIadiguet.

—, Quand je reste découvert, j’ai"
merais bien que la lampe ne garde
pas son chapeau ! Dessin d'A. F.uvnE'

qu’on charrie de la Place d0
l’Etoile à la Villette, où les at-
tendent les égorgeurs de l’abat-
toir ! Et ces pauvres petits
bourgeois enlevés au square
des Batignolles pour être livrés
aux bêtes du Jardin des Plan-
tes ! Et ceux qu’on enferme
dans la colonne de* la Bastillm
et ceux que l’on séquestre arbi-
trairement à Charenton !

Le vieillard se tut, en proie
à une profonde douleur. 11 san-
glotait comme au souvenir des
plus mauvais jours de notre
histoire peu à peu, le calm0
revint et ce fut avec un sourire
d’espérance qu’il reprit :

— Et pourtant, Monsieur, qu.0
de belles choses on pourrai!
faire avec les omnibus! Ainsn
ces malheureux employés s’é-
tiolent dans les bureaux d0
l’Hôtel-de-Ville ! On pourrai!;
de temps en temps, les envoyé1”
à la Porte-Maillot, où ils sa
remettraient de leurs fatigues;
en respirant l’air frais des cé-
teaux de Neuilly! Et cette po-
pulation ignare de Clichy, qu0


ucr,
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La philosophie des omnibus; Intérieur pourgeois (fin du XIX. siècle)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Radiguet, Maurice
Faivre, Abel
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
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Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 214 (10 Décembre 1898), S. 2

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
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