CHOSES VUES
SPIRITISME
C’est un homme éminent, sous tous les rapports, que mon vieil
ami le vicomte do Tourpeau. Les valeurs qui portent son nom sont
trop connues et j’ajouterai môme trop recherchées pour que j’en
parle ici plus longuement. Ancien Inspecteur des canalisations lit-
téraires, chez M. Victorien Sardou, chroniqueur hebdomadaire au
Jlottin des Départements, membre de plusieurs sociétés secrètes, il
est l’auteur d’un appareil fort ingénieux pour extraire les truismes
des articles de Francisque Sarcey et pour les transformer en un
pavé des plus résistants. Son mémoire sur la Mensuration raison-
née des nougats de Montclimar décida, en 1890, l’Acacômie des
sciences de Boquebruneà lui décerner le prix Trombert (1,200 francs
et ses entrées, pour un an, à l’Institut dentaire).
A tous ces dons dos hommes et de la nature, le vicomte de Tour-
peau joint une connaissance approfondie des phénomènes psychi-
ques. Il sait, comme pas un,, évoquer à travers le bois des tables
tournantes l’âme des trépassés les plus illustres. Il en est arrivé à
traiter ces mânes augustes avec une familiarité déconcertante. Il
faut l’avoir entendu crier : « Ici Bossuet où je vais te f..., mon pied
quelque part » pour se rendre compte de son autorité sur le monde
occulté.
C’est encore lui qui m’a appris, gratuitement, un truc excellent
pour arriver à passer rapidement ses boutons de chemise ou .ses
lacets de soulier, sans être obligé de se mettre en une colère qui,
chez certains, va jusqu’au paroxysme do la fureur.
Écoutez :
Vous prenez un bouton de nacre, de cuivre ou même d’or (si ce
luxe vous est permis) et vous essayez de lui faire traverser.ces pé-
nibles Dardanelles qui s’appellent les boutonnières des chemises.
Neuf fois sur dix vous ratez votre coup, vous brisez vos ongles et
vous transformez votre plastron immaculé en quelque chose de
llasque, de sale et de bossué qui n’a de nom dans aucune langue.
Cet échec bizarre et mille fois constaté est dû, paraît-il, à une
larve, à une sorte de microbe do l’au-delà que les Indous appellent
le Karma des boutons-manchettes.
Or, rien n’est plus facile que d’éloigner ce fâcheux esprit.
Avant que d’introduire dans l’hiatus béant du linge le petit objet
de nacre, de cuivre ou d’or, hurlez de toutes vos forces en donnant
les signes de la joie la plus vive et de l’espoir le plus intense.
— Je parie trente mille francs que ce bouton de chemise n’en-
trera pas dans sa boutonnière... Pourvu! non, mais pourvu qu’il
n’y pénètre pas ! -
Sur cet alexandrin et comme par enchantement, toute votre gar-
niture de chemise se trouve sans effort à la place où elle doit,ruti-
ler, sur votre plastron intact et rigide.
Ça y est !
Le Karma a agi a rebours !
Vous pouvez ensuite vous compter à vous-méme les trente mille
francs du pari.
J’ajoute que -ce truc analogue au procédé euphémique qui pous-
sait les anciens à.appeler les Furies les « bonnes déesses » (Eumé-
nides), prend chaque fois et beaucoup mieux qu’un remontage.
Ceci laisse supposer que la larve en question est d’une bêtise
amère.
N’importe! avouez que le vicomte de Tourpeau est une « lame *
et qu’un idiot et lui ça fait doux.
D. Bonnaud.
SPIRITISME
C’est un homme éminent, sous tous les rapports, que mon vieil
ami le vicomte do Tourpeau. Les valeurs qui portent son nom sont
trop connues et j’ajouterai môme trop recherchées pour que j’en
parle ici plus longuement. Ancien Inspecteur des canalisations lit-
téraires, chez M. Victorien Sardou, chroniqueur hebdomadaire au
Jlottin des Départements, membre de plusieurs sociétés secrètes, il
est l’auteur d’un appareil fort ingénieux pour extraire les truismes
des articles de Francisque Sarcey et pour les transformer en un
pavé des plus résistants. Son mémoire sur la Mensuration raison-
née des nougats de Montclimar décida, en 1890, l’Acacômie des
sciences de Boquebruneà lui décerner le prix Trombert (1,200 francs
et ses entrées, pour un an, à l’Institut dentaire).
A tous ces dons dos hommes et de la nature, le vicomte de Tour-
peau joint une connaissance approfondie des phénomènes psychi-
ques. Il sait, comme pas un,, évoquer à travers le bois des tables
tournantes l’âme des trépassés les plus illustres. Il en est arrivé à
traiter ces mânes augustes avec une familiarité déconcertante. Il
faut l’avoir entendu crier : « Ici Bossuet où je vais te f..., mon pied
quelque part » pour se rendre compte de son autorité sur le monde
occulté.
C’est encore lui qui m’a appris, gratuitement, un truc excellent
pour arriver à passer rapidement ses boutons de chemise ou .ses
lacets de soulier, sans être obligé de se mettre en une colère qui,
chez certains, va jusqu’au paroxysme do la fureur.
Écoutez :
Vous prenez un bouton de nacre, de cuivre ou même d’or (si ce
luxe vous est permis) et vous essayez de lui faire traverser.ces pé-
nibles Dardanelles qui s’appellent les boutonnières des chemises.
Neuf fois sur dix vous ratez votre coup, vous brisez vos ongles et
vous transformez votre plastron immaculé en quelque chose de
llasque, de sale et de bossué qui n’a de nom dans aucune langue.
Cet échec bizarre et mille fois constaté est dû, paraît-il, à une
larve, à une sorte de microbe do l’au-delà que les Indous appellent
le Karma des boutons-manchettes.
Or, rien n’est plus facile que d’éloigner ce fâcheux esprit.
Avant que d’introduire dans l’hiatus béant du linge le petit objet
de nacre, de cuivre ou d’or, hurlez de toutes vos forces en donnant
les signes de la joie la plus vive et de l’espoir le plus intense.
— Je parie trente mille francs que ce bouton de chemise n’en-
trera pas dans sa boutonnière... Pourvu! non, mais pourvu qu’il
n’y pénètre pas ! -
Sur cet alexandrin et comme par enchantement, toute votre gar-
niture de chemise se trouve sans effort à la place où elle doit,ruti-
ler, sur votre plastron intact et rigide.
Ça y est !
Le Karma a agi a rebours !
Vous pouvez ensuite vous compter à vous-méme les trente mille
francs du pari.
J’ajoute que -ce truc analogue au procédé euphémique qui pous-
sait les anciens à.appeler les Furies les « bonnes déesses » (Eumé-
nides), prend chaque fois et beaucoup mieux qu’un remontage.
Ceci laisse supposer que la larve en question est d’une bêtise
amère.
N’importe! avouez que le vicomte de Tourpeau est une « lame *
et qu’un idiot et lui ça fait doux.
D. Bonnaud.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Choses vues
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: - Voyons, messieurs, encore un petit bravo pour l’amateur.
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 218 (8 Janvier 1899), S. 2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg